Olivier Dubois n'a pas la parole rare. Depuis son retour en France, le 20 mars 2023, quelques jours avant le deuxième anniversaire de sa capture par les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, le reporter raconte sans tabous ses sombres mois passés dans le nord du Mali, loin de ses proches. Pour sa chronique Ils ont fait l'actu, France info s'est entretenu avec le Martiniquais, qui commence "pas à pas à revenir" à la réalité.
Revenu souriant et visiblement en forme à l'aéroport de Villacoublay, où l'attendaient sa famille et le président Emmanuel Macron il y a bientôt cinq mois, Olivier Dubois a encore du mal à retrouver une vie normale. "Les deux premiers mois ont été difficiles parce que vous êtes un peu entre deux mondes", raconte l'ex-otage.
J'avais l'habitude de vivre dans le désert, de dormir au sol, de pas voir ma famille, de pas voir de technologie autour de moi... Donc ça a mis du temps. Je crois que je commence à reprendre mes repères depuis mi-juin.
Olivier Dubois, ex-otage au Mali, sur France info
Plus de 700 jours, ça laisse des traces, admet celui qui était correspondant pour plusieurs médias au Mali avant d'être capturé en plein reportage. Aujourd'hui, le Martiniquais a toujours un peu la tête et le corps quelque part au Sahara. "Je pense qu'ils le seront encore un moment, dit-il. J'y travaille : je suis entouré, j'ai un suivi psychologique..."
Faire de la captivité une "expérience", pas un traumatisme
Pour Olivier Dubois, pas question d'entrer dans le cercle vicieux du traumatisme. Comme lui, d'autres journalistes ont déjà vécu une telle expérience. Beaucoup sont restés marqués à jamais. "Je veux faire de ça une expérience, des souvenirs, mais pas des blessures à porter tout le long de ma vie", espère-t-il.
On m'a volé deux ans de ma vie. Le but, c'est de revenir et d'essayer d'être rapidement sur pied. J'ai des enfants, j'ai une famille, j'ai des projets pour ne pas être impacté des années encore après la captivité.
Olivier Dubois, journaliste enlevé au Mali, sur France info
Interrogé par la journaliste Sandrine Etoa-Andegue de France info sur de possibles regrets – il avait été averti par les autorités françaises des risques d'enlèvement –, Olivier Dubois répond par la négative : "Je me suis dit qu'il ne fallait pas regretter. Il faut que j'en tire quelque chose, ça peut me rendre plus fort, plus conscient." Mais il reconnaît qu'"il y a eu une erreur de [s]a part". "Il y a certainement eu un excès de confiance, et des signaux que j'aurais peut-être pu voir et, qu'avec le recul, je vois maintenant."
Après son retour en France, Olivier Dubois s'est lancé dans une tournée de remerciements pour saluer tous ceux qui l'ont soutenu. Seul sujet qu'il refuse d'évoquer : les révélations par plusieurs médias sur le rôle trouble joué par l'armée française dans son rapt par le groupe terroriste le 8 avril 2021.