Un mois après le début du conflit social à Mayotte et l'installation de barrages routiers les conséquences sur l'approvisionnement en produits de première nécessité et nourriture se font sentir. A l'hôpital, les médicaments manquent et les évacuations sanitaires sont très compliquées.
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Un hôpital en situation "critique", des stations essence vides ou fermées, des pénuries de produits dans quelques magasins, un port entièrement bloqué: Mayotte subit de plein fouet les conséquences des barrages qui paralysent l'île depuis plus de trois semaines.
"La situation est critique sur l'approvisionnement de certains médicaments, car même si on a de gros stocks de par notre insularité, le stock principal est au port de Longoni", le seul de l'île, bloqué par les manifestants depuis dix jours, a-t-il précisé. L'hôpital connaît aussi des difficultés d'approvisionnement en linge, tenues du personnel, draps, couche-culotte pour bébé, mais aussi en "oxygène", explique-t-il.
Malgré des instructions du collectif pour laisser passer les véhicules sanitaires, il a constaté que le Samu est bloqué sur les points chauds depuis "plusieurs jours", et sur certains barrages, les manifestants "vérifient la nationalité des personnes dans l'ambulance, et nos équipages sont pris à partie" quand il s'agit de patients comoriens, a-t-il déploré.
Conséquences beaucoup plus tragiques, l'hôpital fait part de deux décès d'enfants "liés de près ou de loin à la situation de blocage", selon M. Durasnel. "Un enfant que les parents n'ont pas réussi à amener au dispensaire est décédé à son domicile" et "un autre est décédé chez lui également, au moment où les parents nous ont appelés, mais on n'aurait même pas pu aller le chercher".
Et les difficultés vont se renforcer dès que les barrages seront levés. "On s'attend à être débordé, le drame médical risque d'être à ce moment-là, avec un afflux massif de personnes, alors que l'hôpital est déjà saturé", explique M. Durasnel. L'hôpital a déjà demandé le soutien de la réserve sanitaire.
Résultat: les files d'attente ne bougent pas. Les voitures sont vidées de leur conducteur, installés à l'ombre un peu plus loin, préférant rester là dans l'attente d'une hypothétique réouverture. Les poubelles continuent aussi de s'entasser dans plusieurs quartiers, dégageant une odeur pestilentielle, même si le ramassage d'ordures a pu être effectué par endroit.
Dans d'autres magasins de la Grande terre cependant, les rayons étaient encore garnis, même si quelques produits se raréfient. Les deux grands groupes de distribution dans l'ile estiment avoir "moins d'une semaine de stocks".
Mais pour Jacques-Martial Henry, responsable de la communication du port de Longoni, la pénurie n'est pas loin. "Plus rien ne rentre ni ne sort. Le port est saturé car les conteneurs sont déchargés mais ne peuvent pas être livrés. On manque déjà de médicaments, d'alimentation en produits frais ou de bouteilles de gaz, beaucoup de gens n'en ont plus"."A Mayotte, on dépend à 95% de l'importation, et tout passe par le port. Les importations par voie aériennes ne représentent qu'1% du trafic", dit-il.
Risques de pénuries à l'hôpital
L'hôpital de Mamoudzou, le seul de l'île, "est déjà en rupture de stocks sur certains antibiotiques", explique le docteur Philippe Durasnel, vice-président de la commission médicale d'établissement."La situation est critique sur l'approvisionnement de certains médicaments, car même si on a de gros stocks de par notre insularité, le stock principal est au port de Longoni", le seul de l'île, bloqué par les manifestants depuis dix jours, a-t-il précisé. L'hôpital connaît aussi des difficultés d'approvisionnement en linge, tenues du personnel, draps, couche-culotte pour bébé, mais aussi en "oxygène", explique-t-il.
Des évacuations sanitaires rendues impossibles
Les barrages entrainent également de "grandes difficultés pour les évacuations sanitaires", au nombre d'un millier par an. "On est dans l'impossibilité de les faire depuis plusieurs jours, à cause de la difficulté à faire passer les barrages aux patients", dit-il.Malgré des instructions du collectif pour laisser passer les véhicules sanitaires, il a constaté que le Samu est bloqué sur les points chauds depuis "plusieurs jours", et sur certains barrages, les manifestants "vérifient la nationalité des personnes dans l'ambulance, et nos équipages sont pris à partie" quand il s'agit de patients comoriens, a-t-il déploré.
Conséquences beaucoup plus tragiques, l'hôpital fait part de deux décès d'enfants "liés de près ou de loin à la situation de blocage", selon M. Durasnel. "Un enfant que les parents n'ont pas réussi à amener au dispensaire est décédé à son domicile" et "un autre est décédé chez lui également, au moment où les parents nous ont appelés, mais on n'aurait même pas pu aller le chercher".
Difficulté des soignants à rejoindre leurs postes
Catherine Barbezieux, la directrice de l'hôpital souligne également la difficultés du personnel pour se rendre au travail. Environ 200 des quelque 980 agents qui travaillent chaque jour en moyenne, ne peuvent rejoindre leur poste. "Ils marchent parfois plusieurs heures pour venir". L'hôpital a mis en place des navettes maritimes pour certains, a demandé à d'autres de se rendre sur un poste plus près de leur domicile et a mis des logements à disposition pour ceux qui ne peuvent plus rentrer chez eux.Et les difficultés vont se renforcer dès que les barrages seront levés. "On s'attend à être débordé, le drame médical risque d'être à ce moment-là, avec un afflux massif de personnes, alors que l'hôpital est déjà saturé", explique M. Durasnel. L'hôpital a déjà demandé le soutien de la réserve sanitaire.
Des stations services vides
Dans les stations-services, les files d'attente de voitures témoignent de la course effrénée de chacun pour trouver de l'essence, depuis que la station Total qui ravitaille l'île est bloquée au port de Longoni. Mais la plupart des stations sont vides, fermées ou réquisitionnées pour les forces de l'ordre et les services de secours.Résultat: les files d'attente ne bougent pas. Les voitures sont vidées de leur conducteur, installés à l'ombre un peu plus loin, préférant rester là dans l'attente d'une hypothétique réouverture. Les poubelles continuent aussi de s'entasser dans plusieurs quartiers, dégageant une odeur pestilentielle, même si le ramassage d'ordures a pu être effectué par endroit.
Les produits alimentaires commencent à manquer
Des habitants commencent à constater des pénuries de produits alimentaires, notamment en Petite Terre, où, dans un centre commercial, des rayons entiers étaient vides.Dans d'autres magasins de la Grande terre cependant, les rayons étaient encore garnis, même si quelques produits se raréfient. Les deux grands groupes de distribution dans l'ile estiment avoir "moins d'une semaine de stocks".
Mais pour Jacques-Martial Henry, responsable de la communication du port de Longoni, la pénurie n'est pas loin. "Plus rien ne rentre ni ne sort. Le port est saturé car les conteneurs sont déchargés mais ne peuvent pas être livrés. On manque déjà de médicaments, d'alimentation en produits frais ou de bouteilles de gaz, beaucoup de gens n'en ont plus"."A Mayotte, on dépend à 95% de l'importation, et tout passe par le port. Les importations par voie aériennes ne représentent qu'1% du trafic", dit-il.