Madagascar : un accusé du triple lynchage de Nosy-Be nie toute implication

Le 6 octobre 2013, des policiers emmènent un homme suspecté d'avoir participé aux lynchages de Nosy Be.
L'un des accusés du lynchage de deux Européens et d'un Malgache en 2013 à Madagascar a nié mardi, devant le tribunal d'Antananarivo, toute implication dans ce drame, affirmant au contraire avoir passé la nuit à tenter de les protéger.
Le 3 octobre 2013, sur l'île touristique de Nosy Be à Madagascar, un Français, Sébastien Judalet, et un Franco-Italien, Roberto Gianfala, avaient été roués de coups et brûlés par une foule déchaînée qui les soupçonnait d'avoir tué un enfant et d'avoir commis des actes pédophiles. Quelques heures plus tard, l'oncle malgache du garçonnet avait subi le même sort.

Premières auditions

Mardi 6 octobre, la Cour criminelle ordinaire d'Antananarivo a commencé à entendre les 14 personnes poursuivies pour assassinat et séquestration. Le premier à la barre, Ben Amiri Zakaria, un mécanicien de 27 ans, a affirmé avoir été chargé, le 2 octobre 2013, par le chef du quartier Ambatolaoka à Nosy Be, Vincent Laza, de protéger les Européens.

"J'ai voulu protéger les vazahas"

Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2013, "j'ai voulu protéger les - vazahas - (occidentaux en malgache) de 23 heures à cinq heures du matin en attendant l'arrivée des forces de l'ordre", a-t-il expliqué à la barre, assurant avoir parlementé pendant des heures avec la foule pour tenter d'éviter un lynchage.

"A cinq heures, les forces de l'ordre ne sont pas venues. Je ne suis pas une machine, je suis fatigué, je suis rentré chez moi. C'est en me réveillant vers 10 heures (le 3 octobre) que j'ai appris la mort du vazaha", a-t-il poursuivi. Ben Amiri Zakaria a cependant reconnu à la barre avoir participé à la recherche de Roberto Gianfala, mais également "pour le protéger", a-t-il assuré.

19 personnes auditionnées

Plus tôt dans la journée, le tribunal avait terminé l'audition des 19 personnes poursuivies pour vandalisme de la gendarmerie de Nosy Be, les 2 et 3 octobre 2013. Pendant deux jours, la foule, exaspérée devant les recherches infructueuses pour retrouver le petit garçon, s'en était en effet pris aux gendarmes.

Les 19 accusés ont nié les faits devant le tribunal. "J'ai été arrêté chez moi sans que je sache pourquoi. C'est seulement en cellule qu'on m'a expliqué qu'il y avait eu une émeute en ville", a affirmé Wildos Fridos Fanjikiha, agriculteur de 33 ans. Les 37 accusés dans cette affaire - 35 civils et deux gendarmes - plaident non coupables.