Nickel : Eramet préserve encore la SLN mais fixe ses conditions

Christel Bories, Présidente du groupe minier français Eramet engagé dans la transition énergétique
La plus ancienne compagnie minière au monde ne subira pas de procédure de sauvegarde, pour le moment. Les deux administrateurs calédoniens d’Eramet sont un peu rassurés, mais vigilants. De son côté, la présidente d'Eramet se veut optimiste mais elle n'exclut rien.
 
Face aux difficultés persistantes de sa filiale calédonienne, Eramet a décidé de préserver la SLN, mais pour combien de temps ? Le groupe métallurgique et minier demande la réduction rapide de sa facture d'électricité, cruciale pour faire baisser les coûts de production. A l'issu du conseil d'administration, les deux administrateurs calédoniens se sont exprimés, puis en soirée la présidente d'Eramet. Avec des nuances assumées.

La situation est critique, mais la SLN peut s'en sortir. La question du nickel a été examinée, ce mercredi à Paris, par le conseil d’administration du groupe métallurgique et minier. La situation difficile dans laquelle se trouve la filiale nickel du groupe Eramet ne justifie pas le déclenchement d’une procédure de sauvegarde, tout au moins dans l'immédiat. "On refera le point dans quelques semaines" a déclaré Christel Bories, la présidente d'Eramet.

Débats constructifs
"Le conseil d’administration d’Eramet a été constructif, serein, sérieux, avec des débats un peu vifs, mais des décisions prises à l’unanimité." Ainsi parle, en fin de matinée Philippe Gomes à la sortie du Conseil d’administration d’Eramet. Des propos que partage Louis Mapou, l’autre administrateur du groupe, de sensibilité indépendantiste. Cette fois, ils ont encore "sauvé le soldat SLN", la procédure de sauvegarde n’a pas été déclenchée. Sujet primordial pour les deux administrateurs calédoniens, la question du nickel, de la SLN, pourraît être inscrite à l’ordre du jour du prochain Comité des signataires qui se tiendra cet automne à Paris.

Sauver la SLN
Pour Louis Mapou et Philippe Gomes, une solution doit être trouvée, et rapidement, pour faire baisser le prix de l’électricité fourni à la SLN, qui est parmi les plus élevés au monde. Tout de même, les deux administrateurs calédoniens ont pointé les retards dans le lancement du projet de nouvelle centrale électrique qui doit alimenter l'usine de Doniambo. La responsabilité en revient, selon eux, aux précédentes directions d’Eramet. Une façon de reconnaître, sans l'avouer, que les choses avaient changé et allaient beaucoup plus vite avec Christel Bories, l’actuelle PDG du groupe.

Et l'industrie calédonienne 
Pour Louis Mapou, "le Conseil d'administration d'Eramet a décidé de se donner du temps, jusqu’à la fin de l’année pour mieux apprécier les avancées qui ont été obtenues et qui sont en cours de mise en œuvre en Nouvelle-Calédonie (…) Le nouveau gouvernement du pays s’est engagé à poursuivre les discussions sur la question de la tarification de l’électricité" (à la SLN ndlr) "Nous pensons que le nickel a de belles perspectives au niveau mondial (énergie verte des véhicules électriques ndlr) c’est pour cela qu’au-delà du plan d’urgence, il faut l’inscrire la SLN dans une perspective durable dans la cadre de la Nouvelle-Calédonie."

Un optimisme partagé ?
Oui, a ensuite confirmé Philippe Gomes, car il y a des perspectives positives "quand on autorise 4 millions de tonnes de minerai d’exportation, on donne à la SLN les moyens de générer des profits (…) "et les efforts des salariés de la SLN en matière de productivité ont fait baisser le coût du travail. Ces deux réformes structurelles permettent de faire baisser le prix de revient de la SLN de 20 %." Le Conseil d’administration d’Eramet se retrouvera, pour faire le point sur la situation, d’ici la fin de l’année, et Philippe Gomes de faire preuve d’optimisme, "les fondations de la maison (SLN) sont solides, les murs sont montés (…) les fondamentaux sont bons, c’est ça qui est important."

Les interrogations de Christel Bories 
Eramet a publié en soirée ses résultats semestriels, y compris ceux de sa filiale calédonienne du nickel, et ils ne sont pas bons. Le communiqué d'Eramet précise néanmoins que "des avancées ont été enregistrées dans le plan de sauvetage de l'activité de production de nickel en Nouvelle-Calédonie." La SLN est maintenue en vie, oui mais sous condition. Le prix de l’électricité doit être renégocié, le climat social apaisé et les exportations de minerai réalisées. Sinon ? "Il y a un moment où on pourrait dire "stop", aujourd’hui ce moment n’est peut-être pas encore venu, il faut laisser au plan de sauvetage la chance de se réaliser" prévient Christel Bories, réaliste et déterminée. Et la PDG du groupe Eramet de rappeler les 325 millions d’euros de prêt consentis par les actionnaires du groupe. Visiblement, il n’est pas question, pour la présidente d'Eramet d'en faire plus, au risque de fragiliser l'ensemble du groupe français, engagé dans la transition énergétique.