A Londres, le blues du nickel dans la chaleur de l’été

Traders du nickel devant le London Metal Exchange
Un été en pente douce pour le nickel ? Le support envisagé est de 12.900 dollars la tonne quand les cours atteignaient 15.000 dollars en juin au LME de Londres. Les producteurs, dont la Nouvelle-Calédonie, pouvaient espérer mieux. Les Philippines vont intensifier leurs livraisons.
 
Vendredi, la Chine s'est dite prête à imposer de nouveaux droits de douane sur des importations de biens américains représentant 60 milliards de dollars, alors que Washington accroît la pression sur Pékin au risque d'une escalade du conflit commercial entre les deux puissances. L'euro était stable vendredi face au dollar, avant la publication du rapport mensuel sur l'emploi américain, et alors que la devise chinoise touchait un nouveau plus bas en plus d'un an du fait de l'accroissement des tensions commerciales. La Chine est le premier consommateur mondial de métaux de base, et son industrie lourde absorbe la majorité de la production mondiale de cuivre ou de nickel. Les tensions qui opposent le pays aux États-Unis inquiètent les investisseurs sur les perspectives de la demande.
 

Inquiétude

Le son strident qui précède la cotation du nickel à la Bourse des métaux de Londres (LME) interrompt toutes les conversations, même les plus sensibles. L’inquiétude est de retour. D’évidence, les traders sont moins nombreux autour des banquettes rouges de la corbeille londonienne. Là où s’achète et se vend une grande partie de la production mondiale de nickel. Là où on fixe, chaque jour, les cours du métal.
 

Baisse

Les vacances ralentissent le grand rituel du marché des métaux qui se met en sommeil d’autant que les usines qui consomment du nickel pour produire de l’acier inoxydable ou des batteries électriques tournent aussi au ralenti. A Londres, on veut d’abord échapper à la chaleur étouffante de l’été. La communauté financière de la City veut oublier, sur les plages de la mer Egée ou d’Ibiza, les tensions permanentes entre les Etats-Unis et la Chine. Des taxes sur les produits qui minent les échanges commerciaux et plombent les cours des matières premières, dont le nickel produit au Canada, à Cuba, en Australie ou en Nouvelle-Calédonie. "Le yuan chinois est en baisse pour la 8ème semaine consécutive, il n’y a plus de répit pour les métaux industriels. Le cours du nickel a perdu jusqu’à 5,4 % sur la semaine, il a retrouvé son niveau de prix de juin 2017." pointe Alastair Munro, analyste chez Marex Spectron. Car la baisse du yuan entraîne de facto une baisse des achats de nickel ou de cuivre par la Chine qui les paient en dollars, la monnaie de référence du LME.
 

Philippines

Une autre nouvelle porte atteinte au moral du marché : "Seulement 4 mines de nickel des Philippines ont échoué aux tests de vérification environnementale" poursuit Alastair Munro, "autrement dit, la production minière va repartir en hausse, une partie de l’incertitude de l’approvisionnement du marché est levé".
 

Constat

Alors que le marché évolue avec des prix en dents de scie orientés vers le bas, négociants, traders et analystes sont pendus aux lèvres des dirigeants de Washington comme de Pékin. Menaces réciproques, sanctions américaines, représailles chinoises, le commerce des matières premières a besoin d’évoluer dans un environnement apaisé, c’est tout le contraire qui lui est imposé.

Cours du nickel vendredi 17H00 GMT du London Metal Exchange (LME) : 13.475 dollars la tonne + 1,05 %. Semaine - 2,16 %.