PODCAST. Archipels du crime : l'affaire Roukia, le cold case de Mayotte

Écoutez l'affaire Roukia, le cold case de Mayotte, le nouvel épisode du podcast "Archipels du crime"
Le 15 janvier 2011, le corps d'une jeune femme en partie dénudée est découvert, sous un carton, près d'une plage de Mayotte. C'est celui de Roukia, une lycéenne de 19 ans. Voilà comment démarre l'affaire judiciaire la plus marquante de ces vingt dernières années dans ce territoire français.

En 2011, à Mayotte, les morts violentes sont rarissimes. Le tribunal de grande instance vient juste d’être créé. Le premier juge d'instruction de l'île, Hakim Karki, ancien juge d'instance, a été rapidement formé à Bordeaux avant sa prise de poste fin 2010 à Mamoudzou. Il n'y a pas encore de médecin légiste sur l'île aux parfums.

Le Groupement d'intervention régional (GIR), une unité de policiers et gendarmes chargée de lutter contre l'immigration clandestine et le trafic de drogue, est installé par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, sur le territoire en 2008. La drogue à l'époque à Mayotte, c'est surtout le "bangué", nom attribué au cannabis local. Les drogues dures, comme la cocaïne, ou l'héroïne sont quasi inexistantes.

Roukia, un destin tragique

La victime est jeune. Elle est née en juillet 1992 à Fomboni, la capitale de l'île de Mohéli dans l'archipel des Comores. Arrivée toute petite à Mayotte, Roukia Soundi poursuit sa scolarité dans un grand lycée de Mamoudzou. Elle est connue de la justice des mineurs pour des petits délits, mais aussi en tant que victime. Elle a porté plainte pour viol et agression en 2008. En échange de cadeaux, la belle jeune fille se prostitue parfois. Une vie déjà difficile se devine.

Son cadavre est découvert plusieurs jours après sa mort. Plusieurs hématomes sont relevés sur la tête. Son identification prend quelques jours. L'autopsie se déroule plus d'une semaine après la découverte du corps. La cause de la mort est imputée à des coups violents. 

Un scandale judiciaire aux multiples rebondissements  

Dès le départ, les enquêteurs cherchent le petit ami de Roukia. Mathias Belmer, un coiffeur de 39 ans, avoue au bout de deux gardes à vue, avoir partagé de la cocaïne avec sa "petite". Le lendemain matin à son réveil, il l'a retrouvée morte dans son lit. L'analyse des cheveux de la Comorienne met en évidence une forte présence d'héroïne et la mort par overdose est finalement retenue.

Le juge Karki est en charge de ce dossier qui va défrayer la chronique. Il distille polémiques et calomnies pendant trois ans auprès des médias. La recherche de l'origine de la drogue fatale déclenche un imbroglio judiciaire. L'enquête hors normes a entaché par ricochets le GIR. Des fonctionnaires soupçonnés seront relaxés par le tribunal, au terme d'une bataille de plusieurs années, en appel, lors du deuxième procès. En décembre 2022, l'ancien juge d'instruction de l'affaire Roukia, a été condamné 8 ans de prison pour viol. Il a fait appel de cette décision.

"L'affaire Roukia, le cold case de Mayotte", un podcast écrit par Léia Santacroce, raconté par Stana Roumillac
Réalisation Arnaud Forest accompagné de Karen Beun
Production originale Initialstudio avec la participation de France Télévisions
Durée 22 min - 2023