Manuel Valls s'oppose à la suppression du droit du sol à Mayotte

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, en octobre 2023.
L'ancien Premier ministre de François Hollande, lui-même né à Barcelone, estime que la proposition du gouvernement de supprimer le droit du sol à Mayotte est à la fois "inutile" et "dangereuse".

L'ancien Premier ministre Manuel Valls s'est opposé mercredi 21 février à la suppression du droit du sol à Mayotte car elle serait "inutile et dangereuse" et ne servirait pas selon lui à "casser le phénomène migratoire" comme le présente Emmanuel Macron.

"Supprimer totalement le droit du sol à Mayotte est très symbolique et cela ouvre un débat précisément sur ce qu'est la nation. C'est pour ça que je suis contre cette réforme qui est inutile et dangereuse", a déclaré l'ancien socialiste passé en 2017 dans le camp macroniste, au micro de France Inter. Pour lui, une telle mesure "repose sur un fantasme, sur le fait que notre droit de la nationalité serait un appel d'air", "l'idée de faire croire (...) que le droit du sol est responsable du chaos qui règne à Mayotte". Manuel Valls, citant son propre exemple - il est né à Barcelone - et celui de sa soeur - née en France-, a rappelé que l'acquisition de la nationalité est déjà "un long parcours" et qu'elle ne s'acquiert pas "automatiquement" aujourd'hui en France.

"Jouer" avec la nationalité "pour des raisons politiques"

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé le 12 février qu'un projet de révision constitutionnelle serait déposé "avant l'été" pour supprimer le droit du sol dans ce département français au cœur de l'archipel très pauvre des Comores. "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a résumé M. Darmanin. Rappelant que "personne ne pourra me soupçonner d'un manque de fermeté en matière d'immigration", M. Valls a expliqué dans une tribune publiée en parallèle mercredi dans Le Monde qu'un enfant qui naît en France de deux parents étrangers "ne peut obtenir la nationalité française à 18 ans que s'il réside dans notre pays et qu'il justifie de cinq ans de résidence habituelle depuis ses 11 ans".

"Je n'ose croire que l'on joue avec le droit de la nationalité pour des raisons purement politiques", a persiflé l'ancien Premier ministre de François Hollande. "Comment, demain, être ferme et crédible face à une extrême droite qui a pour réel objectif et projet de ne fonder la nationalité que sur le sang et l'appartenance ethnique ?"