Dans l’Olympiastadion de Munich, en République fédérale d'Allemagne, les 225 sportifs de la délégation française, défilent sur la piste de la cérémonie d’ouverture.
À 21 ans, les pas de Maurice Apeang devant les 77 000 spectateurs, sont hésitants. Le spectacle est grandiose pour le premier Polynésien aux Jeux Olympiques.
Cette olympiade s’annonce exceptionnelle. Munich souhaite effacer des mémoires le souvenir de la propagande nazie des JO de 1936 à Berlin. La ville bavaroise est transformée et le complexe sportif est l'un des plus modernes de l'époque. Pour la première fois, une mascotte officielle, le teckel « Waldi »fait son apparition.
Le record de participation est battu. 121 nations et 7 134 athlètes prennent part à 195 compétitions.
Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, le 27 août, sur le ring du Boxhalle, Maurice Apeang débute la compétition. Le Boxeur tahitien est un redoutable puncher et détient une gauche dévastatrice. Au tirage au sort, il tombe sur l’Américain Louis Self, un des favoris de la catégorie des poids plume, en -57 kg. Apeang s’incline aux points 5 à 0 contre le représentant des Etats-Unis. La compétition pour Apeang s’arrête en 1/32 de finale. Il a livré son seul et unique combat olympique. Il se classe à la 33ème place. Boris Kuznetsov est sacré champion olympique dans la catégorie poids plumes après sa victoire en finale contre le Kényan Philip Waruinge.
Le drame des JO de Munich
À peine remis de sa défaite, près d’une semaine après son combat, un drame terrible se déroule proche de son lieu d’hébergement. Le matin du 5 septembre 1972, un groupe de terroristes palestiniens du mouvement Septembre Noir s'introduit dans le village olympique. Des milliers d’athlètes y sont logés. Les terroristes prennent onze sportifs israéliens en otage pour exiger la libération de 200 prisonniers palestiniens. La scène se déroule à proximité du bâtiment où résident Maurice et la délégation française. La police allemande et ses tireurs d’élite investissent les lieux. L'opération de sauvetage tourne au fiasco.
L’ensemble des sportifs ont ordre de rester confinés dans les appartements. Le jeune Tahitien entend le sifflement des balles mais ne voit rien de la scène. Le bilan est lourd : 17 morts. Onze Israéliens et un policier allemand sont assassinés, cinq des huit terroristes sont tués. Le Comité International Olympique décide de suspendre temporairement les jeux et renonce à annuler la compétition. "The show must go on" (le spectacle doit continuer).
Une carrière de boxeur professionnel en Polynésie
De retour des jeux, les dirigeants de la fédération proposent à Maurice de faire une carrière dans l’Hexagone, de rejoindre le bataillon de Joinville et de disputer le championnat du monde militaire. Mais le natif de Papeete repousse toutes les propositions. Il veut pratiquer le noble art dans sa Polynésie natale. Un an après les JO, le Tahitien devient boxeur professionnel. En 1978, le il est sacré champion de France des super-plumes chez les pros en battant par KO au 8e round Georges Cotin, 6 fois tenant du titre. Avec 18 victoires sur 20 combats, dont 12 par KO, Maurice Apéang s’impose comme l’un des meilleurs boxeurs du Pacifique. En 1980, lorsqu’il raccroche les gants et prend sa retraite, il entre dans le panthéon du sport polynésien.
Découvrez l'interview de Maurice Apeang