Représenter Sonia Backès au Sénat, Gil Brial se dit prêt. “D’habitude on ne fait pas attention au suppléant parce qu’il siège quand le titulaire décède ou est ministre. Et jusque-là on n’avait pas eu de ministre”, rappelle-t-il. Si Sonia Backès est élue le 24 septembre et toujours secrétaire d’Etat à la citoyenneté, il prendra sa place tant qu’elle restera en fonction. "On travaille ensemble depuis vingt ans. J’ai l’habitude d’être parmi ses seconds, donc c’est quelque chose que je vis très bien”, a-t-il assuré dimanche soir, au journal télévisé de NC la 1ère.
Ses qualités ?
"Cette élection sénatoriale est particulière” : les deux sénateurs calédoniens devront travailler "sur les lois de la République mais également sur la sortie de l’accord de Nouméa”, replace Gil Brial. Sonia Backès estime qu’il a les qualités nécessaires. Il confirme être “patient”. Et surtout impliqué dans la vie politique. Il est l’un des huit membres de la délégation non-indépendantiste dans les discussions avec Gérald Darmanin. Pour autant, modifier la constitution pour notamment dégeler le corps électoral “ne va pas être si facile. Il va y avoir des oppositions fortes. Notre rôle sera de trouver la majorité”.
Le combat devra se faire avec tous ceux qui pourront nous aider à ancrer définitivement la Nouvelle-Calédonie dans la France.
Or, la majorité présidentielle pour laquelle il est candidat avec Sonia Backès ne dispose pas de la majorité au Sénat. Il faudra aller chercher les Républicains. Et le Rassemblement national ? Gil Brial n’écarte pas cette possibilité.
L’unité jugée nécessaire pour reprendre le gouvernement et le Congrès
Trois candidats sont pour l’instant déclarés aux sénatoriales, tous non-indépendantistes, pour deux postes. Sonia Backès, pour la majorité présidentielle, Pierre Frogier, pour le Rassemblement, et Georges Naturel, le maire de Dumbéa. Sans surprise, Gil Brial juge cette désunion "dangereuse”. Notamment dans la perspective des provinciales. “Dégeler le corps électoral ne suffira pas à donner la majorité aux non-indépendantistes” pour reprendre la majorité au gouvernement et au Congrès, appuie-t-il, revenant sur 2019. "Ce qui nous a fait perdre la majorité, c’est la désunion dans le Nord et les Îles”, estime-t-il. Les deux provinces étant proportionnellement surreprésentées au Congrès, il faut s'y présenter “complètement unis (…) parce qu’aujourd’hui ce sont les indépendantistes qui dirigent et imposent ce contre quoi nous avons voté”.
Dans le futur statut, ce qui compte, c’est d’éviter le millefeuille des compétences.
Gil Brial, également conseiller municipal à Dumbéa, est revenu sur le forum municipal organisé samedi pour réfléchir à la place des communes dans le futur statut. Il confirme qu’une séparation des fonctions d’élu provincial et d’élu au Congrès a été abordée. Mais pour lui, le plus important est de repenser la répartition des compétences. Il prend l’exemple du sport. "Aujourd’hui, au gouvernement, vous avez une direction des sports. Dans chacune des provinces, vous avez une direction des sports. Dans chacune des communes, vous avez un service des sports.” Résultat : un manque d'efficacité et un surcoût.
“Repousser le droit à l’autodétermination à cinquante ans”
Autre échec de l’Accord de Nouméa abordé par Gil Brial : la construction d’un destin commun. Il en attribue la responsabilité autant au peuple qu’aux politiques. Et au-delà, aux référendums, rapprochés. Ils ont attisé le “clivage politique qui s’est transformé en clivage ethnique.” "Nous reconnaissons le droit à l’autodétermination mais il faut que ce soit quelque chose que l’on repousse à plus de cinquante ans parce que ça n’aide pas à avancer ensemble.”
Sa vision de Nainville-Les-Roches
Interrogé sur Nainville-Les-Roches, l’homme politique en retient “la reconnaissance d’un peuple premier et l’existence des autres victimes de l’histoire. Mais Jacques Lafleur refuse (de signer la déclaration finale NDLR) parce qu’à l’époque, la volonté des indépendantistes était d’exclure notamment la communauté wallisienne et futunienne de ceux qui avaient le droit de s’exprimer sur l’autodétermination”, assure-t-il.
Une partie des discussions d’il y a quarante ans trouve en tout cas toujours écho. Le ministre des Outre-mer d'alors, "Georges Lemoine disait que l’objectif était d’amener de la stabilité et des perspectives aux Calédoniens pour relancer l’économie. Aujourd’hui, Gérald Darmanin pourrait dire la même chose avec la nécessité de regrouper les indépendantistes et les loyalistes."