En Nouvelle-Calédonie, cette usine va livrer le nickel et le cobalt des véhicules électriques

Usine du Sud nickel et cobalt du brésilien Vale en Nouvelle-Calédonie
La décision du géant mondial des matières premières de développer son outil industriel est perçue comme un signe d’optimisme. Un pacte d'actionnaires a été signé. Vale parie sur la demande accrue de nickel et de cobalt pour les batteries des véhicules électriques.
 
Pour augmenter la production des deux métaux qui sortent déjà de l’usine du Sud en Nouvelle-Calédonie, la multinationale Vale va investir 257 millions d’euros en 2019. Autant que les investissements qui seront réalisés dans tous les territoires français d’Outre-mer. Vale vient en plus d’effacer un total de près d'un milliard d’euros de dettes. Le pari est ambitieux, faire du nickel et du  cobalt de la Nouvelle-Calédonie l'un des composants essentiels des batteries électriques chinoises, japonaises, coréennes et américaines.

Notre objectif est clair, c’est de porter la production de l’usine du Sud au maximum de ses capacités (autour de 50.000 tonnes NDLR) nous devons être prêts à répondre à la demande des véhicules électriques, de la transition énergétique. Nous anticipons le décollage du marché et le nickel fait partie de cette aventure, mais aussi le cobalt, c’est ce qui explique notre effort financier considérable. Cette grande usine en Nouvelle-Calédonie est une ressource essentielle pour participer au boom de la demande pour les batteries des véhicules électriques.

Mark Travers Président de Vale Canada


La filiale canadienne de Vale a déjà signé des contrats d'une valeur de 268 millions d’euros pour le projet Lucy, qui implique de nouvelles méthodes de traitement et de stockage des déchets. Jusqu'à 600 spécialistes devraient être embauchés dans les prochaines semaines pour commencer les travaux de terrassement du site.

"Ce pacte d’actionnaires avec la société de participation minière du Sud calédonien est un jour heureux pour Vale Nouvelle-Calédonie, l’usine du Sud a un nouveau projet industriel et nous avons le soutien de nos actionnaires. Nous avons reconstitué les capitaux propres et la capacité à distribuer des résultats en Nouvelle-Calédonie, enfin le groupe Vale a revu tous nos contrats ainsi que nos garanties sur les instruments financiers, ce qui va augmenter de 340 millions d’euros le résultat de l’entreprise. Nous disposons de tous les leviers nécessaires. Nous devons désormais réussir cette montée en puissance industrielle (...)L’usine du Sud emploie un total de 3 500 personnes, elle va en employer près de 800 de plus (...) Nous représentons déjà 12 % du PIB calédonien.

Antonin Beurrier Président de Vale Nouvelle-Calédonie.

 
©la1ere

L’expansion de Vale en Nouvelle-Calédonie marque un revirement dans les orientations stratégiques de sa maison mère au Canada, et peut-être une évolution de la gouvernance de Vale dont le siège est au Brésil. Plus question de mettre en pause l’usine calédonienne et le grand gisement minier de Goro (VNC) d’une valeur de 7 milliards d’euros, par crainte d’un effondrement du prix du nickel qui ne s’est finalement pas produit. Idéalement située en bord de mer, le complexe intégré du Sud (mine et usine) produit aussi du cobalt.

"Le changement positif s’est construit dans la durée et notamment à mesure que se confortait le marché pour les véhicules électriques. On perd encore de l’argent, mais on s’est mis d’accord sur une feuille de route pour devenir profitable et répondre à la demande du marché. Les 5 % du capital détenus par la Nouvelle-Calédonie ne bougeront pas, c’est un socle stable et perenne, il y a une option claire pour monter à 10 % si la société de participation minière du Sud calédonien le souhaite et seulement si elle le souhaite."

Antonin Beurrier Président de Vale Nouvelle-Calédonie


Pour Vale, il s’agit donc d’une décision stratégique, d’un pari sur le développement  des véhicules électrique et des batteries vertes. L'usine calédonienne du Sud peut répondre rapidement à la demande. Ce n’est pas encore le cas de la plupart des complexes industriels prévus dans la zone Asie Pacifique. En effet, ils n'en sont souvent qu’à l’état de projet. L'énorme effort financier visait aussi à assainir la situation du complexe industriel calédonien vis à vis des banques et des investisseurs internationaux. C'est chose faite.