Près d'un mois après l'ouragan Irma à Saint-Martin, une quarantaine de rescapés sont toujours hébergés de manière provisoire dans un hôtel de l'aéroport d'Orly. Des enfants sans école, des personnes malades sans soin, ils n'ont plus rien et se sentent abandonnés par les autorités. Reportage.
A 17 ans, Yves* (le prénom a été modifié) n'attend qu'une chose : "retourner au lycée". Rescapé de l'ouragan Irma à Saint-Martin, il est arrivé à Paris via la Guadeloupe le 16 septembre avec sa maman et son frère de 11 ans. "Là, je regarde les programmes sur l'ordinateur de l'hôtel, je fais de mon mieux pour tenter de comprendre sans professeur". Depuis son arrivée à Paris, le jeune homme passe ses journées à réviser le programme de terminal ES sur Internet.
"Nous sommes arrivés avec une valise seulement", raconte-t-elle. "Nous sommes logés, nous avons un toit, de quoi nous laver, mais le provisoire dure et nous n'avons toujours pas d'école pour les enfants. On a le sentiment d'être des étrangers, pourtant je suis Française, nous sommes tous Français", s'indigne cette mère de famille qui déplore "l'absence d'interface entre eux et les autorités de Saint-Martin". "Nous sommes livrés à nous-mêmes", déplore-t-elle. Cette semaine, elle a dû se rendre chez un médecin pour sa jambe blessée "seule, sans aide, sans savoir où aller". "Une galère supplémentaire", souffle-t-elle.
Contacté par La1ere.fr, le ministère de la Cohésion des Territoires se dit "mobilisé sur Irma" et rappelle que "1 700 sinistrées ont été accueillies dans les aéroports franciliens et 166 personnes sont prises en charge dans quatre hôtels en région parisienne".
Pas d'école
"Je dois passer le bac à la fin de l'année, ils ont dit que j'étais prioritaire pour rentrer à Paris car j'avais l'examen, mais depuis nous sommes bloqués ici, déplore-t-il. Personne ne nous dit rien, je ne sais même pas quand je pourrai reprendre les cours". "Plus je reste ici sans professeur, plus le retard s'accumule", remarque Yves particulièrement inquiet pour "les maths" car "c'est là que j'ai le plus de mal et je vais galérer avec autant de retard". Dans ces conditions, regrette-t-il d'être venu à Paris ? "Oui et non, répond le jeune lycéen. D'un côté, je pensais y venir après le bac, donc j'étais content de pouvoir étudier ici dès maintenant, mais quand je vois que les copains reprennent petit à petit les cours à Saint-Martin, je me demande si on a bien fait"."Nous sommes Français"
Yves était élève de Terminale à la cité scolaire Robert Weinum à Grand-Case, "réputé comme le meilleur lycée de France", sourit-il. Sa maman, elle, est heureuse de le voir parler aujourd'hui. "Il ne dit pas grand-chose depuis qu'on est ici, pourtant il faut qu'il parle. Il dit juste qu'il veut retourner à l'école", confie-t-elle. Béquille à la main, cette mère de famille est blessée à la jambe, en arrêt de travail depuis plusieurs semaines."Nous sommes arrivés avec une valise seulement", raconte-t-elle. "Nous sommes logés, nous avons un toit, de quoi nous laver, mais le provisoire dure et nous n'avons toujours pas d'école pour les enfants. On a le sentiment d'être des étrangers, pourtant je suis Française, nous sommes tous Français", s'indigne cette mère de famille qui déplore "l'absence d'interface entre eux et les autorités de Saint-Martin". "Nous sommes livrés à nous-mêmes", déplore-t-elle. Cette semaine, elle a dû se rendre chez un médecin pour sa jambe blessée "seule, sans aide, sans savoir où aller". "Une galère supplémentaire", souffle-t-elle.
Reconstruire un avenir
Mathoue est également arrivée avec son fils de 11 ans dans cet hôtel de l'aéroport d'Orly, sans commerce, ni administration autour. "Je n'ai plus rien à Saint-Martin, mon toit s'est envolé, je n'ai plus d'affaire, juste un bagage et mon fils", raconte-t-elle, les yeux dans le vide. "J'ai ce gilet, quelques affaires qu'on nous donne, mais pas grand-chose de chaud", explique Mathoue. "Je suis seule avec mon enfant, je suis le père, je suis la mère, mais là je ne sais pas ce que nous allons devenir", s'inquiète-t-elle. Rentrer à Saint-Martin ? "Mais, je n'ai plus rien là-bas ! Je préférerais reconstruire un avenir pour mon fils ici, à Paris".Solidarité
Venue déjeuner dans le restaurant de l'hôtel, une hôtesse de l'air s'arrête près de cette femme. "J'ai déposé des affaires pour vous, vous les avez bien eu ?" "Non pas encore", souffle Mathoue. Il y a quelques jours, Naïma est passée ici avec des collègues. "En voyant des enfants partout, j'ai demandé ce qui se passait, puis j'ai apporté des vêtements et de la lessive, tout ce qui pouvait leur servir. C'est un minimum, ils n'ont plus rien !"A la rue
Mère de trois enfants, Lodriane n'a véritablement plus rien. Elle a perdu sa maison à Saint-Martin et sa chambre d'hôtel n'est plus prise en charge à Paris. "C'est une catastrophe, je voulais que ça marche et rien n'a marché, confie-t-elle, en larmes. Vue la manière dont on nous a aidé en Guadeloupe, je pensais qu'on nous aiderait plus encore en France hexagonale. Aujourd'hui, je suis comme une voleuse à dormir dans la rue ou dans l'aéroport avec mes trois enfants, je suis perdue, je ne sais pas ce que je dois faire, ni où aller. Je suis de Saint-Martin, mes enfants y sont nés aussi, pourquoi c'est si difficile ?"Du provisoire qui dure
Sans nouvelle des pouvoirs publics, ces rescapés ont pour seul interlocuteur trois personnes de l'association France Horizon installées dans un coin du hall de l'hôtel. Deux éducateurs et une psychologue se relaient auprès d'eux pour tenter de leur apporter de l'aide. France Horizon devait se charger de l'hébergement provisoire des rescapés de Saint-Martin, mais près d'un mois après l'ouragan Irma, cette situation est-elle encore provisoire ?Contacté par La1ere.fr, le ministère de la Cohésion des Territoires se dit "mobilisé sur Irma" et rappelle que "1 700 sinistrées ont été accueillies dans les aéroports franciliens et 166 personnes sont prises en charge dans quatre hôtels en région parisienne".