Malgré les défis, la voiture électrique se développe aussi Outre-mer

Borne de recharge de voiture électrique
L'autonomie réduite de ce type de véhicule est particulièrement adaptée aux petits territoires insulaires. Mais la fragilité des réseaux électriques, par ailleurs majoritairement alimentés par des énergies fossiles, pose question.

Les ventes de voitures électriques ont atteint un niveau record en 2023. Les modèles 100% électriques ont représenté 16,8% des nouvelles immatriculations en France l’année dernière. Dans les DROM, les ventes progressent aussi, mais moins rapidement. 9% des nouvelles immatriculations dans ces territoires en 2023 concernaient des voitures électriques, selon AAA Data, une société d’analyse du marché automobile.

Cette moyenne cache de grandes disparités : en 2023, environ 3% des véhicules vendus à Mayotte et en Guyane étaient électriques, 5% en Martinique, 6% en Guadeloupe et jusqu’à 15% à La Réunion. Si l’électrique représente encore une faible part du parc ultramarin, il progresse rapidement. En Guyane, les ventes de voitures électriques ont été multipliées par deux entre 2022 et 2023. Elles ont augmenté de 29% cette année à La Réunion, soit presque deux fois plus que la moyenne nationale (+17%). La progression est aussi notable en Guadeloupe (+20%) et en Martinique (+11%).

Un mode de transport adapté aux petits territoires

Les véhicules électriques conviennent bien aux Outre-mer : si la question de l’autonomie (de 100 à 600 kilomètres environ selon les modèles) peut freiner certains automobilistes, ce type de véhicules est particulièrement adapté aux zones insulaires de petite taille.

Mais si le réseau de bornes de recharge publiques se développe à La Réunion, ce n’est pas forcément le cas dans l’ensemble des DROM. Dans un rapport consacré aux zones non interconnectées -soit les DROM et la Corse- publié en avril dernier, la Cour des comptes recommande de développer "des bornes pilotables pour la recharge des véhicules électriques" dans ces territoires. 

Reste la possibilité –d’ailleurs plus économique à long terme- d’installer une borne chez soi. Si la maison individuelle est particulièrement propice à ce type d’installation, on peut aussi s'équiper lorsque l'on habite dans un immeuble. Tout résident peut faire installer, à ses frais, une borne de chargement sans que la copropriété ne puisse s’y opposer. Si des aides financières existent, la pratique reste encore peu répandue : seules 0,3 % des places dans les parkings collectifs privés étaient équipées de bornes de recharge en 2023.

Une production d’électricité très carbonée

Reste que si la voiture électrique a une image de transport "propre", c’est un peu moins vrai dans les territoires ultramarins. Dans les Outre-mer, le mix énergétique est davantage carboné que dans l’Hexagone. La production électrique est issue à plus de 70% des énergies fossiles en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion. Ce chiffre grimpe à près de 94% à Mayotte. Seule la Guyane fait exception : grâce à une production hydraulique importante, seulement 30,2% de l’électricité est produite à partir d’énergies fossiles.

Le développement de la voiture électrique dans les Outre-mer pose un autre problème : la surcharge des réseaux électriques. Les réseaux ultramarins, parce qu’ils ne sont pas interconnectés, sont fragiles. Pour faire face à la demande en électricité, les territoires ne peuvent compter que sur leur propre production. Or la Cour des comptes note qu’à terme, le développement de la voiture électrique, peut faire "peser un risque sur le système électrique en termes de puissance". Si tous les automobilistes rechargent leur voiture à la même heure, en début de soirée après le travail par exemple, le réseau risque d’être saturé. Le problème est bien connu d’EDF, qui, pour "éviter les périodes de contraintes sur le réseau", publie pour la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et La Réunion un tableau indiquant, par jour et par territoire, les heures où le chargement est "favorable" et celles où il est "défavorable".