Avec un taux de pauvreté de 40%, un chômage important et une forte croissance démographique, les tensions en matière d’habitat se font particulièrement sentir à La Réunion, dans un contexte où les prix sont également élevés sur le marché.
C’est un constat préoccupant que dresse la Fondation Abbé Pierre (FAP) dans un rapport régional très complet relatif à l’état du mal-logement à La Réunion. Le contexte est d’abord celui de la précarité. Rappelant que La Réunion fait partie des dix territoires pilotes du plan pauvreté, la FAP avance des chiffres inquiétants : avec 850.727 habitants, « le taux de pauvreté y est particulièrement élevé, 40 % contre 14 % à l’échelle nationale » (chiffres 2015). Le taux de pauvreté des moins de 30 ans est supérieur de plus de 10 points à la moyenne territoriale, et atteignait même 54,6 % en 2015.
Autant de données sociodémographiques « déterminantes dans un contexte où le marché du logement est particulièrement tendu et les prix élevés », souligne la Fondation, qui relève que la production actuelle de logements est en dessous de celle estimée par l’INSEE pour répondre aux besoins de la population. Notant que « 32 % des propriétaires vivent également sous le seuil de pauvreté, marquant par là même une paupérisation non négligeable », la FAP écrit aussi que « les dispositifs d’accession sociale sont en panne sur le territoire. Selon l’IEDOM (Institut d'émission des départements d'Outre-mer, ndlr), le nombre de logements neufs dédiés à l’accession sociale à la propriété diminue d’un quart entre 2016 et 2017. »
La Fondation témoigne aussi d’une « invisibilisation des situations de privation de logement par le recours important à l’hébergement chez des tiers : 49 % des demandeurs de logement social sont hébergés, dont 60 % chez des tiers. » Concernant les personnes à la rue, il se situait entre 300 et 400 personnes en 2018 (un chiffre largement sous-estimé pour la FAP vu le manque de données), majoritairement des hommes seuls.
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Familles monoparentales
Par ailleurs, « l’absence d’emploi et de revenus est particulièrement visible puisque 23 % de la population est bénéficiaire des minimas sociaux, et 17 % des 15-64 ans ont pour seule ressource le RSA à la fin de l’année 2016. » Autres éléments, les revenus des 10 % les plus démunis plafonnent à 585 euros mensuels (contre 875 euros dans l’Hexagone), la part des familles monoparentales augmente et atteignait 21 % des ménages avec famille en 2015, et la problématique du vieillissement devient importante, avec des projections qui indiquent que 25 % des habitants auront 60 ans ou plus en 2050.Autant de données sociodémographiques « déterminantes dans un contexte où le marché du logement est particulièrement tendu et les prix élevés », souligne la Fondation, qui relève que la production actuelle de logements est en dessous de celle estimée par l’INSEE pour répondre aux besoins de la population. Notant que « 32 % des propriétaires vivent également sous le seuil de pauvreté, marquant par là même une paupérisation non négligeable », la FAP écrit aussi que « les dispositifs d’accession sociale sont en panne sur le territoire. Selon l’IEDOM (Institut d'émission des départements d'Outre-mer, ndlr), le nombre de logements neufs dédiés à l’accession sociale à la propriété diminue d’un quart entre 2016 et 2017. »
Habitats indignes
Concernant les conditions de logement, même si nombre de logements privés du confort sanitaire de base continue de diminuer à La Réunion, « plus de 30.000 logements sont encore privés d’eau chaude et plus de 6000 n’ont pas de douches ou de baignoires à l’intérieur », selon la FAP. En outre, d’après l’Observatoire Réunionnais de l’Habitat Indigne, la situation reste « quantitativement préoccupante », avec près de 17.794 bâtis indignes repérés en 2018, soit 5 % du parc total de logements (+ 9,6 % par rapport à 2008).La Fondation témoigne aussi d’une « invisibilisation des situations de privation de logement par le recours important à l’hébergement chez des tiers : 49 % des demandeurs de logement social sont hébergés, dont 60 % chez des tiers. » Concernant les personnes à la rue, il se situait entre 300 et 400 personnes en 2018 (un chiffre largement sous-estimé pour la FAP vu le manque de données), majoritairement des hommes seuls.
Propositions
Parmi ses différentes pistes pour sortir du mal-logement, la Fondation Abbé Pierre propose entre autres : l’amélioration de l’habitat des ménages qui ne rentrent pas dans les dispositifs actuels de l’État, de la Région, du Département et de l’intercommunalité ; le suivi des évolutions du nombre de personne en sur-occupation ; l’accompagnement au Droit au logement opposable (DALO) des requérants éligibles ; l’évaluation du nombre de personnes impactées par l’Habitat Indigne ; le dénombrement exact de personnes dépourvues de logement (à la rue, etc.) ; des objectifs précis de relogement des ménages à la rue ; et l’expérimentation de l’habitat participatif.>>> Lire l'intégralité du rapport ICI