Martinique : coulées de boue volcaniques sous surveillance au Prêcheur

Flanc de montagne et coulées de boue dans la rivière du Prêcheur
Le lit de la rivière du Prêcheur en Martinique est soumis depuis plusieurs jours à un phénomène de coulées de boue volcaniques successives. Les services de l’Etat ont mis en place une cellule de veille active pour suivre l’évolution du phénomène qui suscite l’inquiétude sur place. 
La rivière du Prêcheur en Martinique fait l'objet d'une surveillance accrue des services de l'Etat à la suite de coulées de boue volcaniques successives ces derniers jours. L'Observatoire Volcanique et Sismologique de la Martinique (OVSM), ainsi que la mairie et les services de la Collectivité territoriale de la Martinique sont chargés de cette surveillance.

Capteurs mis en place

Des capteurs ont été disposés "tout au long de la rivière afin de donner l'alerte en cas de glissements rocheux" et une "cellule de veille active a été mise en place par le préfet de la Martinique pour suivre l'évolution du phénomène".

Un phénomène ancien

Ce phénomène de coulée de boue d’origine volcanique connu sous le nom de "lahar", n'est pas nouveau dans cette région de l'île située sous le flanc ouest de la Pelée. C'est "la zone la plus instable de cette montagne et elle porte encore les cicatrices d'événements survenus il y a plus de cent mille ans", indique Valérie Clouart, la directrice de l'OVSM.

"La persistance de fortes pluies pourrait entraîner un "risque de lahar très énergétique et une sortie de la rivière de son lit au niveau du bourg du Prêcheur", selon Valérie Clouart.


Lors d'un précédent épisode du même genre, "les 19 et 20 juin 2010, une vingtaine de maisons du Prêcheur avaient été impactées sans entraîner de pertes en vies humaines", rappelle la directrice de l'Observatoire.

Vidéos sur les réseaux sociaux

Des vidéos de ces coulées de boue, de branches et de troncs déferlant dans le lit de la rivière du Prêcheur ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux depuis le début du phénomène.


Comme un rabot sur du bois

Le lahar est un mot d’origine javanaise. "Il est composé de cendres volcaniques, de terre, de roches, de pierres ponces. C'est un matériau extrêmement dense et lourd qui a une capacité d’abrasion très forte, explique l’universitaire Pascal Saffache dans une interview accordée à Martinique 1ère.

"C’est comme un rabot sur du bois, poursuit-il. A partir du moment où le lahar arrive, il va emporter tout ce qui se trouve en face de lui. Il ne restera plus rien".

"Si l’ancien pont du Prêcheur avait encore été présent, il aurait été submergé voire emporté", déclare Pascal Saffache.


Pascal Saffache, professeur à l'Université des Antilles

Un précédent dramatique en Colombie

En 1985, il y a eu un lahar meurtrier en Colombie dans la ville d’Armero.  23.000 habitants ont été ensevelis sous une coulée de boue de 8 mètres.

"Il ne faut rien écarter pour la Martinique, explique Pascal Saffache sur Martinique 1ère. Ce qui s’est passé en Colombie en 1985 est un peu similaire à la catastrophe de 1902 en Martinique (NDLR éruption volcanique) car c’était un jour de vote, on avait dans les deux cas interdit à la population de quitter la ville".

"Il faut que les gens comprennent que c’est un phénomène dangereux. Quand les autorités disent qu’il faut évacuer il faut le faire. Pour l’instant, on n’en est pas encore là en Martinique", déclare Pascal Saffache.


Rester vigilant

Selon l’universitaire martiniquais, "Il faut rester très vigilant dans les 8 à 10 jours à venir, bien écouter les messages délivrés par les autorités et surtout ne pas fréquenter la rivière. Toutes les rivières qui drainent les flancs de la montagne Pelée côté Caraïbe, comme côté Atlantique peuvent potentiellement générer ce type de phénomène. Toutes les communes riveraines devraient être à l’écoute", conclut Pascal Saffache. 

Le reportage de Martinique La1ère :