Angelo dans la forêt mystérieuse est le premier film d'animation produit par un studio réunionnais en sélection officielle au Festival de Cannes. Le film, destiné aux enfants, a également beaucoup fasciné les adultes présents dans la salle Agnès Varda du Palais des Festivals, mercredi. Arnauld Boulard, président du studio d'animation réunionnais Gao Shan Pictures, était à la sortie de la projection, très ému et soulagé après six ans à monter le projet. Entretien.
Outre-mer la 1ère : C’est votre première sélection officielle en tant que producteur au Festival de Cannes. Qui est Angelo, le héros de votre film ?
Arnauld Boulard : On a déjà effectivement eu plusieurs films auxquels on avait collaboré à Cannes, mais c’est notre premier long métrage en tant que producteur. C’est une étape extrêmement importante pour le studio. On est intervenu dans toutes les étapes d'animation du film avec en plus une technique d'animation qui est aussi une première mondiale.
C’est l’histoire d’Angelo qui a une douzaine d’années et qui est un grand aventurier dans l’âme. Il se trouve qu’un jour, avec sa famille, ils partent voir sa grand-mère malade et ses parents l’oublient sur une aire d’autoroute. Et Angelo, pour aller sauver sa mémé, va devoir traverser la forêt sombre et mystérieuse dans laquelle il va découvrir toutes sortes de créatures, d’individus et devoir se battre contre Ultra, qui est là pour détruire la forêt.
C'est un film destiné aux enfants qui traite de beaucoup de sujets d’actualité comme le changement climatique, le rôle très important des petites filles... C'était une volonté de votre part ?
Le film est adapté d’une BD de Vincent Parronaud, qui est aussi l'un des coréalisateurs du film. C’est un auteur de BD plutôt adulte et c’était sa première BD enfant et effectivement, elle portait déjà pas mal de ces thématiques. Et là oui, on traite d’écologie, on traite d’identité de genre… Il y a vraiment un niveau de lecture adulte qui est absolument fantastique avec beaucoup de références à l’histoire du cinéma d’animation, donc on est très contents du résultat.
Ce que la mémé inculque à Angelo aussi, c'est qu’il faut croire en ces rêves, il faut suivre son parcours de vie et le résultat à l’arrivée, je ne vais pas le spoiler ! Une première mondiale à Cannes en sélection, on ne peut pas tellement rêver mieux.
Pourquoi votre présence ici est-elle si importante pour le cinéma réunionnais ?
Pour le cinéma d’animation déjà, c’est important parce que c’est encore un peu le parent-pauvre du cinéma. J’ai vraiment apprécié que Thierry Frémaux (le délégué général du festival, ndlr) en présentation du film, dise que l’animation est du cinéma, car c’est notre grande bataille. On a des grands films de cinéma d’animation ici à Cannes.
C'est important d'être à Cannes pour La Réunion, parce qu’il y a des forces vives dans les Outre-mer, et c’est vrai qu’on a tendance à l’oublier. On l’a montré avec le FIFOI, le Festival international du film de l’Océan Indien, le mois dernier. D’être là en sélection avec un long-métrage, pour nous, ce n'est que le début. Ça fait dix ans qu’on a monté le studio Gao Shan à La Réunion, c'est dix ans d'aboutissement. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres avec d’autres producteurs, d’autres réalisateurs, d’autres studios réunionnais pour qu’ils puissent rayonner dans le monde.