"Marie Césaire", le Champagne à la guadeloupéenne

Marie-Inès Romelle dans les vignes du village d’Écueil, dans la Marne.
Marie-Inès Romelle, 38 ans, est sur le point de voir son rêve devenir réalité... car vendredi (29 avril) 10 000 bouteilles de son Champagne seront fin prêtes à être dégustées. La marque au colibri, adoucie au sucre de canne, entend bien conquérir les palais antillais friands de vin pétillant.
"Ma plus grande fierté, c'est quand "Marie Césaire" sera autant reconnue que les grandes marques de champagne". Le chemin est encore long mais l'ambition colle à la peau de Marie-Inès Romelle.

L'idée

Cela fait une dizaine d'années que Marie-Inès Romelle s'est promis de créer sa propre marque de Champagne. A l'époque, elle était responsable d'une épicerie fine en région parisienne : "J'avais une affection particulière pour le champagne : son histoire, son mode de fabrication, sachant qu'il faut attendre 18 mois avant de le déguster... Et puis étant fille d'agriculteurs, ce travail de la terre m'intéressait énormément." Pour des raisons familiales, l'hyperactive change de domaine d'activité et se fait embaucher en tant que gestionnaire de patrimoine dans une banque. Son compagnon exprime le souhait de se réinstaller dans sa région d'origine, la Champagne-Ardenne. C'est à Reims que le destin va mettre son rêve à portée de main en 2014.


La rencontre

La Guadeloupéenne rencontre la famille Lefèvre, qui possède des vignobles à Ecueil, un village de la Marne. "J'ai acheté 10 000 bouteilles de leur production, et ensuite nous avons élaboré la mienne avec le dosage que j'avais choisi. Le sucre de canne était pour moi une priorité et je me suis rendue compte qu'ils l'utilisaient aussi pour leurs propres cuvées ! Donc au niveau du dosage, j'ai décidé de ce que je devais apporter à mes bouteilles. Par exemple mon brut premier cru est à 10 grammes de sucre par litre." Marie-Inès Romelle n'a pas rencontré de difficultés particulières lors de son installation. "Je travaille avec un designer et tous mes fournisseurs sont de la Marne. Ils m'ont accueilli avec beaucoup de bienveillance."
C'est à Écueil, dans la Marne, que pousse le raisin utilisé pour les champagnes Marie Césaire.

L'apprentissage

La Moulienne est autodidacte dans la vigne. "Quand on se lance dans cette aventure il faut vraiment le faire avec des bases solides, estime-t-elle. On ne peut pas dire : je vais juste coller une étiquette sur une bouteille de Champagne ! C'est impossible car pour être pris au sérieux il faut quand même un minimum de connaissances : la culture du Champagne, les composants, l'élaboration, la mise en bouteille, les différents cépages, la qualité du produit... Même vis à vis de mes futurs clients, c'est le minimum !"

Le nom

"Marie c'est le prénom de ma maman, et Césaire c'était celui de mon papa. Choisir ce nom, c'était vraiment un hommage pour mes parents." Une histoire qui reste en famille, puisqu'elle est gérée par Marie-Inès et son frère Jaïro. L'appellation au colibri sera représentée par des égéries antillaises "mais pas que. Même si on revendique cette appartenance.
10 000 bouteilles de champagne "Marie Césaire" seront disponibles en 2016... "50 000 d'ici 5 ans" espère Marie-Inès Romelle.

Les cuvées

Il y a six cuvées : Brut Premier Cru, Rosé Sec, Blanc de Blancs (Chardonnay), Brut Sélection (en cave 36 mois minimum), et pour les fêtes de fin d'année, un Millésimé 2007 et une Cuvée Prestige qui a 10 ans. 10 000 bouteilles sont prévues.

La commercialisation

"On espère exporter nos bouteilles jusqu'aux Antilles, en Guyane et à la Réunion, mais c'est compliqué. Les taxes sont assez importantes et on ne veut pas trop monter les prix. J'espère que les autorités nous aideront (Ndlr : Marie-Inès Romelle demandera audience à la ministre des outre-mer George Pau-Langevin et au président de la région Guadeloupe Ary Chalus)... Je sais que beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi on ne peut pas y aller tout de suite, mais il faut de l'argent pour partir. La première étape c'est déjà de vendre dans l'Hexagone, ensuite on ira sur les îles. Mais on n'a pas le droit à l'erreur." L'objectif n'est pas de distribuer en grandes surfaces mais chez des cavistes ou des dépositaires.

Le futur

Marie-Inès Romelle a encore mille projets en tête. "L'idéal, mon deuxième rêve, serait d'ouvrir une boutique "Marie Césaire" en Guadeloupe. Mais n'allons pas trop vite ! J'ai mis du temps à créer ce projet et je ne voudrais surtout pas qu'il disparaisse dans deux ans. Je garde les pieds sur terre et je veux aller au rythme que je me suis fixé.On va essayer d'augmenter notre capacité de bouteilles : dans 5 ans, on devrait avoir un stock de 50 000 unités." La Guadeloupéenne vient de valider un Master administration des entreprises et prépare un livre sur l'entreprenariat au féminin. Histoire d'inspirer tout celles et ceux qui hésiteraient encore à se lancer.

Bonus

Le reportage vidéo d'Outre-mer 1ère/France Ô, signé Nathalie Sarfati et Mourad Bouretima :
©la1ere

 

Les Antillais, amoureux du champagne
Le vin pétillant a la côte en Guadeloupe et en Martinique. En 2015 c'est respectivement 1 439 539 bouteilles et 1 446 255 (100 000 de plus qu'en 2014) qui ont été expédiées.
L'engouement des Réunionnais pour les bulles se confirme avec ce nouveau record : 1 380 000 unités, c'est 13% de plus qu'en 2014.
Plus de 5 millions de bouteilles de champagne français ont été exportées outre-mer en 2015.