Il occupe le "perchoir" du boulevard Vauban depuis plus de deux ans. Roch Wamytan, président UC du Congrès, a fait savoir qu’il sera candidat à sa succession lors du renouvellement du bureau, à la fin du mois. Plus largement, son parti a été au cœur des négociations destinées à enfin doter le dix-septième gouvernement d’un président et d’un vice-président.
Roch Wamytan faisait par ailleurs partie de la délégation Union calédonienne durant la séquence politique de fin mai-début juin à Paris, qui a débouché sur la décision d’un référendum le 12 décembre 2021. Dimanche 4 juillet, il était l’invité du journal télévisé sur NC la 1ere pour évoquer ces différents sujets. Voici ce qu’on peut en retenir.
Vers un gouvernement présidé par l’UNI
Le haut-commissaire a convoqué les membres du dix-septième gouvernement le jeudi 8 juillet pour qu’ils tentent à nouveau d’élire leur président. Après quatre essais infructueux, Louis Mapou (Union nationale pour l’indépendance) est pressenti pour remporter les voix, majoritaires, des listes indépendantistes. "C’est ce qu’a décidé l’Union calédonienne lors de son comité directeur de Houaïlou", a développé l’UC Roch Wamytan.
"La présidence du gouvernement reviendra à UNI et nous, on essaiera d’assumer la présidence du Congrès." Un "échange de bons procédés entre les deux principaux groupes du FLNKS", a-t-il formulé. "En ce qui nous concerne, ce serait le candidat UNI, le Palika nous a annoncé officiellement que ce sera Louis Mapou."
Il déplore le temps perdu
L’invité du JT a posé un regard critique sur l’impasse qui a suivi la chute du seizième gouvernement, le 2 février. "Cinq mois de discussions, pour arriver à rien. Pour arriver à la situation dans laquelle les Calédoniens sont actuellement. Avec des souffrances, des inégalités de plus en plus criantes, des gens qui vivent au jour le jour… Non, ça suffit. L’Union calédonienne a pris sa décision, quel que soit le prix à payer au Congrès."
Cinq mois… Il faut parfois faire son mea culpa, c’est un peu une impréparation dans nos structures qui a fait que nous en sommes arrivés là.
Et quid, du candidat initial de la liste UC-FLNKS-Nationalistes-Eveil océanien à la présidence de l’exécutif ? "Les discussions ont été longues, pendant tous ces cinq mois, et je pense que les uns et les autres étaient épuisés, à chercher une solution autour de la candidature de Samuel Hnepeune", a déclaré Roch Wamytan. "Je pense qu’[il] ira à la convocation. Et peut-être que dans les semaines à venir, en fonction de la situation du pays, des analyses que le part [ou] le FLNKS fera, il va partir, il va rester… A cette heure-ci, je n’en sais rien."
Pour la présidence du Congrès, "tout est ouvert"
L’Eveil océanien a indiqué qu’en cas de candidat unique du camp loyaliste à la présidence du Congrès, il lui apporterait son soutien. Ce qui pourrait priver de perchoir Roch Wamytan, l’Union calédonienne et les indépendantistes en général. Sur le plateau de NC la 1ere, le premier intéressé s’est voulu optimiste. "Aux alentours du 23-26 juillet, il y aura l’élection du président mais aussi de l’ensemble des instances du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. On verra à ce moment. On a encore le temps de pouvoir discuter. Il n’y a pas de majorité fixe et certaine, comme à l’époque de Jacques Lafleur. Tout le monde discute avec tout le monde, et tout est ouvert."
Il attend la publication du document final sur le Oui et le Non
Pour Roch Wamytan, qui faisait partie de la délégation UC, les négociations parisiennes ont été "fructueuses" pour faire avancer la réflexion sur les implications du Oui ou du Non à la prochaine consultation. "Après ce premier document, considéré de 44 pages, avec ensuite un deuxième document qui a pris en compte les deux premières journées de travail, [les services de l’Etat] sont sur le troisième document, qui va intégrer l’ensemble des réflexions qui ont émergé et les recommandations des différents groupes qui ont participé." Un document enrichi qui "doit être rendu public".
Nous nous sommes déplacés. Nous avons été remerciés et félicités, je ne sais pas combien de fois. Ça veut dire qu’on a eu peut-être raison, d’y aller ! Ça va donner lieu à un document de 70 pages. La population calédonienne va s’en saisir. Et j’espère qu’elle sera éclairée pour le troisième référendum.
Une consultation dont la date du 12 décembre laissera peu de temps pour mener une campagne en profondeur. "C’est pour ça qu’on était contre", a répété Roch Wamytan. "Le gouvernement a choisi cette date-là. Nous avons fait savoir que nous n’étions pas d’accord. Mais compte-tenu que c’est le troisième référendum, il fallait se mettre en ordre de bataille."
Nous allons nous mettre en ordre de bataille pour tenter de gagner ce troisième référendum.
La cession houleuse de l’usine du Sud pourrait nuire au Oui, reconnaît-il
Parmi les questions avancées par les internautes, l’un d’eux a évoqué "les violences de Vale" et "la chute du gouvernement", en demandant si "cela ne risque pas de nuire au Oui pour le référendum". Réponse de Roch Wamytan : "Nous pensons que ça pourrait nuire, bien sûr, parce qu’il y a eu tellement d’incivilités qui se sont déroulées autour de ce dossier de l’usine. Nous avons quand même réussi à sauvegarder les emplois. C’est le travail des coutumiers, des politiques aussi, d’avoir pu sauver cette usine. Nous l’avons fait. C’est vrai, un petit peu dans la douleur."
Pourquoi il s’exprime peu sur Saint-Louis
Plusieurs de ces questions s’adressaient à Roch Wamytan en tant que grand chef de Saint-Louis, estimant qu’on l’entend peu sur les exactions associées à la tribu et à la traversée de la RP1. "Il y a des moments où il faut parler, il y a des moments où il faut se taire et faire. Je choisis le faire", a rétorqué le responsable coutumier, qui a évoqué différentes personnes habilitées à s’exprimer sur le sujet. "En ce qui me concerne moi, j’ai essayé de protéger mes fonctions de président du Congrès."
S’il fallait que je m’exprime à chaque caillassage, je vais m’exprimer toutes les semaines. Mais nous sommes en train de trouver des solutions pérennes, sur ces questions de délinquance ou d’incivilités dans les tribus, notamment urbanisées. Nous en avons longuement parlé à Paris avec nos interlocuteurs.
Entretien complet avec Yvan Avril :