Née en Seine-Saint-Denis, avec des origines martiniquaises, Marie-Astrid a posé ses valises à Londres il y a près de cinq ans, après un passage d’un an à New-York. "Londres, c’était un bon compromis entre les Etats-Unis et la France, explique-t-elle. Je m’y sens bien, j’aime ce mélange des cultures qu’on y trouve et cette ambiance légère, cool."
"Le droit d’être ici"
Le choix fait par les Britanniques de sortir de l’Union européenne l’a "un peu choquée" mais ne l’a "pas dégoûtée" du pays. Au contraire, la ballerine compte bien rester, et même prendre la nationalité britannique :Le Brexit m’a poussée à prendre la nationalité car, premièrement, ce serait plus facile pour moi, et, deuxièmement, ça fait bientôt cinq ans que je vis en Angleterre. J’aime beaucoup les Anglais, j’aime beaucoup leur culture. Et puis… pourquoi pas en fait ! J’ai passé plus de temps ici qu’à Paris, pour moi c’est aussi ma maison.
Prendre la nationalité britannique lui permettrait aussi d’affirmer qu’elle a tout à fait "le droit d’être ici", comme réponse à certaines invectives racistes qu’elle a pu entendre dans la capitale, comme ces "Vous n’êtes pas chez vous ici !" adressés à des Polonais dans un bus.
Soutien des Britanniques
A propos des Britanniques, elle préfère penser surtout à ses amis et ces inconnus qui lui ont témoigné du soutien après le référendum sur le "Brexit". Elle se remémore en souriant :Après le vote le climat était un peu lourd. Mais je me souviens d’Anglais que je rencontrais et qui s’excusaient auprès de moi en me disant "nous sommes désolés, nous non plus nous ne comprenons pas".
Autre soutien de taille pour la danseuse : sa directrice artistique chez Ballet Black. C’est elle qui l’a engagée, après ses études au Conservatoire national de musique et de danse de Paris. "En France, malheureusement, je ne trouvais pas de travail, regrette Marie-Astrid. Elle m’a ouvert ses portes à un moment où j’étais désespérée et où je me disais “je ne suis pas faite pour être danseuse en fait."
Epanouie sur la scène londonienne
Difficile, en effet, pour les danseuses et danseurs noirs d’être recrutés par des compagnies "traditionnelles". "Ballet Black", au contraire, a fait le choix de ne faire monter sur scène qu’eux. La Française a ainsi pu s’épanouir dans son art au Royaume-Uni :Ça n’a pas été facile de m’installer ici en ne partant de rien. Puis ma famille est en France, elle me manque c’est vrai. Mais je suis fière d’être ici, sur scène, avec la compagnie. Rester ici c’est aussi leur montrer ma fidélité.
La jeune femme n’a pas encore lancé les démarches pour obtenir la nationalité britannique. Elle sait que le processus sera long, "au moins un an" évalue-t-elle, et "des examens à passer". Mais cela ne la découragera pas, elle est décidée.