Mayotte: les autorités veulent "absolument éviter" que les retenues d'eau soient à sec

La retenue collinaire de Combani, le 8 novembre
L'objectif est de repousser au maximum la vidange des retenues collinaires, qui engendrerait des coupures d'eau supplémentaires.

Le préfet chargé de l'eau à Mayotte, Gilles Cantal, a estimé lundi qu'il fallait "absolument éviter" la vidange des retenues alimentant l'archipel en eau potable, au niveau dangereusement bas en raison d'une sécheresse historique couplée à un manque d'infrastructure et d'investissements. "Il faut absolument éviter la vidange des retenues collinaires", ouvrages de stockage de l'eau, a-t-il affirmé durant une conférence de presse, évoquant "un challenge extrêmement important" pour l'archipel.

La retenue collinaire de Combani, au centre de Mayotte, est actuellement remplie à 4,6% et celle de Dzoumogné (nord) à 6,2 %, contre respectivement 55 et 38% l'année dernière à la même période. Plusieurs averses la semaine dernière ont permis de stabiliser le niveau des retenues "mais la guerre n'est pas gagnée" avant la saison des pluies, a estimé Gilles Cantal. Selon lui, dans l'état actuel des choses, "la vidange des deux retenues collinaires devrait intervenir autour du 11 décembre", une date déjà repoussée à plusieurs reprises grâce à des épisodes pluvieux.

Risques sanitaires 

"Si on les vidange, nous serons obligés d'allonger les coupures d'eau", a ajouté Gilles Cantal alors que depuis fin août, les habitants de Mayotte n'ont accès à l'eau courante qu'un jour sur trois. Augmenter les coupures d'eau engendrerait des "enjeux sanitaires très importants, avec des risques supplémentaires", a souligné durant la conférence de presse Olivier Brahic, le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) à Mayotte.

Les stocks d'eau, conservés par les habitants pour tenir durant les périodes sans eau courante, "deviennent notamment de formidables gîtes larvaires, où se développent les insectes", a-t-il poursuivi. Les travaux d'urgence engagés ces dernières semaines ne permettent pas encore d'approvisionner suffisamment le réseau d'eau potable de Mayotte, même si l'usine de dessalement de Petite-Terre devrait atteindre sa capacité maximale de production de 4.700 m³ "dans les deux semaines à venir", selon Françoise Fournial, directrice de la Société mahoraise des eaux (SMAE).

Concernant les fuites d'eau, contre lesquelles des travaux ont aussi été engagés, "250-300 kilomètres, sur les 800 que compte le réseau, ont été expertisés", assure Gilles Cantal, qui promet que "4.500 m³ supplémentaires" seront disponibles d'ici la fin de l'année grâce à ces réparations, la fin des travaux de l'usine de dessalement et un nouveau captage fluvial.