Loïck Peyron, le célèbre navigateur, soutient la yole de Martinique pour sa candidature à l’Unesco

Yole ronde de Martinique au Nautic 2019
Dans le cadre de la candidature de la yole ronde de Martinique au patrimoine mondial de l’Unesco, le marin sera le parrain des "Barrés de la yole". Cette régate exceptionnelle aura lieu en février 2020, 13 skippers métropolitains seront patrons des yoles avec un équipage 100% martiniquais.
 
Lors du dernier salon nautique, à Paris, début décembre, Loïck Peyron, est venu soutenir la yole ronde et annoncer qu'il sera de la fête en février en Martinique. Ce jour de décembre, Loïck Peyron est à l’heure, c’est une constante chez lui, qu’on lui demande d’être à l’arrivée d’une course, ou à un rendez-vous au Nautic de Paris. Dans son élément, comme un poisson dans l’eau, il est sollicité par les amatrices de selfies de tout âge, ou les vieux messieurs demandant une signature sur un ouvrage consacré à la mer.

Car Loïck Peyron, s’il n’est pas écrivain, est un réfèrent en matière de bateau. Il s’approche l’œil curieux de la yole Rosette Orange, qu’une poignée de mordus des yoles a fait venir dans le Hall 1.

J’ai souvenance de mes premiers séjours en Martinique et je la voyais courir, mais là c’est une découverte de près, j’adore. Il y a des trésors de notre patrimoine que des passionnés préservent  et transmettent aux plus jeunes, et c’est surtout ça le plus important à mes yeux. Je l’ai toujours dit : on a besoin de respecter l’histoire pour mieux voir l’avenir. On n’arrête pas de le faire, nous les marins, c’est pour cela que j’ai fait ma dernière Route du Rhum avec le petit trimaran jaune (sister-ship de celui de Mike Birch vainqueur 40 ans plus tôt).

Loïck Peyron


La mascotte du Nautic 

La yole aux dimensions imposantes (le mat fait 12 mètres de haut) est exposée à l’entrée du Nautic, dans ses couleurs rouge, orange et jaune avec une voile blanche annonçant la régate de Février et l’opération Unesco, c’est la mascotte du salon. Toute allusion à une bête de foire mise de côté… Elle fait quand même la fière devant Loïck Peyron.
Loïck Peyron au Nautic 2019

Et Edouard Tinaugus, patron du projet Yole à l’Unesco, lui aussi est fier de ce coup de pub et de projecteur : « Ce projet de la montrer ici dans le hall A c’est extraordinaire. La voir ici en taille réelle, sa présence, tout ceci fait ressortir que la yole est ouverte sur tout le monde maritime et les marins du monde entier. De plus les spectateurs sauront de quoi il s’agit quand on parle de la yole martiniquaise ».
 

Le maître devient élève

Georges Henri Lagier et Edouard Tinaugus accueillent Loïck Peyron. Georges Henri Lagier, treize fois vainqueur du Tour sur des yoles différentes, est à la leçon. Loïck regarde et écoute, le maniement de la pagaie (la barre sur un bateau « normal »), le positionnement des bois dressés selon que le vent est bâbord ou tribord amure, il faut que les coursiers équilibrent cette embarcation qui, rappelons-le, n’a pas de quille. Il pose aussi des questions à Georges Henri, rencontre de deux techniciens de la mer : Peyron devient l’élève, attentif et passionné, mais aussi l’analyste et le défenseur de son sport.

C’est un travail d’équipage. Quand il va falloir passer des heures ou de longues minutes en rappel ou à la pagaie, on sait que les gars vont prendre soin de nous, les petits chétifs arrivant de la métropole. La pagaie c’est un sacré dossier aussi, car même là il faut être trois pour diriger et maîtriser la yole, et il y a très peu de gens qui acceptent de barrer un bateau à trois.

