De petit délinquant à ennemi public n°1
Pierre-Just Marny naît le 6 août 1943 dans une famille nombreuse et modeste en Martinique. Après une enfance difficile dans une banlieue populaire de Fort-de-France, le jeune Martiniquais prend part à un trafic de pièces automobiles volées. Il est arrêté en 1963. Lors du procès, Pierre-Just Marny refuse de dénoncer ses complices et assume seul la responsabilité des vols. Il écope de quatre ans de prison dont deux fermes. Il a vingt ans.
En septembre 1965, lors d'une permission, Marny veut régler ses comptes. Il part armé d'un fusil retrouver ses anciens acolytes. Cette virée tourne au drame. Il tire plusieurs fois. La panthère noire tue trois personnes innocentes, dont un jeune enfant, et en blesse au moins cinq autres.
Chasses à l'homme
Pendant six jours, Pierre Just Marny est en cavale. Tous les policiers de l'île sont à ses trousses. La presse locale suit l'affaire de près, sa fuite fait la Une des journaux, dont les ventes explosent. Il est interpellé à la Redoute. Au commissariat, il fait parvenir une lettre aux journalistes, où il explique sa version des faits. Il obtient le soutien de la population pour qui, il incarne le rebelle, un Robin des Bois des temps modernes.
Le 10 octobre 1965, la panthère noire profite d'une promenade pour s'évader de la prison centrale. Une deuxième chasse à l'homme est lancée. Marny défraye à nouveau la chronique. Sa deuxième cavale dure une dizaine de jours. Le fugitif bénéficie de certaines complicités. Lors de son arrestation, les policiers lui ordonnent de se coucher ventre à terre. Il refuse. Les forces de l'ordre tirent. Marny est sérieusement blessé, trois balles lui perforent l'abdomen et les poumons. Trois jours d'émeutes embrasent Fort-de-France. La capitale est paralysée.
La prison à vie
Marny survit à ses blessures. En novembre, il est transféré à Paris. Il est condamné aux Assises à la réclusion à perpétuité en 1969. Jugé dangereux, il purge sa peine dans les quartiers de haute sécurité, en cellule d'isolement. Il est coupé de ses proches qui vivent en Martinique. Pendant 43 ans, il reste incarcéré dans l'Hexagone sans aucune autorisation de sortie. Le 28 mai 2008, il obtient enfin son transfert en Martinique, mais pas de libération conditionnelle. Une permission de six heures lui est accordée, le 14 juin 2010, c'est sa première sortie depuis novembre 1965. Il en profite pour se baigner au Vauclin en famille. Ce sont ses dernières heures de liberté.
"Pierre-Juste Marny, criminel et panthère noire", un podcast écrit par Léia Santacroce, raconté par Stana Roumillac
Réalisation Arnaud Forest accompagné de Karen Beun
Production originale Initialstudio avec la participation de France Télévisions
Durée 22 min - 2022