Mémorial des Tuileries : l'association CM98 veut mettre la pression sur l'Elysée

Le jardin des Tuileries, au cœur de Paris, où doit être installé le Mémorial

La polémique n'est pas close concernant le mémorial qui doit être installé dans le jardin des Tuileries, à Paris, en hommage aux victimes de l'esclavage. Le Comité Marche 98 mène une campagne sur les réseaux sociaux pour inciter les internautes à écrire au chef de l'Etat, Emmanuel Macron. 

Faut-il afficher les noms d’esclaves sur le Mémorial qui doit être installé dans le jardin des Tuileries à Paris ? La question n'est pas encore officiellement tranchée et fait débat. En attendant que le gouvernement apporte une réponse, l'association CM98 lance une campagne sur les réseaux sociaux pour inciter les internautes à écrire à Emmanuel Macron afin que les noms d'esclaves figurent bien sur ce mémorial. Sur Twitter, le CM 98 publie sous l'intitulé "J'ai écrit au président de la République", des extraits de plusieurs messages déjà envoyés sur le site internet officiel de l'Elysée. Voici quelques uns de ces messages :

 

Le projet de Mémorial des Tuileries

Le 10 mai 2019, Emmanuel Macron avait confirmé son engagement pris le 27 avril 2018 à l'occasion du 170e anniversaire de la signature du décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, de voir ériger à Paris un mémorial des victimes de l'esclavage sur un site "profondément lié à l’histoire des deux abolitions", dans le jardin des Tuileries. L'inauguration est théoriquement prévue le 23 mai 2021, à l’occasion de la journée nationale en hommage aux victimes de l'esclavage, en présence du chef de l’État et de l'artiste sélectionné. 

Comité de pilotage

Un comité d’orientation placé sous l’autorité scientifique de Frédéric Régent, ancien président du CNMHE, le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage, a été mis en place, ainsi qu'un comité de pilotage dans lequel figure notamment Serge Romana, membre fondateur de la Fondation Esclavage et Réconciliation et ancien président du CM98. À l’issue de trois réunions, le projet de monument avec les noms attribués aux esclaves libérés en 1848 a été voté.

Appel à candidatures

L’appel d’offre pour la réalisation du projet a été lancé au mois de juin 2020. "Le projet exprime la volonté d'honorer les victimes de l'esclavage et de reconnaître leur apport inestimable à la Nation", affirment alors les ministères des Outre-mer et de la Culture. Il a également "vocation à être un lieu commémoratif et de transmission avec une dimension pédagogique forte, en lien étroit avec les associations et les fondations, parties prenantes". 

80 artistes ont présenté leur candidature et une présélection a finalement retenu trois à cinq noms qui devaient initialement être dévoilés au mois d’octobre 2020. Des choix qui n’ont, semble-t-il, pas convenu au ministère de la Culture qui s’opposerait à la possibilité d’inscrire le nom des esclaves affranchis sur le mémorial.

"Les noms ou rien"

L'association CM98, qui milite pour la réhabilitation et la défense de la mémoire des victimes de l’esclavage colonial, est en profond désaccord avec l'approche du ministère de la Culture et défend ardemment la publication des noms. "Le fait de mettre ses noms à la postérité, c’est je crois une réparation symbolique majeure, qui indique que la France reconnait avoir fait l’esclavage, que c’est un crime contre l’humanité" affirme Emmanuel Gordien, président de l’association CM98. Ecoutez-le, interviewé le 10 février dernier par Tiziana Marone :

Emmanuel Gordien, association CM98

 

Le 3 février 2021, une délégation du CM98 a été reçue à l'Elysée. "Si la volonté du président de la République a été clairement réaffirmée, en revanche, aucun calendrier n’a été clairement précisé sur la sélection des candidats et surtout de l’œuvre. Suite à cet entretien nous n’avons pas d’après nous l’assurance formelle de voir graver les noms de nos aïeux sur ce monument", affirmait alors Josely Bonnet Dorothée, secrétaire du CM98. C'est à la suite de ce rendez-vous que le CM98 a lancé cet appel à écrire au président de la République "pour exiger des précisions sur cette question majeure".