Novembre 2017 : Teddy Riner, l'Invincible, couronné pour la dixième fois au plan mondial, éternisé au Panthéon du Sport

Rituel d’avant combat : dernière tape dans la main chétive et ferme d’Eden, son fils de trois ans, puis Teddy Riner prend la direction du tatami central pour la finale des Championnats du Monde toutes catégories. Au Palais des Congrès de Marrakech, ce 11 novembre 2017, en début de soirée, le Guadeloupéen a rendez-vous avec l’histoire.

Le natif de Pointe-à-Pitre marche vers la "Décima". Le colosse antillais de 2,03m et 141,3 kg entend bien rentrer dans le cercle très fermé des sportifs et équipes légendaires, comme Rafaël Nadal, dix fois vainqueur à Roland-Garros, et le Real Madrid dix fois victorieux de la Ligue des Champions.
Tous les voyants sont au vert. Teddy est affûté après sa neuvième médaille d’or mondiale, obtenue cinq semaines plus tôt à Budapest. Pas le temps de savourer la 9^è couronne. Sur la plus haute marche du podium, l’Antillais est déjà tourné vers la "Décima".
L’ultime objectif de fin de saison, le dixième titre mondial sonne comme l’accomplissement de sa carrière.

Une longue préparation et un soutien familial de poids

Le porte-drapeau de l'Équipe de France aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, se préserve durant plus de douze mois. Il ne dispute aucun combat officiel avant ses neuvièmes Mondiaux. À 28 ans, après 11 années dans l’élite, il sait économiser son corps pour atteindre les objectifs majeurs. La star du Paris Saint-Germain Judo est invaincue depuis sept ans. Le 13 septembre 2010, en finale des Mondiaux toutes catégories à Tokyo, sur décision des arbitres, il perd son combat face au Japonais Daiki Kamikawa. Teddy vit la défaite comme une maladie.

À sa grande surprise, sa famille est venue en nombre pour le soutenir. Entre 65 et 70 personnes, son fils Eden, ses parents, grands-parents, parrain, marraine et amis proches ont fait le déplacement. Toutes les personnes qui comptent pour lui sont présentes pour l’encourager.

Six combats pour le titre suprême

Les judokas de tous gabarits peuvent concourir. La stature du Guadeloupéen et son incroyable mobilité sont ses meilleurs atouts. Il écarte tout d’abord d’un uchimata le Kirghize Iurii Krakovetskii, combat remporté dans les dernières secondes du golden score. Au deuxième tour, le Géorgien Guram Tuchichvili qu’il a difficilement battu en demi-finale aux Mondiaux de Budapest, deux mois plus tôt, s’impose comme un des adversaires les plus sérieux. Le double champion olympique des lourds (2012 et 2016) et nonuple champion du monde bat successivement Tuchichvili et le Tunisien Faicel Jaballah par waza-ari. En huitième de finale, il élimine le Mongol Temuulen Battulga par ippon. En demi-finale, il vient à bout du Cubain Andy Granda, au golden score grâce à un waza-ari.

La différence de gabarit est frappante en finale. Le Belge Toma Nikiforov, pèse près de 40 kilos de moins. Teddy place un waza-ari, 23 secondes après le coup d’envoi, puis un second après 2 minutes, à la moitié du combat. Il mène aux points. Ses supporters égrènent à voix haute et avec puissance les dix dernières secondes. La tribune exulte. Il lève tout d’abord ses bras au ciel. Puis il se laisse tomber sur ses genoux douloureux. D’un geste presque mécanique, il brandit ses dix doigts en référence à la Décima, face à ses supporters et son fils Eden. C'est la seconde fois que le judoka guadeloupéen décroche le titre de Champion du Monde toutes catégories.

Paris 2024, l’ultime objectif

Sa première consécration remonte à une décennie. En 2007, il est sacré plus jeune Champion du Monde masculin. Sa dernière distinction date de 2023, à Doha, où il obtient sa 11^è couronne de Champion du Monde des + 100 kg. Fort de ses 18 titres, 11 mondiaux, 5 Européens et deux olympiques, champion olympique par équipes mixtes 2O21, il domine la planète judo.

Dans ce palmarès exceptionnel, seule la médaille de bronze à Tokyo en 2021, sonne comme une déception. Actuellement en stage au Japon, il prépare les Jeux 2024. Teddy Riner n’a actuellement qu’un objectif : conquérir sa troisième couronne olympique individuelle aux JO de Paris. À ce jour, seul le judoka japonais Tadahiro Nomura en moins de 60 kg, a réussi cet exploit.