"Viens voir les comédiens, voir les musiciens […] qui arrivent !" chantait Charles Aznavour… Seulement voilà : les comédiens et autres professionnels du spectacle vivant, originaires des Outre-mer, n’arrivent pas forcément tous jusqu’à nous. Faute de moyens, faute de structures pour les accompagner dans le périple qui consiste à faire voyager leurs œuvres, leurs spectacles.
C’est peu de le dire, ils ont un handicap majeur : celui d’être loin. Loin en tout cas des centres de décision, d’attribution des fonds de soutien à la création mais plus important encore à la diffusion.
C’est indéniable : les artistes made in Outre-mer savent créer - même s’ils leur faudrait davantage de résidences pour ce faire - mais c’est plutôt pour montrer ce qu’ils savent faire en dehors de leurs frontières naturelles que le problème se pose. Le festival Mois Kreyol initié par la chorégraphe Chantal Loïal, a permis une journée entière de réflexion sur cette question. Dans le podcast L’Oreille est hardie, vous entendrez cette dernière faire part de son expérience et de son expertise. Et sur le même sujet, une autre invitée associée à l’initiative de Chantal Loïal : Marie-Pia Bureau de l’ONDA, l’Office national de la diffusion artistique.
L’ONDA, l’Office National de Diffusion Artistique a donc co-organisé cette journée de rencontres pour donner la parole aux artistes en provenance des Outre-mer. La grande salle du Carreau du Temple à Paris était pleine pour accueillir ces artistes. Circassiens, musiciens, comédiens, metteurs en scène, directeurs de compagnies ( parmi eux : le musicien Maher Beauroy, la slameuse Myriam Baldus, le chorégraphe Djodjo Kazadi, le conteur Sergio Grondin, la circassienne Virginie Le Flaouter et d'autres...) officiant à La Réunion, à Mayotte, dans les Antilles ou en Guyane.
Certains ont pour base l’Hexagone, d’autres avaient fait le déplacement vers Paris ; d’autres encore avaient enregistré leur témoignage par vidéos projetées durant la journée. Tous là pour raconter leur soif de montrer leur savoir-faire à des publics variés… et leurs frustrations.
Connaissance des réalités
Les aides à la création existent et sont peu ou prou bien employées, là n’est donc pas la question principale. Et c’est pour ça que l’ONDA existe, subventionnée par le Ministère de la Culture, pour accompagner au mieux les artistes, ceux de toute la France et donc ceux des Outre-mer.
Un travail de longue haleine, fait remarquer la directrice de l’ONDA qui parie avant tout sur ce qu’elle appelle « l’inter-connaissance ». Car sans connaissance de l’autre, de ses conditions de vie et de ses difficultés, point de salut dans la recherche de solutions. Et comme le problème se pose depuis longtemps, il fait croire qu’après toutes ces années, les autorités de tutelle (Outre-mer ou Culture) ne connaissent toujours pas la réalités des artistes ultramarins.
Du concret !
Pourtant les solutions sont simples : les artistes demandent moins de bla-bla sur la richesse qu’apportent les Outre-mer à la France (c’est entendu depuis un bail…) et plus de concret : et Chantal Loïal du haut de ses vingt-sept ans à la tête d’une compagnie de danse, ajoutés à l’expérience du Festival Mois Kreyol, d’égrener les doléances. Plus d’ingénierie, plus de structures de productions et les professionnels qui vont avec pour monter des dossiers et des projets sur un plan administratif et financier pour permettre aux œuvres et spectacles de voyager solidement, dans de meilleures conditions.
Écoutez L’Oreille est hardie...
Et partagez les points de vue de Marie-Pia Bureau, à la tête de cet Office chargé d’accompagner les artistes et de Chantal Loïal, toutes deux formulant le souhait, le vœu pour 2023 et les années suivantes, que la situation change rapidement et que cette journée de travail ne reste pas, comme tant d’autres, lettre morte.
Chantal Loïal et Marie-Pia Bureau à écouter dans L'Oreille est hardie, c'est par ICI !
Ou par là :
Le Festival Mois Kreyol, festival des langues et des cultures créoles, se poursuit jusqu'au 7 février en Martinique, Guadeloupe et Guyane.