Du battant des lames aux sommets des montagnes, La Réunion est métisse : une société construite sur la colonisation, l'esclavage et l'engagisme. Mais aujourd'hui l'économie de l'île s'appuie sur le secteur des services. Les touristes y apprécient particulièrement ses pitons et son célèbre volcan.
Chef-lieu : Saint-Denis
Statut : département et région d’Outre-mer (DROM)
Zone : Océan Indien, archipel des Mascareignes
A l’est, l’île Maurice (à 200 km)
Au l’ouest, Madagascar
Paris se trouve à environ 9200 km
La Réunion fait partie des régions ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne
Langues : français et créole
La Réunion est la troisième région la plus densément peuplée de France avec 374 habitants au km2, derrière l’Île-de-France (1017 habitants au km2) et Mayotte (723 habitants au km2). La moitié environ de la population de l’île se concentre sur les zones littorales, en raison de son relief montagneux.
En 1764, la Compagnie des Indes orientales fait faillite, et le roi de France rachète l’île Bourbon. S’ensuit alors un renouveau économique, toujours entraîné par la culture du café mais connaissant une diversification avec l’exportation d’épices comme la muscade, le poivre et la cannelle. En mars 1793, pendant la révolution française, le territoire est rebaptisé île de La Réunion, en hommage à la réunion des fédérés marseillais et des gardes nationaux parisiens durant les événements, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbon. En février 1794, l’abolition de l’esclavage décrétée par la Convention est rejetée par les colons de l’île. S’ensuit une période où le pouvoir de la métropole n’a plus aucune autorité sur sa colonie. La Réunion passera même sous domination britannique en 1810, avant d’être rendue aux Français en 1814.
Au tournant du XIXe siècle, la monoculture intensive du café baisse fortement, en raison notamment de catastrophes climatiques. Elle est rapidement remplacée par celle de la canne à sucre dont la demande explose, avec la perte par la France de Saint-Domingue, devenue Haïti et indépendante. Le 20 décembre 1848, l’abolition de l’esclavage est officiellement proclamée à La Réunion. L’île compte alors un peu plus de 100.000 habitants dont 60.000 nouveaux affranchis. Pour pallier à la perte de main d’œuvre, la colonie met en place le système de l’"engagisme" sous contrat, et procède au recrutement de 100.000 travailleurs, en majorité d’origines indienne et chinoise. On comptera également parmi eux des Africains et des Malgaches. Ces "engagés" seront exploités dans des conditions de travail forcé, finalement pas très éloignées de l’esclavage.
♦ Archives d'Outre-mer : la "Fet Kaf", célébration de l'abolition de l'esclavage à La Réunion
Au début du XXe siècle, l’économie de La Réunion va progressivement décliner, au rythme de l’effondrement des cours du sucre. Puis vient la Première guerre mondiale, durant laquelle les soldats réunionnais payent un lourd tribu (environ 3000 tués), suivie en 1919 par une épidémie de grippe espagnole qui fera jusqu’à 20.000 morts selon les chiffres, pour une population estimée alors à 175.000 personnes. Après l’épreuve de la Seconde guerre mondiale, où l’île est placée jusqu’en novembre 1942 sous l’administration de Vichy, La Réunion accède au statut de département d’Outre-mer en mars 1946.
En 2019, l’économie réunionnaise a connu une embellie, marquée par une bonne année dans le secteur agricole, l’industrie agroalimentaire et manufacturière, et les activités financières. Cette dynamique a notamment bénéficié au commerce et aux services qui ont tiré profit d’une consommation soutenue. Au niveau de l’emploi, le taux de chômage a baissé de trois points par rapport à 2018 pour s’établir à 21%, selon l’Insee. Concernant le tourisme, la fréquentation hôtelière a connu une légère hausse de 0,7% avec plus de 1,2 million de nuitées en 2019, après un recul de 1% en 2018. Par ailleurs, le nombre de croisiéristes a fait un bond de 44,8% avec plus de 60.000 passagers et 36 bateaux de croisière venant visiter l’île.
Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, l’activité économique de La Réunion a toutefois enregistré une baisse d’activité de 28% durant le premier trimestre 2020, selon le Cerom (Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer). Cependant cette diminution a été inférieure à celle relevée au plan national (-33%), à cause du poids plus important du secteur public dans l’économie. La contraction de l’activité concerne surtout les secteurs de la construction, du commerce et du tourisme. D’après le Cerom, l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire ont été moins affectées, notamment par la mise en place de circuits courts de distribution dans le domaine agricole, et le maintien du rythme de production dans l’agroalimentaire pour répondre à la demande durant le confinement.
