Nickel, Nouvelle-Calédonie, transition énergétique : Matthew Chamberlain, le directeur général de la Bourse des métaux de Londres parle

Matthew Chamberlain, directeur général (CEO) du London Metal Exchange (LME)
Matthew Chamberlain, le directeur général du LME, l’un des hommes les plus puissants de la City l'affirme : "La Bourse des métaux de Londres a besoin du nickel produit en Nouvelle-Calédonie". Nous avons rencontré celui qui d'ordinaire ne s’exprime que dans la presse économique anglo-saxonne...
 
Les voitures électriques sont l’avenir des constructeurs automobiles. L'Europe et la Chine parient sur l'électrification des transports pour assainir l'air dans les villes. Elles ont besoin de la Nouvelle-Calédonie.

La Nouvelle-Calédonie et nous
"La Bourse des métaux de Londres (LME) a besoin du nickel produit en Nouvelle-Calédonie". Matthew Chamberlain, le directeur général du LME l’affirme. Chaque jour au LME, la production calédonienne est intégrée à l'offre mondiale, elle contribue à la cotation du nickel sur le marché londonien.

Transition (nickel) énergétique
A Londres, les nouveaux bus rouges de la City sont passés à l’électrique. Dans leurs batteries du nickel et du cobalt qui sont le pétrole du XXIe siècle. A Bruxelles, les dirigeants nourrissent l'ambition de créer un Airbus des batteries vertes. La Bourse des métaux de Londres sera le régulateur mondial de ce marché en plein essor. À l'avenir, l'ensemble des analystes anticipent toujours une forte hausse de la demande et de l'offre de nickel. "Sur le long terme, nos prévisions restent les mêmes, car la transition énergétique va se réaliser. On ne sait pas exactement à quel rythme, mais sur des marchés comme ceux du nickel pour batteries, la demande devrait être multipliée", explique Matthew Chamberlain, directeur général du London Metal Exchange.

Atout éthique et responsable
La transition électrique devrait donc profiter au nickel, mais le métal se prépare à faire sa révolution éthique, comme le cuivre et surtout le cobalt. "En 2022, tous les métaux industriels, toutes les matières premières auront une origine connue, une traçabilité. Les ressources naturelles ne peuvent plus être d’origine douteuse" poursuit Matthew Chamberlain. Du nickel responsable, produit dans des pays respectueux des droits humains et de l’environnement, "comme la Nouvelle-Calédonie", les traders vont devoir l’accepter, car les industriels le demandent et surtout, les consommateurs l’exigent.
 
Reportage à Londres de Alain Jeannin et Nordine Bensmail
©la1ere

En ces temps du nickel mondialisé, volatile et multiforme, le "métal du diable" est devenu le favori de l’automobile verte et du marché des métaux de Londres. La demande va fortement augmenter dans les prochaines années, les négociants de Londres en sont convaincus. Ils ne font pas la différence entre le nickel des batteries et le nickel de l’acier inoxydable, ils voient le mot "nickel" et les quantités qui sont disponibles pour le marché et qui font les prix.

Besoin de la Nouvelle-Calédonie
La référence au LME, c’est le prix de la tonne de nickel pur établi, chaque jour, en fonction de l'offre et de la demande. La valeur d’un produit, d’un alliage s’établit ensuite en pourcentage de sa teneur en nickel. La spéculation pèse aussi sur les cours du métal, mais elle fait partie du monde de la finance. Régulateur du marché, la Bourse des métaux de Londres s'efforce, bien plus que par le passé, d'imposer des règles et de contrôler le bon déroulement des échanges. Et Matthew Chamberlain de conclure : "La Bourse des métaux de Londres va voir un besoin de beaucoup de nickel propre pour la prochaine génération des véhicules électriques, sans oublier la demande pour l’acier inoxydable. Le défi, pour la Nouvelle-Calédonie, sera de répondre à la demande croissante du marché mondial des métaux".