La venue d'Emmanuel Macron à Ouvéa le 5 mai, lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie, à six mois d'un référendum sur l'indépendance, divise la population de cette île, théâtre du paroxysme des violences entre indépendantistes et loyalistes dans les années 1980.
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À l'entrée de la tribu de Gossanah, au nord d'Ouvéa - où a eu lieu le 5 mai 1988 l'assaut meurtrier contre la grotte où des indépendantistes retenaient des gendarmes en otages -, une banderole a été déroulée : "Non à Macron le 5 mai à Iaii" (Ouvéa, ndlr).
Emmanuel Macron, le premier président de la République à se rendre sur place, doit passer toute une matinée à Ouvéa, dans la province des îles Loyauté, pour des "gestes de mémoire et de recueillement silencieux", sans prononcer de discours, selon l'Élysée.
Il n'ira pas à la grotte elle-même. La mémoire de ces événements "douloureux et complexes" est régulièrement célébrée sur ces sites, et pas à la grotte, a justifié l'Élysée.
"Du 22 avril au 8 mai, on se souvient de ceux qui sont morts. On a appris cette visite par la presse, personne ne nous a prévenus. Ici, il y a des sentiers de la parole à respecter, mais là ils mettent l'action avant la parole", a protesté Macky Wéa, une figure de Gossanah.
"On va faire notre possible pour l'empêcher", a-t-il ajouté, précisant que des discussions étaient en cours avec des chefs coutumiers kanak de l'île. Toute la tribu est actuellement mobilisée pour entretenir le souvenir des tragédies qui l'ont marquée, dans un esprit de réconciliation et de transmission aux nouvelles générations.
C'est à Gossanah qu'en 1989, le leader des indépendantistes kanak Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant, Yéweiné Yéweiné ont été assassinés par Djoubelly Wéa, lui aussi indépendantiste, qui s'estimait trahi par la signature des accords de Matignon le 26 juin 1988 avec l'État et les anti indépendantistes.
Ouma Touet, engagé dans le "Comité 30 ans après" de Gossanah, estime lui aussi que cette visite "est précipitée". "Il nous a fallu des années pour faire la réconciliation avec les gendarmes, puis le pardon avec les familles Tjibaou et Yéweiné. Là, on apprend ça sans rien préparer", lâche-t-il.
Soutenu par la mairie d'Ouvéa et la province des îles Loyauté, le "Comité du 5 mai" est en revanche partisan de la venue d'Emmanuel Macron, tout comme de nombreux habitants. "Aucun président n'est jamais venu à Ouvéa, il faut l'accueillir", confie un employé municipal.
En début de semaine, l'Union Calédonienne (FLNKS) avait souhaité que "tout soit mis en oeuvre pour que cette visite se déroule dans le consensus et la sérénité", tout en constatant "l'absence d'unanimité".
Le 22 avril 1988, un commando indépendantiste avait attaqué la gendarmerie d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes et en prenant vingt-sept autres en otages. À la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle, le gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, en cohabitation avec François Mitterrand, avait opté le 5 mai pour la manière forte afin de libérer les otages, retenus dans une grotte. L'assaut avait fait 21 morts : deux militaires et 19 kanak, dont certains sommairement exécutés.
Emmanuel Macron, le premier président de la République à se rendre sur place, doit passer toute une matinée à Ouvéa, dans la province des îles Loyauté, pour des "gestes de mémoire et de recueillement silencieux", sans prononcer de discours, selon l'Élysée.
Commémoration et recueillement
Il doit participer à une cérémonie commémorative à la gendarmerie de Fayaoué et se recueillir au mémorial dédié aux 19 militants kanak morts en 1988 dans un assaut du GIGN contre la grotte, ainsi qu'à celui rappelant les assassinats le 4 mai 1989 des leaders nationalistes Jean-Marie Djibaou et Yeiwéné Yeiwéné.Il n'ira pas à la grotte elle-même. La mémoire de ces événements "douloureux et complexes" est régulièrement célébrée sur ces sites, et pas à la grotte, a justifié l'Élysée.
"Du 22 avril au 8 mai, on se souvient de ceux qui sont morts. On a appris cette visite par la presse, personne ne nous a prévenus. Ici, il y a des sentiers de la parole à respecter, mais là ils mettent l'action avant la parole", a protesté Macky Wéa, une figure de Gossanah.
"On va faire notre possible pour l'empêcher", a-t-il ajouté, précisant que des discussions étaient en cours avec des chefs coutumiers kanak de l'île. Toute la tribu est actuellement mobilisée pour entretenir le souvenir des tragédies qui l'ont marquée, dans un esprit de réconciliation et de transmission aux nouvelles générations.
C'est à Gossanah qu'en 1989, le leader des indépendantistes kanak Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant, Yéweiné Yéweiné ont été assassinés par Djoubelly Wéa, lui aussi indépendantiste, qui s'estimait trahi par la signature des accords de Matignon le 26 juin 1988 avec l'État et les anti indépendantistes.
"Pas à cette date"
"Je suis contre la venue de Macron, on a des choses à lui dire mais pas à cette date", explique pour sa part Benoît Tangopi, qui a participé en 1988 à la prise d'otages des gendarmes de Fayaoué.Ouma Touet, engagé dans le "Comité 30 ans après" de Gossanah, estime lui aussi que cette visite "est précipitée". "Il nous a fallu des années pour faire la réconciliation avec les gendarmes, puis le pardon avec les familles Tjibaou et Yéweiné. Là, on apprend ça sans rien préparer", lâche-t-il.
Soutenu par la mairie d'Ouvéa et la province des îles Loyauté, le "Comité du 5 mai" est en revanche partisan de la venue d'Emmanuel Macron, tout comme de nombreux habitants. "Aucun président n'est jamais venu à Ouvéa, il faut l'accueillir", confie un employé municipal.
En début de semaine, l'Union Calédonienne (FLNKS) avait souhaité que "tout soit mis en oeuvre pour que cette visite se déroule dans le consensus et la sérénité", tout en constatant "l'absence d'unanimité".
Le 22 avril 1988, un commando indépendantiste avait attaqué la gendarmerie d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes et en prenant vingt-sept autres en otages. À la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle, le gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, en cohabitation avec François Mitterrand, avait opté le 5 mai pour la manière forte afin de libérer les otages, retenus dans une grotte. L'assaut avait fait 21 morts : deux militaires et 19 kanak, dont certains sommairement exécutés.