Outre-mer La 1ère : Quel plaisir ressent-on au moment de recevoir cette distinction ?
Patrick Chamoiseau : Il y a un véritable plaisir qui est lié au fait qu’une reconnaissance pour nos pays est toujours utile. C’est rare que l’Occident conçoive qu’il puisse exister dans les pays d’Outre-mer une pensée, une conception du monde, une fomentation artistique et culturelle. Et l’université de Parme a une très vieille tradition d’accompagnement de la langue française. Elle s’est ainsi intéressée au phénomène composite qui a constitué les Antilles et les Amériques. Et la littérature de Glissant a été très rapidement identifiée comme étant importante pour la compréhension du monde contemporain….
Ce qui s’est produit dans nos pays avec la traite, la colonisation, la plantation a été l’émergence d’une situation anthropologique inédite. Nous sommes des peuples composites qui proviennent du phénomène de la créolisation qui s’est répandu dans la totalité du monde, globalisé par le capitalisme économique. Pour comprendre les phénomènes anthropologiques, culturels et individuels du monde contemporain, la pensée de Glissant est déterminante. Et cette université s’intéresse à nos littératures, des littératures de clarification identitaire du phénomène de la relation. Cette littérature leur parait d’une grande modernité.
Outre-mer La 1ère : Comment Elena Pissini, professeure de langues et traductrice d’Edouard Glissant et de vous-même, en est-elle venue à proposer votre nom pour cette distinction ?
Patrick Chamoiseau : Elena s’intéresse d’abord aux Antilles, au phénomène des rencontres culturelles et de civilisation. Elle rencontre assez vite la pensée d’Edouard Glissant, qui est venu à Parme, il y a quelques années, pour donner une conférence car son travail permet de comprendre le monde et l’Italie contemporaine. Il faut que les Antillais comprennent bien que notre situation identitaire, culturelle, économique est d’une modernité incroyable. Ce que nous vivons reflète et annonce ce qui va se produire dans le monde dans les années qui viennent.
Retrouvez le reportage de Louis Otvas et Denis Rousseau-Kaplan.