A Londres le nickel est en hausse, mais dans l’usine du Nord le moral est en baisse

Mineurs calédoniens sur le massif de nickel du Koniambo.
Le cours du nickel est au plus haut depuis 6 semaines. Le LME anticipe la décision des Philippines. 12 sites miniers supplémentaires pourraient cesser de produire. La Chine s'inquiète pour ses achats de nickel. Pourtant, en Nouvelle-Calédonie, l’usine du Nord pourrait licencier.
Ce jeudi, sur le front des matières premières, le baril de Brent de la mer du Nord progressait, dopé par la contraction surprise des stocks hebdomadaires de pétrole aux Etats-Unis, à leur plus bas depuis février, ainsi que par le repli du dollar consécutif au statu quo de la Fed.
À la Bourse des métaux de Londres, le nickel enregistrait la plus forte progression des métaux industriels. Le métal gris frôlait 10.600 dollars, en hausse de 2,42 %.

Depuis le début de l’année, le cours mondial du nickel est en hausse de 19,80%. Jeudi 22 septembre, le cours de l'action Glencore progressait de 5,99%.


Contradiction. Même si les cours du nickel montaient jeudi vers les 11.000 dollars, les usines calédoniennes sont encore largement sous leur seuil de rentabilité. Les pertes accumulées depuis un an, en raison de l’effondrement des cours du nickel, ont mené les entreprises au bord du gouffre.

La crise pèse toujours

En Nouvelle-Calédonie, l’usine du Nord subit la crise de plein fouet. L’investissement a été énorme, plus de 6 milliards d’euros, mais des défauts de conception freinent la montée en puissance du grand projet calédonien. 140 salariés pourraient servir de variable d’ajustement dans une logique de réduction des coûts. «A Londres, nous n’avons pas d’informations concernant une éventuelle fermeture de l’usine du Koniambo. Pas même une rumeur. Nous attendons la décision de Glencore d’ici le mois de décembre, rien n'a changé» précise Robin Bahr, directeur des analyses pour les matières premières de la Société Générale.

L'attente se poursuit

Le cours du métal a bondi ce jeudi à Londres (10.570$ la tonne +2,37%).
Les investisseurs parient sur la suspension de 12 mines supplémentaires aux Philippines. Tout se jouera lundi prochain. La décision qui sera annoncée le 26 septembre va donc peser lourd. "L'environnement est un facteur important de la décision, mais l'autre est la justice sociale" souligne Leo Jasareno en réponse au Metal Bulletin. Le sous-secrétaire d’État des Philippines pour l'environnement dirige l'équipe en charge de l’audit minier.

La fermeture de 10 sites miniers aux Philippines a déjà eu des conséquences. Près de 2 millions de tonnes de minerai philippin n’ont pas été livrés à la Chine. La suspension de 12 mines supplémentaires obligerait les industriels chinois de l’inox à augmenter leurs achats de ferronickel calédonien. Mais la production de l’usine du Nord serait-elle en mesure de répondre à la demande ?

Augmenter la production de ferronickel

Pour les ingénieurs et métallurgistes de Koniambo Nickel (KNS), une véritable course contre la montre est engagée. La Chine n’attendra pas et elle se fournit déjà auprès de la SLN. La politique minière restrictive suivie par les Philippines, si elle est confirmée lundi prochain, serait une chance pour l’industrie calédonienne du nickel. Encore faut-il que les dirigeants de Glencore en soient convaincus...
 

Importation chinoise de nickel en août 2016
Ferronickel : 29,809 tonnes + 44 % sur un an
Minerai de nickel : 4, 279,105 tonnes + 11.2 % sur un an