Plus l'opération Wuambushu approche, plus les communiqués, les déclarations et les réactions s'enchaînent. Ce samedi 22 avril, c'est le président des Comores qui s'est à nouveau exprimé sur la question.
"En ce qui concerne les événements de Mayotte, la voie choisie est celle du dialogue", a affirmé Azali Assoumani, chef d'État et imam autoproclamé, depuis la mosquée de Mitsudje (15 km de la capitale Moroni) où il a dirigé la prière en ce jour symbolisant la fin du ramadan dans le pays de l'océan Indien.
"Nous privilégions la recherche de perspectives nouvelles pour trouver une solution à ce contentieux désagréable", a-t-il ajouté d'une mine grave, vêtu d'un long manteau noir d'apparat et d'un kofia, bonnet traditionnel.
La France prévoit de déloger des migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte et expulser les sans-papiers, dont la plupart sont des Comoriens, vers Anjouan l'île comorienne la plus proche située à seulement 70 km.
"Nous ne pouvons pas parler d'accord"
Le gouvernement français n'a pas donné de date précise pour le lancement de l'opération baptisée "Wuambushu" (reprise, en mahorais) du ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Mais quelque 1.800 policiers et gendarmes sont déjà stationnés à Mayotte.
Vendredi, le porte-parole du gouvernement de Moroni, Houmed Msaidie, a déclaré que "les Comores n'entendent pas accueillir des expulsés issus de l'opération projetée par le gouvernement français à Mayotte".
"Mon gouvernement a clairement affiché sa position, il n'acceptera pas d'expulsions", a renchéri samedi le ministre de l'Intérieur comorien. Fakridine Mahamoud a toutefois déclaré poursuivre les discussions avec la France et s'être entretenu encore la veille avec Gérald Darmanin: "J'ai bien discuté avec mon homologue français. À ce stade, nous ne pouvons pas parler d'accord".
Azali Assoumani, qui assure depuis février la présidence de l'Union africaine et candidat à sa propre succession à la présidentielle l'an prochain aux Comores, "ne peut pas heurter" la France, explique toutefois l'ancien président de l'Assemblée nationale comorienne, Mohamed Said Abdallah Mchangama.
Un accord à 150 millions d'euros
Les Comores se sont engagées dans un accord signé en 2019 à "coopérer" avec Paris sur les questions d'immigration en échange d'une aide au développement de 150 millions d'euros.
De nombreux migrants africains et notamment comoriens périssent régulièrement dans des naufrages en tentant chaque année de rallier clandestinement Mayotte, notamment à bord de petites embarcations de pêche à moteur surchargées appelées kwassa kwassa.
Située entre Madagascar et la côte est-africaine et faisant géographiquement partie de l'archipel comorien, Mayotte s'est séparée des Comores en 1974 lors d'un référendum où les trois autres îles ont choisi l'indépendance. Elle est devenue département français en 2011 et l'Union des Comores refuse toujours d'y reconnaître la souveraineté de la France.
Selon l'Institut national des statistiques français (Insee), près de la moitié des 350.000 habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française mais un tiers des étrangers de l'île y sont nés.