La filiale de Vinci, chargée de l'alimentation et de la distribution de l'eau potable, a expliqué dans un communiqué que l'eau contenait un excès de manganèse en provenance de la retenue de Dzoumogné. C'est l'une des principales ressources en eau à Mayotte avec une capacité de stockage d'environ 2 millions de m3. Or, en aval, la station de traitement d'eau potable de Bouyouni n'est pas équipée d'un dispositif de traitement du manganèse.
L'incident s'ajoute à des problèmes d'approvisionnement en eau récurrents dans le département d'outre-mer : depuis plus d'un mois, les Mahorais sont confrontés aux "tours d'eau", c'est-à-dire une rotation par secteurs géographiques des coupures d'eau de 17H00 à 7H00, en raison de la faiblesse du niveau des nappes phréatiques, rivières, forages, ainsi que des dysfonctionnements à l'usine de dessalement d'eau de mer de Pamandzi. La vétusté du réseau de canalisations est également pointée.
"Un plan urgence eau"
En 2016 et 2017, Mayotte avait déjà vécu une crise de l'eau avec des coupures qui avaient duré plus de 3 mois en raison de la sécheresse et d'un début de la saison des pluies tardif. "Un plan urgence eau" Mayotte avait été adopté par le gouvernement en 2017, qui prévoyait l'interconnexion des deux retenues de Dzoumogné et Combani, le rehaussement de la retenue de Combani, la construction d'une usine de déssalement en Grande Terre et la mobilisation de 5,5 millions d'euros d'investissement pour le syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement (SIEAM).
Si une grande partie des travaux a été réalisée, la troisième retenue, programmée il y a 20 ans, n'a toujours pas été construite, alors que le SIEAM, devenu Syndicat mixte d'eau et d'assainissement de Mayotte est en difficulté financière. La situation avait alerté la Chambre régionale des comptes dans son dernier rapport, alors qu'une enquête du parquet national financier a par ailleurs été ouverte.