Marine Le Pen à La Réunion et à Mayotte, un déplacement sous tension

Manifestation à La Réunion lors de la visite de Marine Le Pen en 2012.
La Réunion, puis Mayotte, Marine Le Pen est en tournée dans l’océan indien à partir de ce dimanche 27 novembre. Un déplacement sous tension pour la présidente du Front National dont la visite à la Réunion avait déjà été perturbée en 2012.
Marine Le Pen se rend de dimanche à jeudi à La Réunion et à Mayotte, un déplacement sous tension avec des manifestations attendues qui témoignent de sa difficulté à se rendre outre-mer, où elle a cependant fait une percée électorale inédite en 2012.
 

8% à la présidentielle

La candidate du FN à la présidentielle, qui défend régulièrement son "attachement profond" pour les Outre-mer, avait réalisé à la dernière présidentielle un score de 8%, doublant le score de son père en 2007 (3,82%). Désormais, elle est persuadée que, "débarrassé de la caricature de racisme", le Front national est "majoritaire en Outre-mer".

Marine Le Pen à La Réunion en février 2012.
 

Une visite agitée à La Réunion en 2012

A la Réunion (plus grand corps électoral ultramarin), où elle a obtenu 10,31% des voix en 2012 et 13% aux européennes de 2014, "le FN est implanté depuis bien longtemps", souligne Marine Le Pen. "C'est notre fédération la plus structurée en Outre-mer", précise son secrétaire général, Nicolas Bay.
 
Elle n'était pas revenue dans l'île depuis la campagne de 2012, où elle avait fait l'objet de plusieurs manifestations hostiles. "Ils m'avaient enfermée dans le local de la télé", rappelle Marine Le Pen. Elle avait aussi eu droit à des échauffourées à son arrivée à l'aéroport, puis par des manifestants hostiles devant un temple tamoul à Saint-Louis (sud). Et un restaurant de Saint-Leu (ouest) devant accueillir un dîner-débat avec ses partisans avait été tagué d'une croix gammée. "Mais ça ne m'empêche pas d'y retourner", insiste la candidate frontiste.
 
Manifestation lors de la visite de Marine Le Pen à La Réunion en 2012.

Des voyages annulés aux Antilles

"Je suis souvent saisie par des compatriotes d'Outre-mer qui me disent - on a envie de vous entendre - ", explique-t-elle, regrettant que de "petits noyaux d'activistes violents" l'empêchent parfois de se rendre sur certains territoires ultramarins. C'est notamment le cas à la Martinique et en Guadeloupe, où elle avait dû annuler un voyage en février 2012. Son père Jean-Marie, n'a jamais pu faire campagne aux Antilles.
 
"La Martinique et la Guadeloupe, il faut vraiment qu'on y aille, mais il faut que les activistes acceptent le processus démocratique", a confié Marine Le Pen. Elle ira par ailleurs en Guyane à la mi-décembre.
 
Au printemps 2015, un haut responsable du mouvement soulignait que les Antilles étaient "le seul secteur qui nous résiste électoralement. Les points noirs, ça reste Mayotte, les Antilles. Ca ferait des super images". Des rumeurs insistantes avaient évoqué un voyage en juin 2015, puis au premier semestre 2016.
 
Marine Le Pen à Saint-Leu à La Réunion en 2012.

Mayotte et l’immigration

A Mayotte, une "île sublime, très belle et très sauvage" où elle se rendra mercredi, Marine Le Pen n'avait recueilli que 2,77% à la présidentielle de 2012 puis 5,4% aux européennes. Mais les difficultés que rencontrent les Mahorais, confrontés à une forte pression migratoire venant des Comores, pourraient les inciter à prêter une oreille plus attentive aux discours de la candidate frontiste, qui ne reviendra pas sur la départementalisation du territoire à laquelle elle était toutefois opposée lors de sa mise en place en 2011. Marine Le Pen promet "des décisions de fermeté en matière d'immigration".
 

Un ministère de la Mer et des Outre-mer

A Mayotte, mais aussi à la Réunion ou en Guyane, "on a les futurs germes de conflit", prévient-elle. En matière économique, elle accorde "aux Outre-mer un rôle extrêmement important" et veut créer "un ministère de plein exercice de la Mer et des Outre-mer".
 
Elle entend aussi "mettre en place des universités des métiers de la mer", "développer des zones ultramarines d'investissements prioritaires", "développer le patriotisme économique sur les produits ultramarins" mais aussi étudier la possibilité que l'Etat prenne en charge les transports de produits de première nécessité en provenance de la métropole. "Les Outre-mer, on est en train de les laisser mourir de loin, tranquillement", a-t-elle déploré.