Fondé en 1984 par une poignée d’Antillais, le Racing Club de Saint-Denis a bien grandi. Il est devenu l’un des gros clubs de football de banlieue parisienne grâce... aux femmes ! Les Séniors féminines évoluent en 2ème division du championnat de France. Et derrière, la relève est assurée.
Angélique Le Bouter•
Sur le terrain d’honneur ce soir-là, les Séniors féminines se qualifient pour les demi-finales de la coupe départementale en battant la J.A. Drancy 6 à 0. Un peu plus tôt, sur un terrain annexe, ce sont les U15 qui ont brillé. Après une victoire 2-1 face à Bobigny ET.F.C, elles sont en finale de cette coupe de Seine-Saint-Denis. Dans les vestiaires, les jeunes filles chantent à tue-tête pour célébrer la victoire et cette finale qu'elles joueront au Stade de France le 19 juin prochain.
Alors oui, l’immense majorité des dirigeants du RC Saint-Denis sont des hommes. Paul Mert, le président. Franck Massicot et José Alexandrine, les vice-présidents. Tous sont antillais, comme une partie des entraîneurs et des éducateurs.
Quand on a créé [le club], c’était surtout pour les garçons.On ne parlait pas de football féminin.
- Paul Mert, président du RC Saint-Denis
Dans cette deuxième moitié des années 1980, "les gamines accompagnaient déjà leurs parents parce que c’était les garçons qui jouaient dans le club, poursuit le Martiniquais. Elles avaient envie de jouer au ballon. Et nous, on a pris ce virage, en disant, on va créer une équipe féminine."
Assidues aux entraînements et couronnées d’un certain succès sur les terrains. Les Séniors féminines jouent en D2, les U15 sont en finale de la coupe départementale... Pourtant, il suffit de discuter avec les joueuses pour voir que rien n'est simple. Réticence familiale, moqueries des garçons... le chemin est souvent semé d'embûches. "Au départ, mes parents ne voulaient pas, se rappelle Lina, joueuse de 22 ans qui a commencé le foot à 8 ans. Pour ma mère, c’était une crainte que j’aille jouer avec des garçons. Pour mon père, il y avait d’autres sports, peut-être un peu moins brutaux."
Malgré le chemin parcouru depuis 1995, le club rencontre aujourd'hui encore quelques obstacles pour évoluer un peu plus vers une totale égalité entre les filles et les garçons. "Les hommes sont encore un peu machos, regrette Paul Mert. Au niveau des partenaires, on voit qu’il y a une petite réticence." Mais le président se console : "Les villes commencent à bouger. La ville de Saint-Denis nous accompagne énormément, même le département et la région."
Le natif de Rivière-Pilote l'assure, à chaque rentrée, les terrains du stade Auguste Delaune sont remplis de petites filles. "On les accepte, on ne refuse personne." Après la victoire des messieurs à la Coupe du Monde l'an dernier, une belle performance des dames en 2019 pourrait faire naître de nouvelles vocations en Seine-Saint-Denis et ailleurs. "La coupe du monde, c’est mettre en valeur le travail qu’on est en train de fournir et c’est très très bien", conclut le président du Racing Club de Saint-Denis.