Le dix-septième gouvernement calédonien n’a toujours pas de président

La salle dédiée aux séances collégiales du gouvernement calédonien.

L’élection du président a encore tourné court, mardi matin, à Nouméa. Les membres du dix-septième gouvernement calédonien ont campé sur leurs positions. Samuel Hnepeune, Louis Mapou, Thierry Santa : aucun des trois candidats n’a obtenu la majorité nécessaire.

Pas de «fumée blanche», mardi matin, la deuxième convocation par le haut-commissaire n’a pas eu plus de succès que la première. Un mois après la chute du gouvernement, les onze membres de l’exécutif à majorité indépendantiste élu pour lui succéder, le 17 février, ont à nouveau échoué à désigner leur président (et leur vice-président). 

Le récit de Bernard Lassauce et Gaël Detcheverry :


Le communiqué officiel du gouvernement:

 

Pas la majorité nécessaire

Les trois mêmes candidats ont été présentés à la présidence. Aucun n’a eu suffisamment de voix pour être élu. Ce qui n’est pas franchement une surprise. Les informations glanées la veille auprès des différents groupes politiques laissaient penser que les discussions n’étaient pas abouties, entre l’Union calédonienne et l’Union nationale pour l’indépendance.  

Samuel Hnepeune obtient logiquement les trois voix UC-FLNKS et Nationalistes / EO.

Trois voix pour Samuel Hnepeune

Samuel Hnepeune a obtenu les trois voix des élus UC-FLNKS et Nationalistes et Eveil océanien. Le groupe est resté fidèle à sa stratégie : proposer un président issu de la société civile, fort d’une expérience de terrain dans le public et dans le privé. Mais le nom de l’ancien patron du Medef-NC, et PDG d’Air Calédonie, avait surpris au moment du dépôt des listes. Et suscité une fracture entre indépendantistes - le Parti travailliste, rappelons-le, a donné sa voix à l’Uni lors de l’élection du gouvernement.

Louis Mapou, candidat Uni, a eu trois voix.

Trois pour Louis Mapou

Trois voix également pour Louis Mapou, le chef de groupe Uni au Congrès. Un nouveau match nul que les élus non-indépendantistes du gouvernement n’ont pas départagé. 

Quatre pour Thierry Santa

L’Avenir en confiance a en effet maintenu son candidat. Le président sortant Thierry Santa a cette fois encore eu quatre voix. AEC qui affirmait hier ne pas avoir de discussion avec les autres groupes.
Calédonie ensemble et son nouvel élu Joseph Manauté ont conservé par ailleurs leur stratégie d’abstention, avec un bulletin blanc.

La séance était présidée par Yannick Slamet en tant que doyen des membres.

 

Vers la mise sous tutelle ?

Statu quo, donc. En attendant la prochaine tentative (aucune date pour l'instant), le seizième gouvernement continue à gérer les affaires courantes. Mais la Nouvelle-Calédonie semble se diriger vers une mise sous tutelle de l'Etat, puisque le budget du pays n'a pas encore été voté, et qu'il doit l'être avant le 31 mars.
 

Indépendantistes : «On poursuit les discussions»

Côté indépendantistes, les négociations se poursuivent, assure Gilbert Tyuienon.«Pas de président encore aujourd'hui», a réagi ce matin le membre Union calédonienne de l'exécutif. «Néanmoins, pour rassurer peut-être la population du pays, au niveau du FLNKS et avec nos amis du Palika, on poursuit les discussions. On est dans ce qu'avait indiqué le président Wamytan ce week-end à la télé : on prend le temps de la discussion pour essayer de trouver les meilleurs équilibres possibles. En termes de présidence du gouvernement, mais c'est aussi sur l'animation des secteurs, et comment on prend en compte tout le monde au gouvernement.»

Gilbert Tyuienon au micro de Bernard Lassauce et Gaël Detcheverry:

 

Avenir en confiance : «Tout ça pour ça» 

Côté Avenir en confiance, c'est Isabelle Champmoreau qui s'est exprimée ce matin (avant un communiqué officiel). «Nous avons au nom de l'AEC présenté la candidature de Thierry Santa qui a reçu le plus grand nombre de suffrages, donc quatre voix», confirmait-elle. «J'ai envie de dire, finalement, tout ça pour ça... Avoir fait chuter le gouvernement dans la précipitation, comme l'ont d'ailleurs reconnu certains élus indépendantistes ces derniers jours. Casser l'équilibre institutionnel qui est fragile dans cette dernière ligne droite de l'accord de Nouméa. Tout ça au détriment de la gestion de la vie quotidienne des Calédoniens en matière de chômage, mais aussi de gestion de la crise sanitaire, également de la gestion des comptes sociaux sur la question du Ruamm.»

Isabelle Champmoreau au micro de Bernard Lassauce et Gaël Detcheverry :