La justice a reconnu "un scandale sanitaire" mais a mis lundi un point final, sans poursuites, à l'information judiciaire ouverte depuis 2008 sur l'empoisonnement massif de la Martinique et la Guadeloupe au chlordécone, un pesticide autorisé dans les bananeraies jusqu'en 1993. La décision a été communiquée jeudi.
Pour le groupe parlementaire de La France insoumise, "les cinq pages d'explications du non-lieu (...) laissent un goût amer, un goût de honte", évoquant un document où "il n'est question, au mieux, que d'imprudence et de négligence de la part des pouvoirs publics à la faveur de la productivité économique".
Les députés insoumis déplorent dans leur communiqué que "le souci et la difficulté pour obtenir la vérité judiciaire et la preuve pénale des faits justifient le non-lieu", et que les victimes soient "mises en cause pour être restées longtemps silencieuses".
Rappelant que "plus de 90% de la population adulte antillaise est contaminée, détenant le triste record mondial de cancers de la prostate", ils réaffirment leur soutien "à toutes les victimes" et appellent le gouvernement à "répondre aux demandes de reconnaissance comme maladie professionnelle de pathologies issues de ladite contamination".
Un non-lieu "incompréhensible"
Europe Ecologie - les Verts a dénoncé de son côté un non-lieu "incompréhensible", qui "aggrave un scandale néo-colonial", rappelant que le chlordécone, "polluant très persistant, va rester présent dans les sols et les eaux durant des siècles, détruire la biodiversité et impacter l'agriculture et la pêche, affaiblissant ainsi l'économie locale".
Le non-lieu prononcé alors que le scandale sanitaire est reconnu démontre, "que le droit environnemental doit encore évoluer et que l'écocide doit être pleinement reconnu", ajoute le parti écologiste, qui soutient la décision de faire appel des parties civiles.
Soutenant lui-aussi l'appel des parties civiles, Fabien Roussel a dit sur Twitter "partager la colère des élus, des habitants des Antilles empoisonnés à petit feu, des ouvriers agricoles, dans les bananeraies, en première ligne face à ce poison".