La Réunion fait partie des régions ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne, ce qui lui permet de bénéficier de fonds structurels de l’UE. En outre, la position géographique de l’île autorise la France à faire partie de la Commission de l’océan Indien (COI), qui rassemble également l’Union des Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles.
Une des préoccupations sociétales des Réunionnais tourne fréquemment autour du "risque requin", qui défraie régulièrement la chronique. Des surfeurs ou des baigneurs imprudents sont parfois attaqués par les squales. En 2019, deux personnes ont été tuées par des requins. Depuis mars 2018, le Centre Sécurité Requin a mis en place un programme de pêche de prévention qui a permis de prélever 155 squales. Les risques sont particulièrement importants aux mois d’avril et de mai, période d’intersaison avec un refroidissement de l’eau et l’arrivée des grosses houles.
Au début des années 2000, des souvenirs douloureux, jusque-là occultés par la mémoire collective et l’Etat, viennent tarauder la conscience des Réunionnais et de la France hexagonale. C’est "l’affaire des Réunionnais de la Creuse", exposée au grand jour avec la publication en 2001 du livre de Jean-Jacques Martial, "Une enfance volée", dans lequel il raconte son parcours traumatique de jeune garçon arraché à son île. Comme lui, de 1963 à 1982, plus de 2150 enfants réunionnais ont été déplacés de leur île natale pour repeupler et travailler dans des zones rurales de l’Hexagone, bien souvent dans des conditions sordides. En 2002, Jean-Jacques Martial attaque l'Etat pour « enlèvement, séquestration de mineur, rafle et déportation » devant le tribunal administratif de Montpellier. D’autres plaintes suivront les années suivantes. Finalement, en février 2014, l'Etat reconnaît sa responsabilité morale concernant les enfants réunionnais de la Creuse, sans s’engager cependant dans un processus de réparation. Par ailleurs, au moment de la rédaction de cet article (mai 2020), aucune procédure judiciaire lancée par les victimes du système n’avait encore abouti.
♦ Décryptage : Réunionnais de la Creuse, une enfance brisée (par Cécile Baquey)
Dans le domaine musical, le séga et le maloya constituent le socle du patrimoine de La Réunion. Le premier est une sorte de déclinaison créole du quadrille, et le second est issu des danses rituelles des esclaves de l’île, qui se déroulaient clandestinement durant la nuit. Le maloya porte en outre une mémoire collective et des revendications liées à la contestation du pouvoir colonial, incarnées notamment par des musiciens comme Danyèl Waro et le groupe Ziskakan. Comme autres artistes et formations emblématiques, on citera Alain Péters, Baster, Ousanousava, Lo Rwa Kaf, etc. La liste n’est pas exhaustive ! On notera également le développement de plus en plus important des cultures musicales urbaines avec du rap, du dance-hall, du hip-hop et du reggae, qui s’illustrent dans des festivals comme le Sakifo Musik Festival.
Sur le plan littéraire La Réunion offre un paysage varié avec de nombreux auteurs, plusieurs maisons d’éditions et d’importantes librairies. Dans le spectacle, l’enfant du pays Manu Payet, comédien et humoriste, s’est taillé une place de choix dans l’Hexagone. La danse et le théâtre locaux sont dynamiques et régulièrement présents dans des festivals internationaux, comme à Avignon (festival Off). La création cinématographique n’est pas en reste, en particulier dans les domaines du court-métrage et de l’animation, et l’île compte une vingtaine de salles.
♦ Reportage : Danyèl Waro au festival "Aaah, les Déferlantes" à Porte-lès-Valence (par Thomas-Diego Badia)
Côté sport, La Réunion peut s’enorgueillir d’avoir produit plusieurs champions du monde. En karaté, Lucie Ignace, double championne du monde ; en handball en équipe de France, Daniel Narcisse en 2001 et 2009 (champion du monde, et Olympique en 2008 et 2012) ainsi que Jackson Richardson en 1995 et 2001 ; Cannelle Bulard et Jérémy Florès, champions du monde de surf ; Thierry Lincou, champion du monde de squash en 2004… Parallèlement, en football, l’attaquant international Dimitri Payet s’est distingué en équipe de France (finaliste de l'Euro 2016), et continue de s’illustrer à l’Olympique de Marseille. Par ailleurs, La Réunion est internationalement reconnue pour ses épreuves de course à pied en montagne : les "ultra-trails", comme le Grand raid et la Diagonale des fous, attirent chaque année des milliers de personnes.
