Le cyclone Chido de décembre 2024 continue de marquer les esprits. Pour cette année 2025, la Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril, portée par Stéphane Bern et déployée par la Fondation du patrimoine, a décidé d'apporter "un soutien particulier à Mayotte, durement touchée". Les projets mahorais soutenus lors des Lotos précédents pourront bénéficier d'une enveloppe pouvant aller jusqu'à un million d'euros pour "faire face aux travaux complémentaires occasionnés".
Au-delà de cette aide exceptionnelle, un site emblématique de Mayotte et quatre autres dans les Outre-mer retenus pour le Loto du patrimoine 2025 ont été dévoilés ce 17 mars.
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Mayotte : la chapelle Saint-Michel à Dzaoudzi
Construite en 1895, la chapelle a été restaurée à plusieurs reprises après les dégâts causés par plusieurs cyclones consécutifs. "Son campanile a été transféré à l’église Notre-Dame-de-Fatima à Mamoudzou", précise la Fondation.
"Alors que sa restauration était déjà envisagée par l’association porteuse du projet, l’édifice a été durement touché par le passage du cyclone Chido en décembre 2024, emportant sa couverture et laissant l’eau et les vents pénétrer à l’intérieur."
"Le chiffrage du projet et les travaux d’urgence doivent être réévalués" avant de restaurer l'édifice religieux et de le rouvrir au culte. Les dates de réfection n'ont donc pas été communiquées.
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La Réunion : la maison Martin-Valliamée à Saint-André
La Fondation présente cette demeure, construite dans les années 1830 à Saint-André, comme "un modèle unique d’architecture créole à la Réunion, influencée à la fois par le néoclassicisme, le style victorien et l’architecture traditionnelle créole, mais également par l’Art Déco, en raison d’un agrandissement dans les années 1920".
Elle a été la propriété successive de deux familles, les Martin puis les Valliamée d'origine indienne, d'où son nom aujourd'hui. Siège pendant de nombreuses années de l'office de tourisme, elle n'a plus de fonction aujourd'hui.
L’objectif de la ville de Saint-André "est d’y recréer un site attractif pour les habitants de la commune, qui puisse être régulièrement ouvert à la visite et accueillir des événements culturels et associatifs". La réhabilitation devrait prendre un an, du printemps 2025 au printemps 2026.
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Guadeloupe : l'ancienne prison à Petit-Canal
L'ancienne prison de Petit-Canal a été construite au XIXe siècle dans le vieux centre historique. Un nouvel établissement pénitentiaire a ensuite été construit sur des hauteurs à l'Est, provoquant la désaffection du site originel. Il reste aujourd'hui deux bâtiments entourés d'un mur d'enceinte au milieu desquels a poussé un figuier maudit monumental.
Ce dernier fait d'ailleurs l'objet "de nombreuses légendes liées à la mémoire de l'esclavage, ses graines auraient été plantées par des esclaves, afin que les arbres et le temps se chargent de venger leur asservissement lors de la construction de l’édifice", raconte la Fondation du patrimoine dans son communiqué.
"Actuellement dans un état proche de la ruine", le lieu fait pourtant partie d'un ensemble mémoriel car il est situé à proximité des "marches des esclaves", un escalier menant à l’église, ainsi que de plusieurs monuments célébrant l’abolition définitive de l’esclavage en 1848.
L'objectif de la commune de Petit-Canal est donc de sécuriser l'ancienne prison et de la valoriser pour la rendre accessible au public d'ici fin 2026.
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Martinique : la fontaine Gueydon à Fort-de-France
"La fontaine Gueydon a été inaugurée en 1856 en hommage à Louis Henri de Gueydon, gouverneur de la Martinique de 1849 à 1853", retrace la Fondation du patrimoine.
Destinée à approvisionner Fort-de-France en eau courante, la fontaine a symbolisé "la prospérité et l'importance de l'eau pour la ville" avant d'être "remise en cause en 1900 par rapport à la qualité de l’eau et aux besoins croissants de la population. Un château d’eau fut édifié à proximité et les conduits existants bouchés au fil du temps", retrace le communiqué.
Le but est donc de redonner à la fontaine sa splendeur d'origine avec une remise en eau, une mise en lumière et un aménagement paysager. "Par ailleurs, des gradins seront installés afin de permettre l'organisation d'événements artistiques et culturels." La durée des travaux est évaluée entre le second semestre 2025 et la fin d'année 2026.
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Guyane : le bâtiment 14 de l'ancien hôpital André-Bouron à Saint-Laurent du Maroni
Relié au camp de la Transportation - nom donné au bagne -, l'hôpital André-Bouron était le lieu où l'on soignait les condamnés aux travaux forcés ainsi que la population libre. Avec une capacité de 400 lits répartis dans plusieurs bâtiments, "c’est alors le plus grand hôpital des colonies françaises", explique la Fondation du Patrimoine. "Ces espaces d’hospitalisation étaient complétés des pavillons des médecins, du pavillon des entrées, des cuisines, du château d’eau et de la pharmacie."
Après la fermeture du bagne en 1946, le site devient un hôpital civil puis ferme en 2018. "Trois des cases ont été reconverties en Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD), mais les autres bâtiments sont restés à l’abandon", poursuit la Fondation.
Saint-Laurent du Maroni souhaite aujourd'hui réhabiliter le bâtiment 14 de l'ancien hôpital en une "Maison des projets" qui serait un espace d'exposition et de médiation dédié au patrimoine. Les travaux de sécurisation et de restauration sont prévus à partir d'avril 2025 et devraient s'achever en mai 2026.
"Ces sites bénéficieront du soutien financier de la 8e édition de l’offre de jeux Mission Patrimoine qui sera lancée à la rentrée de septembre 2025, précise le communiqué. Le montant de la dotation de chaque site sera annoncé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine", qui auront lieu les 20 et 21 septembre prochains.