Bizarrement chez les marins, on est le seul sport mécanique, dans lequel ce n’est pas une question de vitesse pure qui nous intéresse, mais une question de maîtrise pure de l’outil. Quand on voit des champions faire la solitaire du Figaro à 5 nœuds de moyenne ou d’autres qui vont a 30 nœuds au tour du monde, on est les seuls à faire ça.
Il n y a pas un seul pilote de Formule 1 qui est content d’aller tous les jours faire de la voiture à pédale, nous oui, avec une yole ou un autre bateau, c’est bizarre ça mais tant mieux.

Loïck Peyron attentif aux conseils de Georges Henri Lagier
 

Rendez-vous avec un enjeu

La régate des "Barrés de la yole" aura lieu du 7 au 10 février au Diamant. Il faudra régater autour du célèbre rocher, une des plus belles images de la Martinique.
Cette date est idéalement choisie car dans le calendrier nautique qui occupe les skippers, les trois premiers mois de 2020 seront tranquilles. Le rendez-vous principal de la prochaine année étant fixé au départ du Vendée Globe le 8 Novembre. Alors Jean le Cam, Roland Jourdain ou Yann Elies seront là, Gilles Lamiré aussi, vainqueur de la transat Jacques Vabre en Multi 50, et qui voue un coup de cœur à cette yole, à juste raison.

La Martinique est mon second pays, j’y suis profondément attaché car j’y ai vécu de nombreuses années, je sais ce que représente les yoles en Martinique, c’est peut-être de la voile traditionnelle mais c’est aussi de la voile sportive, c’est génial de faire cette manifestation des Barrés de la yole.

Je ne suis jamais monté sur une yole, mais l’an dernier j’avais embarqué sur mon trimaran Felix Mérine, un grand monsieur (dix fois vainqueur du Tour des Yoles) pour un record du tour de la Martinique en multi 50. Tout grand Patron qu’il était, quand il était sur le multicoque, il se piquait au jeu de chercher les risées, de s’adapter à mon trimaran. Là ça va être à nous de faire l’inverse, s’adapter à une yole.

Gilles Lamiré


 
Le 2 avril 2019 Franck Riester le ministre de la culture, annonçait officiellement la candidature de la Yole ronde de Martinique, au patrimoine immatériel de l’Unesco, dans le dossier « sauvegarde des bonnes pratiques ». La pratique de la yole est plus qu’une tradition sur l’île aux fleurs, elle en est devenue l’événement le plus populaire, déplaçant chaque été des dizaines de milliers de spectateurs le long des étapes du Tour des Yoles.
La yole Rosette Orange sur le tour des yoles

Afin d’appuyer cette candidature, un groupe de passionnés martiniquais a décidé de créer l’association Martinique défi Yoles, et d’organiser cet évènement nautique du Diamant. Damien De Longueville, l’organisateur de la régate, est ravi et se frotte les mains au vu de l’engouement naissant.

L’idée c’est de relayer dans les medias, les réseaux sociaux, plus on en parlera et plus on aura une chance solide pour que l’inscription soit validée par l’Unesco (décision rendue au 3e trimestre 2020). On a le parrainage initial de Jacqueline Tabarly, et celui de Loïck désormais. La yole est unique eu monde, elle passionne la population martiniquaise, il est temps de la faire rayonner à l’extérieur.

Damien de Longueville


Loïck Peyron, une fois l’exercice d’acrobatie effectué sur le bois dressé, et la pagaie bien prise en main, aura le temps de  nous gratifier d’une dernière formule, à la Peyron :


Cette yole, c’est toute la richesse de la culture maritime mondiale, ça reste du bateau et c’est finalement assez joli, car quelque soit le flacon, on sait qu’on va avoir l’ivresse.


Le marin du Pouliguen a promis de revenir vite nous en reparler, et nous donne rendez-vous en Martinique. Car il va d’abord passer des vacances en famille pour les fêtes de fin d’année sur un bateau bien sûr. Il sera à la barre d’un catamaran dans les eaux turquoises de la Polynésie Française, une promesse faite là aussi. On ne le changera pas. Il aime ça. Mais pour la beauté de l’image et du geste Loïck Peyron en patron de Yole, on a hâte de voir cela.