Moetai Brotherson, député de Polynésie, s'est étonné lors des questions au gouvernement du mardi 14 mars que le statut de la Polynésie offre au territoire "la compétence de la santé, mais pas celle des médicaments". "Tout un ensemble de plantes endémiques utilisées depuis le fond des âges pour soigner chez nous se retrouvent interdites d’utilisation", a-t-il regretté.
Ces plantes, ces savoirs sont menacés de disparaître de la mémoire collective faute de pouvoir les utiliser correctement ou alors sont sujettes à la biopiraterie de grands groupes qui viennent, étudient ces plantes, déposent des brevets et dépossèdent finalement les Polynésiens de leur patrimoine naturel.
Moetai Brotherson, député de Polynésie
L’élu demande à "établir des passerelles entre l’exécutif polynésien et les exigences compréhensibles de sureté du médicament pour que cette médecine traditionnelle, ces tradipraticiens, puissent trouver leur place au sein de la République".
Les contrôles resteront stricts
"Si la question est de dire ‘est-ce qu’on peut avoir une reconnaissance dérogatoire sans passer par les fourches caudines de l’Agence nationale de sécurité du médicament pour reconnaître une plante comme un médicament ?' Le simple intitulé d’Agence nationale de "sécurité" du médicament m’oblige à vous dire ‘non’", a répondu le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Tous les médicaments issus des plantes ont un point commun : ils ont franchi des étapes de validation scientifique sur les effets positifs, sur les effets potentiellement toxiques, avec des études qui permettent de définir quelle est la dose précise qui permet de guérir. Il en va ainsi dans le monde entier."
Olivier Véran affirme néanmoins que le gouvernement veut "accompagner l’exploitation de la flore polynésienne" en aidant "à faire reconnaître au mieux les indications éventuelles de telle ou telle plante, dans telle ou telle pathologie".