Nordgold et le WWF : adversaires en Guyane, un peu moins en Russie

Camp de base du projet minier Montagne d'Or en Guyane
La compagnie minière britannique à capitaux russe Nordgold (actionnaire majoritaire de la société française Montagne d'Or) et le Fonds mondial pour la nature en Russie (WWF Russie) ont signé le 1er février un mémorandum d'entente et un accord de coopération en matière de protection de la nature. 
Le WWF Russie et Nordgold coopèrent notamment au sein d'un projet intitulé "La cigogne orientale - oiseau symbole de la région de l'Amour". Nordgold extrait de l’or en Russie dans la mine de Berezitovy. Cette mine à ciel ouvert acquise en 2008 a produit 79 700 onces d'or en 2016, par un procédé de lixiviation au cyanure en cuve étanche. C'est le même procédé qui est envisagé en Guyane pour le projet Montagne d’Or (MdO). Le rapport Cyclope sur les matières premières prévoit une hausse de 7% des cours du métal précieux en 2018.

Communiqué et réactions

Dans un communiqué publié le même jour, le WWF France réagit et dénonce une tentative d’instrumentalisation : « Après en avoir discuté avec nos collègues russes, nous tenons à préciser qu'il s'agit d'un mécénat local et limité à une espèce, la cigogne orientale. Nous regrettons que ce mécénat qui vise légitimement à préserver une espèce soit grossièrement instrumentalisé par Nordgold. Contacté par la 1ere.fr, la communication de la société minière Montagne d’Or à Paris se refuse à polémiquer, mais indique « sa volonté de dialogue et de concertation avec tous les acteurs concernés par le projet minier responsable guyanais, y compris le WWF».

Les faits

En Nouvelle-Calédonie, le WWF est associé à un programme de suivi environnemental auquel participe aussi une société minière. Le WWF participe à l’Observatoire de l’environnement (ŒIL) au côté notamment d’un représentant de la multinationale brésilienne Vale. Il ne s’agit pas, toutefois, d’un partenariat direct comme en Russie.
En Guyane, le projet Montagne d’Or prévoit la création de plus de 750 emplois directs et de 3 000 emplois indirects, notamment dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. Sur place, le taux de chômage est de 50% de la population active. Les emplois directs concerneront 57 métiers liés à l’exploitation, à l’usine de traitement, aux services administratifs, et à la base-vie et 4 niveaux de qualification (ouvriers, ouvriers qualifiés, techniciens supérieurs et cadres). L’objectif est d’arriver à 90% d’emplois locaux qui bénéficieront de la convention collective nationale française du secteur.

« Le projet industriel et minier pourrait encore évoluer » indique une source proche du dossier. L’ouverture du débat public et citoyen dans le département devrait commencer à la fin du mois de mars.