[Municipales 2020] Ces choses que vous ne savez (peut-être) pas sur les Outre-mer

Les 15 et 22 mars prochains, les électeurs sont appelés à voter aux élections municipales. Un acte citoyen qui relève parfois du défi. Parachutage du matériel, randonnée ou pirogue... Voici quelques unes des spécificités électorales les plus marquantes en Outre-mer.
Quand ils se tiennent loin de l'Hexagone, les scrutins donnent parfois lieu à des situations insolites pour les électeurs comme pour les candidats. Anticipation et motivation sont deux incontournables en Outre-mer pour accomplir son devoir citoyen. La 1ère a compilé quelques exemples insolites. 
 

► Les bulletins de vote largués par avion

C’est une tradition vieille d’une trentaine d’années en Polynésie française. À 15 000 km de l’Hexagone, certaines communes reçoivent leurs bulletins de vote par les airs. C’est parfois la seule et unique solution pour que certains des quelque 200 000 inscrits puissent accomplir leur devoir de citoyens.

Dans cette collectivité composée de 118 îles, dont 76 sont habitées, et étendue sur une surface proche de celle de l’Europe, certains atolls isolés sont livrés par bateau, d’autres par avion. Faute d’aéroport sur les plus petites îles, des conteneurs remplis de bulletins sont largués. Ils sont équipés d’un parachute pour un atterrissage sans encombre.
L'atoll Kaukura, dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française. Situé à 330 km de l'île de Tahiti, il compte un peu plus de 400 habitants.
 

► En Guyane, le vote en pirogue

En Guyane, certains habitants vivent à plusieurs heures de pirogue de leur bureau de vote. À Grand Santi comme à Maripasoula, commune de France la plus étendue, on vient voter en pirogue. C’est la seule solution pour la poignée d’électeurs qui vit dans des hameaux isolés, au cœur de la forêt amazonienne. Faute de route, c’est par le fleuve Maroni que les habitants de ces communes de l’ouest guyanais, frontalières du Surinam, se déplacent.
Vue aérienne de Maripasoula, commune la plus étendue de France.
 

► Deux heures de marche à La Réunion

Certains Réunionnais doivent aussi faire preuve de motivation pour accomplir leur devoir. À Mafate, cirque situé sur trois communes de l’île de La Réunion, il n’existe pas de route pour se rendre aux bureaux de vote. Isolés, les quelques centaines d’habitants des ilets (villages) du cirque, dont le plus élevé se trouve à 1645 mètres d’altitude, ont l’habitude de la randonnée. Le vote s’effectue à la force des mollets.
Vue aérienne du cirque de Mafate.
 

► En Guadeloupe, le président de l'association des maires inéligible car policier

Le président de l'association des maires de Guadeloupe Jean-Claude Pioche, maire de la Désirade depuis 2014, s'est vu signifier son inéligibilité, "en raison de son statut de brigadier dans la Police aux Frontières", alors même qu'il l'était déjà lors de son premier mandat. Il ne pourra donc pas briguer un second mandat, compte tenu de l'interdiction du cumul des fonctions de maire et de policier par le code électoral. Une interdiction qui aurait être appliquée mais ne l'a pas été lors de la précédente élection. 
Jean-Claude Pioche en 2017.

 

► À Régina-Kaw, l’élection du maire annulée trois fois en six ans

C’est un feuilleton à rebondissements dont se seraient bien passé les quelque 500 électeurs de Régina-Kaw. Cette vaste commune de Guyane s’apprête organiser ses quatrièmes élections municipales depuis 2014. Cette année-là, Michel Quammie l’emporte mais il demande la dissolution du conseil municipal deux ans plus tard.

Des élections partielles municipales sont, finalement, organisées en avril 2018. Pierre Désert (déjà maire de la commune de 1977 à 2004) est élu. Pas pour très longtemps : son mandat est annulé par un décret du conseil des ministres deux mois après les élections partielles. Le préfet nomme alors une "délégation spéciale", chargée de gérer la commune en attendant l’organisation de nouvelles échéances électorales. Elles ont lieu en mars 2019. Pierre Désert est réélu maire le 17 mars 2019. Il n’est pas candidat à sa succession en 2020.
Maire de Régina Kaw de 1977 à 2004, Pierre désert (ici en 2006) a également été conseiller général entre 1979 et 2015, avant de devenir membre de l'Assemblée de Guyane en 2015.

Si on ajoute, à ces élections municipales, les territoriales (2015), la présidentielle (2017), les législatives (2017) et les Européennes  (2019), les habitants de Régina-Kaw auront été appelés aux urnes 8 fois en 6 ans.  
 

► Emprisonné, un Tahitien élu maire

Cette situation surprenante date de 2008. Émile Vernaudon était candidat à sa propre succession à la mairie de la commune de Mahina sur l’île de Tahiti. Soupçonné d'abus de biens sociaux et de détournement de fonds, il a été placé en détention provisoire quatre mois avant l'élection. Ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre sa campagne... et de remporter la mairie. À peine sorti de prison, il est condamné dans une autre affaire et doit démissionner de son poste de conseiller municipal.
Emile Vernaudon, candidat à sa propre succession aux municipales de mars 2008 dans la commune Mahina, est photographié, le 12 février 2008 à la prison de Nuutania à Faaa-Tahiti, alors qu'il est placé en détention préventive depuis le 4 décembre dernier.
 

► En bonus : le clip de campagne, cet argument insolite

La campagne électorale est souvent l'occasion pour les candidats, notamment en Outre-mer, de réaliser un clip de campagne. Si, à un peu plus de deux semaines du scrutin, les candidats ultramarins semblent être encore un peu timides, certaines chansons tournent déjà.
 
Mention spéciale pour Didier Robert, candidat à Saint-Denis de La Réunion. Sa chanson et sa vidéo de campagne ont été publiés le 10 février.

Saint-Denis
avec Didier Robert
tout le monde les mains en l'air

 
Pour la conquête de la mairie de Saint-Denis, Ericka Bareigts, l'ancienne ministre (socialiste) des Outre-mer, a elle aussi joué le de la chanson de campagne :