Le pass vaccinal ne devrait pas entrer en vigueur le 15 janvier dans les départements d'Outre-mer français. Le ministre de la Santé Olivier Véran, auditionné par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, a avancé mercredi que le gouvernement allait soutenir l'amendement de la députée guadeloupéenne Justine Bénin demandant le report de l'application de ce nouveau dispositif, qui viendra remplacer le pass sanitaire, dans les territoires ultramarins français.
En Outre-mer, le gouvernement sera favorable à un amendement (...) [afin d']éviter un effet couperet au 15 janvier dans certains territoires ultramarins, qui fera place à la négociation et la discussion avec les acteurs locaux.
"On ne veut pas ré-enflammer un conflit social" dans les Antilles, a justifié le ministre, alors que l'obligation vaccinale des soignants et l'instauration du pass sanitaire a déclenché un conflit social majeur en Guadeloupe et en Martinique.
Un retard considérable de la campagne vaccinale
Préoccupé par l'avancée fulgurante du variant Omicron, et alors que la France a dépassé les 200 000 cas de Covid-19 ces dernières 24 heures, l'exécutif a opté pour la transformation du pass sanitaire en un pass vaccinal : seul un schéma vaccinal complet permettra d'accéder aux restaurants, cinémas, transports en commun et autres lieux recevant du public. Une preuve de test négatif ou de rétablissement de la maladie ne suffiront plus dès le 15 janvier à l'échelle nationale.
Or, si plus des trois quarts des Français sont complètement vaccinés, la situation est différente dans les départements d'Outre-mer. En Guadeloupe et en Martinique, 34 % et 35 % de la population a reçu deux doses de vaccin. En Guyane, c'est encore moins : 24 % seulement de la population est vaccinée.
C'est pourquoi la députée de la Guadeloupe Justine Bénin a déposé un amendement au projet de loi renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire qui devrait être adopté par le Parlement dans les prochains jours, rappelant que :
Face à la progression lente du taux de vaccination de la population, un renforcement des moyens de sensibilisation, qu’il faut poursuivre, a été mis en place (...) Cependant, l’application immédiate du pass vaccinal, au 15 janvier, pour l’accès à certains établissements recevant du public notamment, pourrait conduire à d’importantes difficultés dont il faut pouvoir tenir compte.
L'amendement prévoit donc de donner la possibilité au représentant de l'État dans les territoires d'Outre-mer "d'adapter les conditions de mise en œuvre des règles fixées au niveau national lorsque les circonstances locales l’exigent". Un report de la mise en place du pass vaccinal est de ce fait envisagé. Il reviendra alors au préfet de chaque territoire de consulter l'Agence régionale de santé (ARS) et les élus locaux afin de trouver un accord sur une date d'entrée en vigueur. Et d'éviter ainsi, conformément au souhait de l'exécutif, un nouvel embrasement dans les Antilles.
L'amendement de Justine Bénin devrait être adopté par les députés lors de l'examen du projet de loi, qui aura lieu ces prochains jours au Parlement.