Mayotte : objectif de destruction de 1.250 logements insalubres à fin 2023

En visite à Mayotte, Gérald Darmanin a annoncé la prolongation de l'opération Wuambushu lancée en avril dernier. 1.800 gendarmes et policiers sont sur l'archipel. Le ministre a assisté ce dimanche 25 juin à des démolitions de logements construits de manière illégale, dans le quartier des Badamiers à Dzaoudzi. Les précisions de Mayotte la 1ère.
En visite ce weekend à Mayotte, Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche qu'il tablait sur la destruction "grosso modo" de "1.250" logements insalubres d'ici à "la fin de l'année". Il regrette "le retard pris" dans cette opération en raison de "très nombreux recours" juridiques. Mais selon plusieurs ONG et associations, Wuambushu "aggrave la grande pauvreté".

Accompagné du ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco et de celui en charge du Logement Olivier Klein, Gérald Darmanin a assisté, au second jour de son déplacement à Mayotte, à la destruction des dernières cases insalubres du quartier des Badamiers à Dzaoudzi, en Petite-Terre.

Ces démolitions avaient commencé quelques jours plus tôt, avec un relogement d'une partie des familles, comme l'explique Mayotte la 1ère dans la vidéo ci-dessus.

"Il y aura eu grosso modo 1.250 (destructions) d'ici la fin de l'année", a assuré le ministre de l'Intérieur.

"Du tourisme juridique"

À Dzaoudzi, Gérald Darmanin a dénoncé les nombreux recours contre ces destructions, qui "ont empêché le préfet de faire son travail de lutte contre l'insalubrité". La destruction des bangas [cases insalubres, NDLR] est un des volets de l'opération Wuambushu lancée fin avril par le ministre. "Nous allons accélérer (...). Ce volet, a-t-il dit, a pris du retard du fait des très nombreux recours".

"J'eusse aimé, a-t-il poursuivi, que ceux qui sont venus faire du tourisme juridique à Mayotte visitent les bangas, des endroits insalubres où les enfants n'ont pas d'eau courante, où s'il y avait un cyclone, on aurait tous pleuré sur les très nombreux morts qu'il y aurait eus ici", et cela "pour empêcher de construire du logement social".

"Ce qui est important, a insisté le ministre, c'est la destruction des logements insalubres et de reprendre la maîtrise du foncier".

L'exemple de 37 familles

Dans l'après-midi, Gérald Darmanin s'est rendu avec Olivier Klein au village-relais géré par l'association Coallia à Tsoundzou 2, dans l'est de la grande île. "Ici, 37 familles" venues des bidonvilles "vivent dans des conditions dignes avant de retrouver un logement pérenne", a tweeté le ministre de l'Intérieur.

Il a achevé ce dimanche après-midi une visite de deux jours à Mayotte pour défendre Wuambushu, opération de lutte contre la criminalité, l'immigration irrégulière et l'habitat insalubre menée depuis deux mois.

Cette politique est soutenue par les élus et de nombreux Mahorais mais dénoncée par des associations comme "brutale", "anti-pauvres" et violant les droits des migrants, en majorité venus des Comores voisines.

Wuambushu "aggrave la grande pauvreté"

Wuambushu "ne règle aucun problème de fond, accroît au contraire les tensions entre habitants de l'île et aggrave la grande pauvreté de personnes déjà très précaires", ont estimé les responsables de sept ONG et associations, dont Médecins du monde, le Secours catholique et la Fondation Abbé Pierre, dans une tribune publiée samedi par Le Monde.

Lors de sa visite, Gérald Darmanin a aussi promis de remédier au manque d'eau qui frappe cet archipel français de l'océan Indien et annoncé un blocage des prix des bouteilles d'eau à partir du 15 juillet.

Le ministre s'est dit en outre soucieux de "développer le tourisme" dans le 101e département français, relevant qu'"il n'y a aucune raison que Mayotte ne soit pas un très beau lieu de destination touristique".