Le nickel calédonien fragilisé par la situation aux Philippines et ses conséquences au LME

Transport du minerai de nickel dans l'usine de nickel SLN de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
L'industrie minière des Philippines est en passe de gagner sa bataille contre la ministre de l'environnement du pays. Les exportations de nickel devraient bondir. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie, l'un des principaux concurrents des Philippines. Le cours du nickel chute.
Le printemps du nickel et des trois sociétés minières et métallurgiques calédoniennes aura été de courte durée. Le « métal du diable » reprend ses tours avec un « bras de fer » décisif aux Philippines. Le départ annoncé de Régina Lopez, la « pasionaria environnementale" du gouvernement philippin n’est plus qu’une question de jours. En conséquence, la conjonction de mines de nickel produisant de nouveau à plein régime, couplée à un ralentissement de l’économie chinoise pourrait avoir des conséquences « assez néfastes sur les cours du nickel » indique Lambert Commodities, consultant en financement des matières premières à la City de Londres. Un euphémisme tout britannique alors que les cours du métal chutent déjà mercredi avec l'annonce du départ imminent de madame Lopez. Un départ qui annonce une reprise des exportations de minerais.

Victoire des industriels philippins

La décision du parlement des Philippines de rejeter la nomination de la ministre de l’environnement du pays a entrainé « une baisse de 2,7 % du cours du nickel à Londres » constate le Financial Times. Le lobbying intense de l’industrie minière auprès des parlementaires philippins a porté ses fruits. Ils ont choisi de ne pas confirmer madame Lopez à son poste. Celle qui s’est fait connaître en s’opposant à l’industrie minière, en imposant un audit sur les sites les plus polluants, 23 mines dont la production représente 8,7 % de l’offre mondiale, semble avoir perdu la bataille.

"La valeur de la production calédonienne est influencée par la situation politique aux Philippines qui impacte négativement le cours mondial du nickel. En plus, les investisseurs sont stressés, ils ont perdu patience et pris leurs bénéfices. Tout le secteur des métaux industriels au LME est sous pression" résume un expert du Metal Bulletin, le journal de référence du marché londonien des métaux (LME).

Du nickel en veux-tu, en voilà

Aux Philippines, les mines les plus polluantes devraient intensifier leur production. 23 sociétés minières représentent des quantités considérables de nickel sur le marché. À cela s’ajoute la reprise des exportations indonésiennes. Dans ces conditions, les experts de Commerzbank estiment que « l'intensification des exportations des Philippines et de l’Indonésie devrait empêcher toute hausse durable des prix du nickel cette année ». La hausse de l'offre en provenance des Philippines pourrait casser la reprise.

Ralentissement de l’économie chinoise

Selon la note d’analyse du consultant londonien Capital Economics adressée à la 1ere.fr, « on constate des signes évidents de refroidissement de la demande intérieure chinoise qui pèsera sur la demande de matières premières ». « Nous avions toujours prévu que l’activité de la Chine ralentirait en 2017 » précise Capital Economics. En conclusion de ces notes pessimistes ajoutons l'opinion du principal négociant londonien de nickel, Marex Spectron : « La demande est faible, la dynamique de l’offre est forte, le nickel s'est immobilisé et, à moins d'avoir une impulsion significative de la demande chinoise ou des flux spéculatifs, les prix vont encore baisser ». Depuis quelques jours, une pluie fine et froide tombe sur Londres. A la City, le "printemps du nickel" et des autres métaux industriel aura été de courte durée.

Le nickel perd 3 % au LME

Le cours du nickel était à la peine mercredi à Londres. Le prix de la tonne de métal pur qui sert de référence au prix du ferronickel et aux sels de nickel calédonien s’échange autour de 9.250 dollars la tonne, en baisse de 3 %. Le marché londonien anticipe négativement la reprise des exportations des Philippines et de l'Indonésie. Les "trois soeurs" calédoniennes du nickel, Eramet (SLN), Glencore (KNS) et Vale (VNC), perdent autour de 4 % sur les bourses européennes.