La prolongation de l'opération Wuambushu, annoncé vendredi par le ministre de l'Intérieur, démontre que "la République ne capitule pas à Mayotte", salue ce samedi sur franceinfo Estelle Youssouffa, députée Liot de la 1ʳᵉ circonscription de Mayotte.
Pour elle, cette opération a permis une "présence des forces de l'ordre importante" dans le 101e département français, ce qui a contribué "à ramener le calme". La parlementaire assure ainsi que "la violence a baissé à Mayotte" et que les habitants ont "pu reprendre l'espace public qui avait été abandonné aux bandes".
Si elle se félicite de la présence accrue de policiers et de gendarmes sur le terrain, Estelle Youssouffa appelle maintenant "la justice à être à la hauteur des méfaits et des violences" commis par les délinquants. "On sait que nos forces de l'ordre ont fait le travail, on veut que la justice suive", plaide-t-elle.
Un chiffre "frustrant"
Elle regrette notamment que les peines soient "souvent légères" à l'encontre des criminels. "On a besoin que celles et ceux qui sèment la terreur soit mis hors d'état de nuire, en prison, pendant longtemps", ajoute-t-elle.
L'élue estime par ailleurs à "environ 50.000" le nombre d'habitations "illégales à Mayotte". Elle juge donc la "question des bidonvilles cruciale", dénonçant l'occupation illégale "des terrains privés ou publics, avec des constructions dangereuses, insalubres et dont la destruction est capitale".
Si le gouvernement s'est donné l'objectif de détruire un millier de cases insalubres, la députée considère que ce chiffre est "frustrant" face à l'ampleur du phénomène. "Ce volet des bidonvilles, c'est le cœur du problème, ce sont des zones de non droit, qui servent de refuge pour les bandes criminelles, ce sont des zones de trafic", indique-t-elle.
Il revendique des résultats flatteurs
Estelle Youssouffa réagissait ce samedi matin aux propos de Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a annoncé ce vendredi soir la prolongation de l'opération Wuambushu de lutte qui devait s'achever fin juin, dans une interview au Figaro diffusée quelques heures avant son déplacement ce weekend à Mayotte.
Il a ainsi déclaré que le gouvernement allait "continuer à injecter des moyens, en laissant une imposante force de sécurité, de plus d'un millier d'hommes et femmes" dans le 101ᵉ département français.
D'emblée, M. Darmanin a revendiqué des résultats flatteurs. Depuis le début de cette opération contestée en avril, "les violences contre les personnes ont été réduites de 22% ; les cambriolages, les vols, les atteintes aux biens, de manière générale, ont diminué de 28%", assure-t-il.
Il avance aussi que "sur les 57 chefs de bandes identifiés au départ, 47 ont été arrêtés et présentés devant la justice". Alors que le 22 mai, le ministère de l'Intérieur annonçait 236 interpellations, il a affirmé qu'un mois plus tard, "pas moins 662 interpellations avaient été réalisées".
Objectif non atteint
Mais l'objectif de destruction d'ici à la fin juin de 1.000 bangas, ces cases insalubres en tôle, n'a pas été atteint et a été repoussé. Depuis avril, a-t-il dit, "nous avons déjà pu procéder à 264 destructions de bangas (...). Notre objectif est de parvenir à la destruction d'un millier de logements insalubres d'ici à la fin de l'année."
Le ministre a fait valoir qu'il s'agissait d'"opérations délicates" nécessitant "un traitement social". Les destructions des quartiers insalubres ont fait l'objet de recours à chaque fois qu'elles étaient annoncées.
Enfin, depuis avril et le lancement de Wuambushu, il a revendiqué d'avoir "divisé par trois le flux entrant de clandestins", venus des Comores, "pour la première fois depuis 30 ans", grâce aux moyens déployés pour intercepter les kwassas kwassas, ces embarcations de fortune utilisées par les clandestins.
Il a prétendu que les Comores reprenaient désormais "100% des personnes irrégulières que nous leur présentons" et prédit que l'année 2023 serait "une année record" quant au nombre de personnes expulsées de Mayotte.