Mondial de Handball : France-Autriche, "une belle soirée" pour le Martiniquais Jean-Jacques Acquevillo

Toute la puissance du Martiniquais dans ce tir aux 9 mètres au-dessus de la défense autrichienne

La France a fait le job pour son deuxième match du championnat du monde, victorieuse sans peur 35-28 face à l’Autriche. L’occasion de découvrir de nouveaux joueurs, dont le Martiniquais Jean-Jacques Acquevillo, auteur d’un 100 % aux tirs et qui a fait forte impression.

Guillaume Gilles a de la suite dans les idées, révéler les talents antillais de l’équipe de France. Même si on peut regretter les absences de Cédric Sorhaindo et de Mathieu Grébille, deux autres joueurs "made in Madinina" ont repris le flambeau.

Après Wesley Pardin, c’est un autre Lamentinois qui surgit du banc de touche et qui à 32 ans marque ses premiers buts en équipe de France. Jean-Jacques Acquevillo joue à Nîmes dans la Lidl Star Ligue. C’est du costaud et du lourd sur un terrain, aussi bien en défense qu’en attaque. Trois sur trois aux tirs et un carton jaune, au moins il s’engage à fond.

Wesley Pardin n’a pas joué samedi soir, il a regardé Vincent Gérard faire aussi bien que lui lors du premier match avec 17 arrêts. Avec ces deux gardiens de but, la France est bien armée dans ce domaine aussi. Melvyn Richardson n’a eu que 8 petites minutes de temps de jeu. Trop court pour le juger. Quand à Nicolas Claire, l’autre Réunionnais, il attend désespérément un signe de Guillaume Gilles, peut-être contre la Suisse lundi ?
         
Avec deux victoires en autant de matches, les Bleus sont qualifiés pour le tour principal où ils seront certainement opposés à l’Algérie, à l’Islande et au Portugal. Pour entrer en force dans cette deuxième phase, une troisième victoire face à la Suisse (en position favorable pour se qualifier après sa victorie face à l'Autriche) sera nécessaire pour avoir quatre points au compteur car seuls les points marqués face aux équipes qualifiées sont conservés.

Les bleus motivés au moment des hymnes

Réaction de Jean-Jacques Acquevillo, arrière droit de l’équipe de France après le match
" On va dire que ça c’est bien passé, déjà parce que l’on a engrangé surtout une victoire importante pour nous. Nous étions venus là pour ça, pour garder la même intensité que face à la Norvège.  
D’un point de vue individuel, je suis forcément assez content de ma rentrée également. Ce n’était pas prévu au départ mais il y a eu la blessure à l’adducteur de Timothy N’Guessan. Cela arrive dans une compétition internationale, il faut être prêt aux rotations et répondre présent si l’on a besoin de nous. Tout le monde m’a bien aidé à rentrer dans le match.
J’ai aussi marqué mes premiers buts dans un championnat du monde et ça me rend très heureux. C’est une belle soirée pour moi. Pour la suite on verra, on va d’abord préparer le match de la Suisse et je vais continuer à faire de mon mieux. "

 

C’est sûr que tout va très vite pour moi depuis quelques jours, je ne m’y attendais pas du tout, mais je me tenais prêt malgré tout. Ce soir j’ai essayé d’apporter mes qualités et de justifier la confiance du staff et de mes partenaires. 

Jean-Jacques Acquevillo, arrière droit de l 'équipe de France

 


L’avis de Daniel Narcisse, ex-international sur la rentrée de Jean–Jacques Acquevillo, sur l’antenne de BeIn Sport
"Jean-Jacques savait que de toute façon il allait être sur le terrain et sans pression. Il a bien regardé ce qui se passait devant lui avec les intentions tactiques qui ont pu lui trouver de vraies solutions de shoot et là il ne s’est pas posé de questions. C’est très intéressant et même en défense on voit que c’est un bon défenseur avec un vrai impact physique sur les adversaires. Avec cette agressivité et cette présence il apporte quelque chose sur son poste d’arrière droit."

Comme à chaque match de ce Mondial,
Patrice Annonay gardien de but du Tremblay-en-France et consultant depuis de nombreuses années pour le Réseau Outre-mer, nous apporte son point de vue technique.

Patrice Annonay dans les buts du Tremblay-en-France


Outre-mer la 1ère : Patrice un match plutôt tranquille pour l’équipe de France ce samedi, qu’en avez-vous retenu ?

Patrice Annonay : Oui un match sans problèmes, par rapport à l’adversité qui était un peu molle et une équipe jeune en apprentissage. On a bien senti que l’agressivité physique des Français leur a permis de prendre le pas sur les Autrichiens. Mais malgré tout avec les rotations mises en place on a quand même vu des articulations défensives hésitantes.
Heureusement qu’il y avait un grand Vincent Gérard derrière qui, comme Wesley il y a deux jours, a su fermer la boutique. Ce qui prouve qu’on a de bons gardiens en France, mais ça on le savait déjà …

Outre-mer la 1ère : Vous nous parlez un peu de ces hésitations en défense ?

