Entre le 16 juillet, à Saint-Louis, et le 14 août, à Tyé, cinq églises, chapelle et presbytère ont été incendiés en Calédonie. Au Mont-Dore, sur l'île des Pins, à Thio, Touho et Poindimié. Voyez le résumé de ces exactions, par David Sigal.
"Mal vécu"
"La volonté de nuire est évidente", pour l'archevêque de Nouméa. "Je partage la peine avec les paroissiens qui voient leur église qui disparait ou qui est profanée", a déclaré Monseigneur Michel-Marie Calvet, 80 ans, sur le plateau de NC la 1ère ce dimanche 18 août. "C'est quelque chose qui est mal vécu", a-t-il insisté, en évoquant les communautés locales de croyants mais aussi "différentes autorités" qui ont exprimé leur choc.
La signification du lieu de culte est particulièrement forte dans l'Eglise catholique, comme elle l'est dans l'Eglise orthodoxe.
Monseigneur Calvet, archevêque du diocèse de Nouméa
La religion dissociée de la prise de possession
Comment interpréter ces actes ? "Je ne sais pas trop", répond le responsable du diocèse calédonien. "Certains disent qu'au plan historique, l'Eglise catholique aurait fait le chemin de la prise de possession française." Mais de rétorquer : "Ceux qui connaissent l'Histoire savent que le premier évêque, Monseigneur Douarre, est mort plusieurs mois avant la prise de possession". Il rappelle également "le pardon de Mahamate", sollicité par l'Eglise catholique auprès des Kanak lors de la Noël 1993 à Balade.
Prières pour la paix
Au lendemain de la dernière attaque contre une église, les fidèles ont célébré une Assomption particulière. Sans grand pèlerinage. "On a prié Notre-Dame-de-la-paix, partout, et c'était bien nécessaire dans ces circonstances", indique l'archevêque. "Mais Notre-Dame de l'Assomption, c'est la fête patronale du diocèse. Il n'était pas question de réunir une foule", les conditions de sécurité "n'étaient pas réunies".
"Un problème de la jeunesse considérable"
Trois mois plus tôt, Monseigneur Calvet avait des mots très forts, à la cathédrale. "L'île la plus proche du paradis est devenue la plus proche de l'enfer", disait-il en lisant une déclaration commune des églises chrétiennes. "Il y a un dialogue à rouvrir, persiste-t-il. On contribuera autant qu'il est possible à l'ouvrir. Mais pour le moment, il faut essayer d'analyser aussi les causes. Il y a un problème de la jeunesse qui est considérable", ajoute-t-il en évoquant l'influence des adultes qui l'accompagnent. L'invité du dimanche a aussi mentionné "une nécessité d'espérer", en écho à de précédentes périodes dramatiques.
Il faut se maintenir en dehors de cette violence, qui est gratuite et se fait passer pour autre chose que ce qu'elle est. Ce n'est pas un idéal quelconque qui est poursuivi, mais c'est ce qu'on appelle la politique du chaos.
Monseigneur Calvet
L'archevêque regrette par ailleurs que la visite du pape dans la grande région, début septembre, ne s'étende pas à la Calédonie. Il ne compte pas se rendre en Papouasie où le pontife est attendu. "Chacun essaie d'être à son poste pour assurer le service qui est possible."
"Il manque 353 millions" à l'enseignement catholique
Quant aux problèmes rencontrés par l'enseignement catholique, qui entraînent l'absence d'internat et de cantine, l'archevêque revient à la grande manifestation de mai 2023. "Ce qui a été dit à ce moment-là, c'est que malgré toute la bonne volonté, on ne pouvait pas assurer les fonctions d'accueil des élèves avec les moyens qui étaient alloués et qui ne cessaient de baisser." Et de préciser à l'antenne : "Il manque actuellement 353 millions CFP (…) On a diminué autant que possible toutes les dépenses depuis déjà des années. Maintenant, on nous demande de passer le mur avec une échelle trop courte."
Son entretien avec Valentin Deleforterie