Statut : département et région d’Outre-mer (DROM)
Zone : Océan Indien, archipel des Mascareignes
A l’est, l’île Maurice (à 200 km)
Au l’ouest, Madagascar
Paris se trouve à environ 9200 km
La Réunion fait partie des régions ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne
Langues : français et créole
Population
L’Insee estimait la population de La Réunion à un peu plus de 862.000 habitants en janvier 2018, soit 1,3% de la population française dans son ensemble. Après une forte natalité dans les années 80 et 90, la croissance démographique a baissé, associée à un solde migratoire négatif. Selon les projections de l’Insee toutefois, la barre de 1 million d’habitants devrait être franchie dans une vingtaine d’années, accompagné d’un vieillissement important de la population. En attendant, l’île est l’une des régions les plus jeunes de la nation. Les moins de vingt ans comptent pour plus de 30% des habitants, contre 24% pour la France dans son ensemble. Le taux de natalité local diminue progressivement, mais reste supérieur au taux national (15,9% contre 11,2‰ en 2017). Les Réunionnaises ont encore plus d’enfants que les métropolitaines (2,48 enfants par femme contre 1,85).La Réunion est la troisième région la plus densément peuplée de France avec 374 habitants au km2, derrière l’Île-de-France (1017 habitants au km2) et Mayotte (723 habitants au km2). La moitié environ de la population de l’île se concentre sur les zones littorales, en raison de son relief montagneux.
Histoire en bref
Selon les historiens, l’île a été vraisemblablement découverte au XVe siècle par les navigateurs des routes commerciales de l’océan Indien, qui s’y arrêtent pour s’approvisionner en eau douce. Jusque-là inhabitée, les Français s’y installent vers 1640 et la baptisent île Bourbon. La colonisation proprement dite commence en 1665, gérée par la Compagnie des Indes orientales, à qui le roi de France a concédé l’île. Au début du XVIIIe siècle, l’économie entame son essor grâce au développement des cultures intensives et des exportations de café. Celles-ci ne sont possibles que par l’instauration d’un système esclavagiste, basé principalement sur des populations arrachées à l’Afrique de l’est et à Madagascar.En 1764, la Compagnie des Indes orientales fait faillite, et le roi de France rachète l’île Bourbon. S’ensuit alors un renouveau économique, toujours entraîné par la culture du café mais connaissant une diversification avec l’exportation d’épices comme la muscade, le poivre et la cannelle. En mars 1793, pendant la révolution française, le territoire est rebaptisé île de La Réunion, en hommage à la réunion des fédérés marseillais et des gardes nationaux parisiens durant les événements, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbon. En février 1794, l’abolition de l’esclavage décrétée par la Convention est rejetée par les colons de l’île. S’ensuit une période où le pouvoir de la métropole n’a plus aucune autorité sur sa colonie. La Réunion passera même sous domination britannique en 1810, avant d’être rendue aux Français en 1814.
Au tournant du XIXe siècle, la monoculture intensive du café baisse fortement, en raison notamment de catastrophes climatiques. Elle est rapidement remplacée par celle de la canne à sucre dont la demande explose, avec la perte par la France de Saint-Domingue, devenue Haïti et indépendante. Le 20 décembre 1848, l’abolition de l’esclavage est officiellement proclamée à La Réunion. L’île compte alors un peu plus de 100.000 habitants dont 60.000 nouveaux affranchis. Pour pallier à la perte de main d’œuvre, la colonie met en place le système de l’"engagisme" sous contrat, et procède au recrutement de 100.000 travailleurs, en majorité d’origines indienne et chinoise. On comptera également parmi eux des Africains et des Malgaches. Ces "engagés" seront exploités dans des conditions de travail forcé, finalement pas très éloignées de l’esclavage.
♦ Archives d'Outre-mer : la "Fet Kaf", célébration de l'abolition de l'esclavage à La Réunion
Au début du XXe siècle, l’économie de La Réunion va progressivement décliner, au rythme de l’effondrement des cours du sucre. Puis vient la Première guerre mondiale, durant laquelle les soldats réunionnais payent un lourd tribu (environ 3000 tués), suivie en 1919 par une épidémie de grippe espagnole qui fera jusqu’à 20.000 morts selon les chiffres, pour une population estimée alors à 175.000 personnes. Après l’épreuve de la Seconde guerre mondiale, où l’île est placée jusqu’en novembre 1942 sous l’administration de Vichy, La Réunion accède au statut de département d’Outre-mer en mars 1946.
