À Londres, les drapeaux sont en berne et une multitude de fleurs décorent le parvis de Buckingham Palace. Depuis la mort de la Reine d'Angleterre Elizabeth II, ce jeudi 8 septembre soir, les Anglais multiplient les hommages à leur souveraine, dont le règne a duré 70 ans. De la capitale, aux quatre coins du pays, ils témoignent leur respect. Tout comme les ultramarins vivant en Angleterre.
Le choc et la tristesse
Nadia Nerom, enseignante de français et d'anglais dans une école internationale de Londres, est en pleine classe lorsqu'elle apprend l'état de santé préoccupant de la Reine. "J'ai tout de suite mis la BCC sur mon portable", raconte la Guadeloupéenne, originaire de la commune du Moule.
Après les cours, dans la salle des profs, tout le monde est rassemblé autour d'un ordinateur qui diffuse les informations. Ils croisent les doigts, angoissés. "On espérait qu'elle tienne le coup", souffle l'Antillaise.
Mais, à 18 heures 30, heure locale, la BCC annonce la mort d'Elizabeth II, âgée de 96 ans. "Je venais de rentrer chez moi quand sa mort a été confirmée. C'est un choc total."
Résidant à Londres depuis plus de 35 ans, Nadia se sent concernée par cet évènement historique : "La Reine réunit tout le monde, qu'on soit Anglais ou pas. Elle fait partie de la vie des gens." Elle confie même avoir visité le château de Windsor à plusieurs reprises.
C'est un peu la grand-mère de tout le monde, il y a beaucoup de tristesse.
Nadia Nerom
Nova Selly, Réunionnaise de 49 ans, ressent également cette tristesse. Londonienne d'adoption depuis 2009, elle est émue et troublée par la nouvelle : "Je pense qu'on ne réalise pas vraiment qu'elle n'est plus là." Cette manipulatrice en radiologie décrit la fin d'une époque.
Elle ne sera plus sur les pièces de monnaie et les billets de banque. Elle va laisser un grand vide !
Nova Selly
Deuil national
S'installe maintenant une période de deuil national d'une dizaine de jours. Dans les rues de Londres, l'ambiance est particulière. Florian Louis-Thérèse, Martiniquais installé dans la capitale depuis sept ans, décrit l'atmosphère comme "morose".
Sur les visages, la tristesse se fait ressentir. Aux vitres des maisons, des images de la défunte sont accrochées. "Ça ne me touche pas de manière personnelle ou émotionnelle mais ça reste un "pilier" de la culture occidentale", explique l'Antillais.
Toutes sortes d'événements sont annulés. "Des apéros ou évènement organisés entre collègues sont annulés", raconte Florian. Nadia fait le même constat :"Ce matin on avait un rendez-vous, un morning tea, organisé avec les parents d'élèves : ça n'a pas eu lieu. Je devais aller voir un match de cricket entre l'Afrique du Sud et l'Angleterre. Pareil, il a été annulé."
Le monde de l'entreprise est tout aussi perturbé. Sylvaine Francis, originaire de Guyane et arrivée en Angleterre en 2004, est en plein lancement de son application mobile de recettes. Résidente de Wellingborough, au nord de la capitale, elle a préféré mettre son business entre parenthèses : "Ça m'a poussé à arrêter, on fait une pause."
Rendre hommage
La Guyanaise est chamboulée par le décès d'Elizabeth II. Pourtant, elle avoue ne pas avoir été une grande fan de la Reine dès son arrivée sur le territoire anglais : "Au début, j'avais des a priori sur la Reine. Mais ici, les gens la respectent et l'aiment, on voit donc les choses différemment." Maintenant, elle se promet d'aller déposer une fleur au pied de Buckingham Palace en l'honneur de la monarque.
Même chose pour l'enseignante guadeloupéenne : "D'habitude le vendredi soir, on va boire un verre au pub avec les collègues. Ce soir, on ira plutôt à Buckingham Palace déposer des fleurs."