Patrice Annonay : Oui car on s’est retrouvé face à Wagner le pivot costaud qui passait souvent au centre et nous a embêté. Il se baladait en première mi-temps et trouvait le but. Mais on a bien joué le coup par la suite car on a pu faire des montées de balles rapides face à lui, du fait qu’il était un peu lourd et donc lent à se replacer, et on a marqué des buts assez faciles.

Outre-mer la 1ère : Les rotations de l’effectif voulues par Guillaume Gilles prouvent la profondeur et la qualité de notre banc ?

Patrice Annonay : Ça nous a permis de voir Jean-Jacques Acquevillo et Nicolas Tournat pour qui c’était leur premier match. L’équipe de France peut compter aussi sur eux et s’étoffe au fur et à mesure. Un mondial peut paraître long, le sélectionneur a profité de ce match pour faire tourner et c’est une bonne chose.
L’équipe de France monte en puissance, faire tourner ça permet à tout l’effectif de rentrer dans le rythme de la compétition. A certains moments la fraîcheur va être déterminante, tant sur la performance individuelle de chacun mais aussi sur la performance collective.

Outre-mer la 1ère : Comment jugez-vous la performance du nouvel entrant Jean Jacques Acquevillo le Martiniquais ?

Patrice Annonay : Jean-Jacques Acquevillo c’est d’abord un fruit de la formation martiniquaise à la base, et j’en suis heureux. C’est un combattant, il a franchi les échelons de la Nationale 3 à l’élite à Sarran où il a explosé. Il a continué à progresser à Nîmes et il a montré ce qu’il savait faire dans ce match.

Jean-Jacques Acquevillo part au combat motivé par Hugo Descat

 

Jean-Jacques est rugueux, prêt au combat mais c’est aussi un attaquant qui sait mettre la pression sur les défenses adverses. Sa taille, son envergure quand il est en suspension et son engagement sont de vrais atouts pour les Bleus

Patrice Annonay, consultant handball la 1ère.fr

 

Défensivement dans la charnière, il s’est trouvé un coup à gauche un coup à droite, il est polyvalent c’est une de ses forces, mais pas que. Et c’est une nouvelle arme de l’équipe de France.
Pour moi c’est tout un symbole, on avait encore l’an dernier, Mathieu Grébille et Cédric Sorhaindo, on a cette année Wesley Pardin et Jean-Jacques Acquevillo, ça prouve qu’il y a un vrai réservoir des Caraïbes pour cette équipe de France, et qu’il fonctionne toujours.

Outre-mer la 1ère : Melvyn Richardson n’a pas beaucoup joué sur ces deux premiers matchs encore moins dans celui-ci, comment l’expliquez-vous ?

Patrice Annonay : C’est vrai que Melvyn est peu utilisé. L’entraîneur a peut-être la tentation de faire jouer Nedim (Remili)  en demi-centre qui est dans un style complétement différent et percutant alors que Melvyn sera plus capables de distiller la passe décisive. Mais Guillaume a le choix du roi, avec Dika Mem, Melvyn, Nedim Remili, et même Nicolas Claire ou Romain Lagarde pour ce poste de demi-centre. Ce sont tous de très bons joueurs, avec des qualités différentes.

C’est toujours le fantasme français avoir un demi-centre gaucher, ça se voit de plus en plus en club. On a vu Nedim suppléer Nicolas Karabatic dans le Final Four avec le PSG en Allemagne. Melvyn pourra peut-être apporter un plus sur un mondial par la suite. Face à des gros gabarits il peut paraître court mais il a cette faculté d’attirer les joueurs sur lui et de pouvoir lâcher les ballons au pivot. Il faudra attendre de voir comment les choses tournent pour savoir le rôle que lui donnera Guillaume Gilles dans ce Mondial.   

Melvyn Richardson pris dans l'étau autrichien

Outre-mer la 1ère : Comment voyez-vous le prochain match de lundi face à la Suisse ?

Patrice Annonay : Il va être déterminant car la France peut et doit finir première, même si la Suisse sera un peu plus forte que l’Autriche. Avec leur demi centre Andy Schmid qui évolue à Rhein-Neckar Löwen en Allemagne, ils ont pas mal de joueurs qui jouent en Bundesliga et les Suisses ont un bon niveau de jeu, ils sont plus aguerris que les Autrichiens. En plus ils sont arrivés sans pression au dernier moment pour remplacer les Etats-Unis. Alors ok ils ont perdu ce soir face à la Norvège mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Même si nous désormais on connaît bien nos forces après ces deux matchs.