Mahoraise tuée dans un accident de manège à Firminy : deux ans de prison avec sursis requis contre les forains

Le 14 octobre 2019, Hania et sa cousine ont été projetées d'un manège, à Firminy (Loire). Image d'illustration.
En 2019, une jeune femme originaire de Mayotte et sa cousine ont été violemment éjectées d'un manège lorsque celui-ci a été percuté par une attraction voisine. L'une est décédée sur le coup. L'autre est grièvement blessée. Après plusieurs reports d'audience, deux hommes étaient jugés jeudi 14 mars à Saint-Etienne (Loire) pour "homicide involontaire".

Lundi 14 octobre 2019, en fin de journée, Hania Z. est venue en famille pour profiter de la fête foraine de Firminy, une petite commune située à quelques kilomètres de Saint-Etienne (Loire). Avec sa cousine, elle décide de monter sur le Sky Flyer, un immense manège à sensation forte qui fait virevolter des nacelles suspendues dans les airs. Les enfants d'Hania, trop jeunes pour l'attraction, attendent en bas.

Le manège commence. Les nacelles montent, les deux jeunes femmes (âgées de 23 et 20 ans) s'envolent. Elles s'amusent. Puis, soudain, alors qu'elles se trouvent à une dizaine de mètres du sol, le manège voisin, L'Intox, vient violemment percuter le Sky Flyer. Un des bras de l'attraction se casse. Hania et sa cousine sont éjectées de leur nacelle. La jeune mahoraise décède. Sa cousine est grièvement blessée.

Retrouvez le reportage de France 3 Auvergne Rhône-Alpes, diffusé en 2019 :

©la1ere

"Je regrette"

Comment les deux manèges ont-ils pu entrer en collision ? L'accident aurait-il pu être évité ? C'est ce qu'a tenté de savoir le tribunal correctionnel de Saint-Etienne lors du procès qui s'est tenu jeudi 14 mars.

Dans cette affaire, deux hommes ont été mis en examen pour "homicide involontaire" : le patron des deux manèges, et le salarié qui était en charge du Sky Flyer le soir du drame. Ce dernier n'était pas présent lors de l'audience pour des raisons médicales, rapporte France 3 Auvergne Rhône-Alpes.

"Je regrette. Je vivrai avec ça toute ma vie", a déclaré avec contrition le gérant des attractions, selon le compte rendu fait par France Bleu Saint-Etienne Loire. Derrière lui, la famille des victimes est venue en nombre depuis Paris et Mayotte pour assister à ce procès tant attendu – il a été reporté deux fois.

Au cœur du dossier, une question : les deux manèges étaient-ils trop proches l'un de l'autre ? 90 cm séparaient les bras du Sky Flyer et ceux de L'Intox lorsque les deux machines étaient en action. Mais le propriétaire, qui disposait d'un espace de 41 mètres de large pour placer ses attractions, n'a utilisé que 37 mètres, pointe l'expertise. "Vos marges entre les deux manèges n’étaient pas suffisantes ce soir-là, peu importent vos raisons", a jugé la présidente de l'audience, en s'adressant au forain mis en cause, comme l'écrit le journal local Le Progrès qui a suivi le procès.

"On ne joue pas avec les distances de sécurité"

Les avocats de la défense nient toute négligence de la part des deux hommes. Pour le gérant des manèges, c'est le vent qui est à l'origine de l'accident. Ce soir-là, la Loire était en effet placée en vigilance orange. "Mais on ne l’a pas su !, explique le prévenu, cité par France Bleu. Personne ne nous a dit de fermer."

Au début, le vent n'était pas trop fort. Mais il y a eu une bourrasque. Mon collègue a dû avoir peur et c’est pour ça qu’il a fait redescendre les nacelles.

Patron des deux manèges, devant le tribunal de Saint-Etienne

Pour l'expert mandaté sur le dossier, l'argument météorologique n'est pas recevable : c'est bel et bien l'agencement des manèges qui est en cause dans le drame qui a coûté la vie à la jeune mère de famille.

En fin d'après-midi, le procureur de la République a requis deux ans d'emprisonnement avec sursis pour le patron et son salarié, dont 1 an ferme pour le propriétaire, et six mois pour son employé, ainsi qu'une interdiction d'exercer la profession pendant 5 ans. "Quand on gère des manèges où des vies sont en jeu, on ne joue pas avec les marges et les distances de sécurité", a-t-il plaidé, selon Le Progrès.

Les avocats des prévenus ont pour leur part demandé la relaxe, "au bénéfice du doute", pointant la responsabilité de la mairie et de l'entreprise en charge des contrôles. Le délibéré sera rendu le 2 mai.