Nickel : comment la Chine impacte la production de la Nouvelle-Calédonie 

Chef d'équipe de construction chinois en 2011 sur le site de l'usine du Nord en Nouvelle-Calédonie
La Bourse des métaux de Londres suit attentivement les chiffres de la production calédonienne de nickel. Elle n’a pas réagi aux résultats du Référendum. La Chine détermine le marché et pèse sur les prix du "métal du diable" produit en Nouvelle-Calédonie depuis la fin du 19ème siècle.

Pas de réaction du marché du nickel, le LME, à la victoire du non à l’indépendance en Nouvelle-Calédonie. Les investisseurs avaient anticipé le résultat, pariant sur la responsabilité des acteurs politiques du Territoire.

"Seul un blocage immédiat des sites miniers et des usines aurait été susceptible de faire grimper les cours et ce scénario n’a pas été jugé sérieux", a précisé Jim Lennon, principal analyste du nickel à Londres.

Et puis, la "Grande Terre du nickel" comme on l’appelle encore, ne représente que 7 à 8 % de l’offre mondiale : c’est à la fois beaucoup, au vu de la superficie de l’archipel, et peu, puisque plus de 90 % du nickel mondial est extrait et transformé ailleurs : Indonésie, Philippines, Chine, Australie, Canada, Russie, Afrique du Sud, Cuba ou Finlande pour ne citer que quelques-uns des pays producteurs.

Le prix du nickel poursuit son recul au fil de la semaine, pénalisé par des inquiétudes sur l'économie chinoise, mais également par une future augmentation de l'offre d'un mastodonte industriel pour le secteur des batteries électriques.

Plus de nickel pour les batteries ?

Le groupe chinois Tsingshan a en effet annoncé jeudi dernier que sa production de matte de nickel, un concentré issu de la première fusion du minerai, avait débuté en Indonésie.

Le premier producteur mondial d'acier inoxydable est aussi un métallurgiste du nickel. Il est associé notamment au groupe français Eramet en Indonésie, dans le ferronickel, et en Argentine dans le lithium, et entend devenir le premier producteur de nickel de qualité batterie.

Tsingshan veut réorienter sa production de nickel, de l’acier inoxydable vers les batteries, et répondre ainsi à la demande grandissante des véhicules électriques.

Pour autant, le pari n'est pas gagné. La production, puis la transformation de matte de nickel pour aboutir à du nickel de haute pureté n'est pas sans impact sur l'environnement et les émissions de CO2. Des sujets sensibles, notamment en Europe, au Japon et aux Etats-Unis.

Usine chinoise de production de véhicules électriques

Le cours du nickel baisse, un peu

"La baisse des prix du nickel au LME reste modérée par rapport à celle de mars", quand Tsingshan avait annoncé le lancement futur de cette chaîne de production, a souligné Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank.

Selon lui, cela prouve que les investisseurs "tablent toujours sur un marché en manque d'offre de nickel à long terme". "C'est l'atout de la Nouvelle-Calédonie avec son usine de Prony Resources, celle du nickel des batteries électriques", poursuit Jim Lennon.

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 19.202,00 dollars mercredi à 09H30 GMT, contre 20.030,00 dollars le vendredi précédent à la clôture.

"Le marché manque de volumes", souligne Al Munro, analyste chez Marex, qui souligne l'incertitude qui pèse sur la Chine pour expliquer le désintérêt provisoire des investisseurs pour ce secteur des matières premières, très dépendant de la demande industrielle chinoise.

Outre le défaut sur un paiement du géant de l'immobilier Evergrande, la croissance de la Chine ralentit: l'OCDE a abaissé début décembre ses prévisions de croissance dans le pays cette année et l'an prochain, à 8,1% et 5,1%.

Plus de 70 % des exportations calédoniennes de nickel étant destinées à la Chine, quand le géant s'enrhume, le prix du nickel tousse...

Transport du minerai de nickel dans l 'usine SLN (Eramet) de Doniambo en Nouvelle-Calédonie