Géographie
Ile volcanique au climat tropical, la Réunion s’étend sur une superficie de 2512 km2. Le Piton des neiges, plus haut sommet de l’océan Indien avec 3070 mètres, domine le territoire, pour la plupart accidenté et montagneux. A l’est de l’île existe un volcan encore actif, le Piton de la fournaise (2631 m), vieux de 500.000 ans, dûment observé par les scientifiques et de nombreux visiteurs. De fait, la partie émergée de La Réunion ne représente qu’environ 3 % de la montagne sous-marine qui la forme. Les diverses coulées basaltiques et l’érosion de la roche volcanique ont constitué au fil du temps trois cirques naturels, d’une beauté saisissante : Cilaos, Salazie et Mafate, qui ont notamment contribué à l’inscription du territoire en 2010 sur la liste des biens naturels inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, sous l’appellation « pitons, cirques et remparts ».Economie
La Réunion repose sur une économie basée sur le secteur tertiaire, c’est-à-dire sur les services, qui représentent au total 87% de la valeur ajoutée (source : Institut d’émission des départements d’Outre-mer, rapport 2018). Il s’agit de services marchands (transports, services aux entreprises, services aux particuliers et services financiers), de services administrés (administration publique et éducation, santé et action sociale) et du commerce. Le poids de l’industrie et de l’énergie est deux fois moins élevé qu’en France hexagonale, où il se situe à 14% environ. Par contre, les secteurs de l’agriculture et de la construction sont proches des niveaux métropolitains, à respectivement 1,4 et 5,5% selon les derniers chiffres disponibles.En 2019, l’économie réunionnaise a connu une embellie, marquée par une bonne année dans le secteur agricole, l’industrie agroalimentaire et manufacturière, et les activités financières. Cette dynamique a notamment bénéficié au commerce et aux services qui ont tiré profit d’une consommation soutenue. Au niveau de l’emploi, le taux de chômage a baissé de trois points par rapport à 2018 pour s’établir à 21%, selon l’Insee. Concernant le tourisme, la fréquentation hôtelière a connu une légère hausse de 0,7% avec plus de 1,2 million de nuitées en 2019, après un recul de 1% en 2018. Par ailleurs, le nombre de croisiéristes a fait un bond de 44,8% avec plus de 60.000 passagers et 36 bateaux de croisière venant visiter l’île.
Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, l’activité économique de La Réunion a toutefois enregistré une baisse d’activité de 28% durant le premier trimestre 2020, selon le Cerom (Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer). Cependant cette diminution a été inférieure à celle relevée au plan national (-33%), à cause du poids plus important du secteur public dans l’économie. La contraction de l’activité concerne surtout les secteurs de la construction, du commerce et du tourisme. D’après le Cerom, l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire ont été moins affectées, notamment par la mise en place de circuits courts de distribution dans le domaine agricole, et le maintien du rythme de production dans l’agroalimentaire pour répondre à la demande durant le confinement.
Politique et cadre institutionnel
La Réunion est un département et une région d’Outre-mer (DROM) constitué d’un Conseil départemental de 50 élus et d’un Conseil régional de 45 élus. Comme les collectivités de l’Hexagone, la collectivité de la Réunion a bénéficié du transfert de nouvelles compétences et de moyens de l’État depuis janvier 2005. Les collectivités interviennent depuis lors dans les domaines suivants : développement économique, voirie, solidarité, santé, logement social, éducation et culture. Le territoire est représenté au Parlement par sept députés et quatre sénateurs. Le Parlement européen compte en outre deux députés réunionnais.La Réunion fait partie des régions ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne, ce qui lui permet de bénéficier de fonds structurels de l’UE. En outre, la position géographique de l’île autorise la France à faire partie de la Commission de l’océan Indien (COI), qui rassemble également l’Union des Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles.
Société
Contrairement aux autres régions d’Outre-mer, le mouvement social des Gilets jaunes, né dans l’Hexagone en novembre 2018, s’est rapidement greffé à La Réunion, reprenant globalement les mêmes revendications sur le pouvoir d’achat, la santé, l’éducation, l’écologie etc. Sur l’île, il a entraîné durant une quinzaine de jours la paralysie presque totale des activités économiques, suscitant des craintes pour le climat des affaires. Cependant la conjoncture n’a pas pour autant été affectée, l’économie connaissant même un redressement en 2019 (voir plus haut).Une des préoccupations sociétales des Réunionnais tourne fréquemment autour du "risque requin", qui défraie régulièrement la chronique. Des surfeurs ou des baigneurs imprudents sont parfois attaqués par les squales. En 2019, deux personnes ont été tuées par des requins. Depuis mars 2018, le Centre Sécurité Requin a mis en place un programme de pêche de prévention qui a permis de prélever 155 squales. Les risques sont particulièrement importants aux mois d’avril et de mai, période d’intersaison avec un refroidissement de l’eau et l’arrivée des grosses houles.
