"Peyi an nou", un roman graphique sur le Bumidom

Dans "Peyi an nou", Jessica Oublié, née de parents guadeloupéen et martiniquais, part sur les traces de son histoire personnelle pour raconter la grande Histoire. La BD est une enquête sur le fonctionnement et les conséquences du Bumidom.
"Peyi an nou" est une BD sur le Bumidom. Un acronyme de 7 lettres pour désigner le "Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre mer", autrement dit : l’agence d’Etat qui organisa à partir des années 60 la migration de milliers de Domiens vers la métropole.

Une enquête pour comprendre un héritage

A l'époque, la France est en plein boom économique et elle a besoin de main d’œuvre. Or dans les Départements d'Outre-mer, le taux de natalité est élevé et la situation explosive... L’équation est donc toute trouvée.

Cette BD est une enquête pour comprendre le fonctionnement et les répercussions de cette politique mise au point en 1963. Un héritage parfois lourd à porter pour ceux qui l’ont vécu : "les médias et les mouvements indépendantistes avaient dépeint la situation des migrants du Bumidom comme étant catastrophique", nous explique Jessica Oublié, l'une des auteures de la BD. Elle signe à 34 ans son premier roman graphique.


Le récit d'une histoire familiale

Tout commence par un déclic familial : Jessica Oublié, alors consultante, apprend que son grand-père est gravement malade. Il vit en Guadeloupe et elle ne l’a pas vu depuis trois ans. 

"Pour moi, il est devenu urgent de mettre des mots sur son histoire, sur l’histoire de ma grand-mère et donc du coup, sur l’histoire de ma mère et par conséquent sur la mienne."


C’est le début de l’aventure Peyi an nou. Une enquête menée à quatre mains : Jessica au récit, Marie-Ange Rousseau au dessin.

Un travail d’investigation dont le point de départ est le récit d'une histoire familiale et qui va mener les deux jeunes femmes jusqu’aux archives nationales. Là-bas, les rapports d’activité du Bumidom sont ouverts au public. Sur dérogation, elles ont aussi pu avoir accès à des correspondances privées : des sources qui décrivent la colère et le déracinement des migrants antillais, guyanais et réunionnais.


"Ce sont des anonymes qu’on arrive à réinsérer dans une vie (…) des gens auxquels on redonne un nom et donc une forme d’existence (...). Le plus touchant, c’est de pouvoir redonner de la voix à des gens qui ont longtemps vécu dans le silence."
(Jessica Oublié)


En vingt ans d’existence, le Bumidom aura organisé l’émigration de 160 000 personnes originaires de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion.

Voici les douze premières planches de Peyi an nou (aux éditions Steinkis) :

Le Bumidom comme source d’inspiration

Cette politique migratoire a aussi inspiré le cinéma et la fiction française. Elle est au cœur du Gang des Antillais, le film de Jean-Claude Barny, sorti en 2016 sur les écrans : elle est même à l’origine de la frustration de ses personnages.

Le Bumidom sert aussi de toile de fond au Rêve français, un téléfilm en deux parties prochainement diffusé sur France 2. Une fiction récompensée au festival de la Rochelle de 2017 : le comédien Yann Gael y a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine.

Bonus >> regardez le reportage de France Ô :
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