Il est 6 heures du matin ce 15 août. Les premiers rayons du soleil éclairent l’horizon. Ilaisa Tui a le sourire. L’épouse de Mikaele Tui vient de rassurer l’un des 1500 habitants d’Epieds-en-Beauce, le village du Loiret où sa famille vient de s’installer. Aucun incendie n’est à signaler. Si de la fumée s’échappe, elle vient plutôt du jardin.
Au fond d’un trou creusé dans le jardin, un feu de bois chauffe des pierres. C’est l’une des étapes d’une cuisson à l’étouffée où seront mijotés deux petits porcs, des ignames et le faikai, le dessert en wallisien. D’ordinaire, le tout est enveloppé dans des feuilles de bananiers et recouvert de terre. Mais le manque de matière végétale disponible dans l’Hexagone contraint les cuisiniers à faire quelques entorses à la tradition culinaire. “Il y en a très peu, on a comblé le manque avec des cartons, ce sont des matériaux qui ne nous plaisent pas trop, mais on est contraint de les utiliser pour sauvegarder la cuisson", explique Mikaele Tui.
“On l’appelle le vieux ou le sage”
Autour de Mikaele Tui est rassemblée une partie de sa famille et des amis. Un réconfort pour le retraité de 61 ans. Depuis trois ans, Mikaele Tui vit dans l’Hexagone pour raisons de santé. Un départ de son île natale néanmoins synonyme de retraite active.Il est toujours là pour les autres. Quand quelqu'un a besoin de lui pour raconter l'histoire de Wallis, il ne compte pas son temps. Même si c'est un dimanche, il est toujours là.
(Ilaisa, l'épouse de Mikaele)
Anthropologue de formation, Mikaele Tui évoque inlassablement Wallis et Futuna lors de conférences ou d’émissions de télévision. “Quand il parle, on l’écoute. Il sait beaucoup de choses, c’est passionnant. Entre nous, on l’appelle le vieux, le sage”, confie Lumanoa. L’adolescente de 14 ans, fille d'un ami de Mikaele, ne se lasse pas d’écouter ses explications sur l’origine d’une tradition.
Il est toujours présent dans les événements, il connaît l'histoire de Wallis mieux que quiconque. Il représente nos îles. J'ai un grand respect pour ce monsieur.
(Simone, le père de Lumanoa)
Sa mère voulait faire de lui un prêtre
Mikaele Tui fut journaliste en radio, reporter télé et interprète, secrétaire général de l'Union territoriale Force Ouvrière à la Poste de Wallis et Futuna. L’ancien fonctionnaire a consacré une trentaine d’années de sa vie à la Préfecture, dont vingt ans aux affaires culturelles. “J’ai touché à tout, sauf à la politique”, concède-t-il. Son temps libre, il le passe aussi à la généalogie.J’ai du sang danois, c'est peut-être ce métissage qui fait que je concours beaucoup à avoir des comportements occidentaux mais je ne démords pas de ma situation locale, de mon insularité, de l'autochtone que je suis. Il y a un mélange, une passion pour moi d'être curieux, d'apprendre et de rediffuser.
(Mikaele Tui)