Au début des années 2000, des souvenirs douloureux, jusque-là occultés par la mémoire collective et l’Etat, viennent tarauder la conscience des Réunionnais et de la France hexagonale. C’est "l’affaire des Réunionnais de la Creuse", exposée au grand jour avec la publication en 2001 du livre de Jean-Jacques Martial, "Une enfance volée", dans lequel il raconte son parcours traumatique de jeune garçon arraché à son île. Comme lui, de 1963 à 1982, plus de 2150 enfants réunionnais ont été déplacés de leur île natale pour repeupler et travailler dans des zones rurales de l’Hexagone, bien souvent dans des conditions sordides. En 2002, Jean-Jacques Martial attaque l'Etat pour « enlèvement, séquestration de mineur, rafle et déportation » devant le tribunal administratif de Montpellier. D’autres plaintes suivront les années suivantes. Finalement, en février 2014, l'Etat reconnaît sa responsabilité morale concernant les enfants réunionnais de la Creuse, sans s’engager cependant dans un processus de réparation. Par ailleurs, au moment de la rédaction de cet article (mai 2020), aucune procédure judiciaire lancée par les victimes du système n’avait encore abouti.
♦ Décryptage : Réunionnais de la Creuse, une enfance brisée (par Cécile Baquey)
Culture et sport
La Réunion représente un maelström de diverses cultures qui donnent à l’île sa particularité dans le paysage des Outre-mer français. Des influences multiples s’y font sentir : africaine, indienne, européenne, chinoise, malgache… Cela se traduit dans tous les domaines de la vie quotidienne, sur les plans culinaire, architectural, musical, religieux etc. Cette diversité a permis d’engendrer une importante dynamique culturelle.Dans le domaine musical, le séga et le maloya constituent le socle du patrimoine de La Réunion. Le premier est une sorte de déclinaison créole du quadrille, et le second est issu des danses rituelles des esclaves de l’île, qui se déroulaient clandestinement durant la nuit. Le maloya porte en outre une mémoire collective et des revendications liées à la contestation du pouvoir colonial, incarnées notamment par des musiciens comme Danyèl Waro et le groupe Ziskakan. Comme autres artistes et formations emblématiques, on citera Alain Péters, Baster, Ousanousava, Lo Rwa Kaf, etc. La liste n’est pas exhaustive ! On notera également le développement de plus en plus important des cultures musicales urbaines avec du rap, du dance-hall, du hip-hop et du reggae, qui s’illustrent dans des festivals comme le Sakifo Musik Festival.
Sur le plan littéraire La Réunion offre un paysage varié avec de nombreux auteurs, plusieurs maisons d’éditions et d’importantes librairies. Dans le spectacle, l’enfant du pays Manu Payet, comédien et humoriste, s’est taillé une place de choix dans l’Hexagone. La danse et le théâtre locaux sont dynamiques et régulièrement présents dans des festivals internationaux, comme à Avignon (festival Off). La création cinématographique n’est pas en reste, en particulier dans les domaines du court-métrage et de l’animation, et l’île compte une vingtaine de salles.
♦ Reportage : Danyèl Waro au festival "Aaah, les Déferlantes" à Porte-lès-Valence (par Thomas-Diego Badia)
Côté sport, La Réunion peut s’enorgueillir d’avoir produit plusieurs champions du monde. En karaté, Lucie Ignace, double championne du monde ; en handball en équipe de France, Daniel Narcisse en 2001 et 2009 (champion du monde, et Olympique en 2008 et 2012) ainsi que Jackson Richardson en 1995 et 2001 ; Cannelle Bulard et Jérémy Florès, champions du monde de surf ; Thierry Lincou, champion du monde de squash en 2004… Parallèlement, en football, l’attaquant international Dimitri Payet s’est distingué en équipe de France (finaliste de l'Euro 2016), et continue de s’illustrer à l’Olympique de Marseille. Par ailleurs, La Réunion est internationalement reconnue pour ses épreuves de course à pied en montagne : les "ultra-trails", comme le Grand raid et la Diagonale des fous, attirent chaque année des milliers de personnes.